Pourquoi il y a-t-il de plus en plus de gens (et surtout des africains), qui deviennent dépressifs, qui craquent ou se réfugient dans toutes sortes d’addiction ? Cela est lié aux sociétés dites modernes dans lesquelles nous évoluons et qui poussent les individus à toujours plus de conformité et de normalité. Qu’est-ce ça veut dire ?
Les sociétés d’aujourd’hui fonctionnent selon la logique comptable (produire, faire plus, coûter moins cher) et le langage de la machine (être plus efficace, être plus performant) et ne cherchent pas à s’intéresser à ce que nous ressentons ou pensons, seulement à ce que nous faisons. Or le sentir, avec le penser, et l’agir, fait partie des 3 dimensions essentielles de l’être humain. C’est là le malaise…
Il faut refuser, du moins s’efforcer de refuser, collectivement et individuellement, qu’autrui nous impose l’instrument de mesure de nos vies et existences.
Parce que pour répondre aux exigences que nous impose l’existence dans ces sociétés, nous sommes poussés à recourir à tout un tas de stratagèmes et de produits, comme l’imposture, apathie, la consommation abusive de telle ou telle substance permettant « de tenir », mais nous pouvons aussi tomber dans l’addiction et la dépression.
Le psychanalyste français Roland Gori rappelle que l’addiction, c’est un client beaucoup trop fidélisé à un produit… Et la dépression, c’est simplement la mise en panne d’un individu qui ne peut plus vivre dans un environnement, parce que cet environnement lui demande de vivre au-dessus de ses moyens. Et il s’effondre par rapport aux exigences de cet environnement normatif.
Bref, comment on en sort ? Il faut refuser, du moins s’efforcer de refuser, collectivement et individuellement, qu’autrui nous impose l’instrument de mesure de nos vies et existences, et cela induit, le second point, celui de libérer la parole. Aujourd’hui, il y a des expressions dangereuses, comme « les photos parlent d’elles-mêmes », ou encore « Les chiffres ont parlé, il n’y a rien à ajouter ». Non, les images, les résultats, les chiffres ne doivent pas nous imposer de nous taire, au contraire, ils doivent être des prétextes à la prise et à l’échange de parole.