La Paix des prédateurs

La Paix des prédateurs

La Paix des prédateurs 1365 1024 #PIEcE

Pourquoi l’accord RDC-Rwanda est une célébration de la soumission. Le décryptage de l’Unité de déconstruction.

Les bouchons de champagne ont sauté dans les chancelleries occidentales. Les diplomates, dans un élan d’autosatisfaction, se félicitent d’une « prouesse diplomatique » et d’un « accord de paix historique » entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, le tout orchestré sous le regard bienveillant de l’Oncle Sam. Les grands titres internationaux psalmodient le retour de la stabilité. La paix, enfin ! Mais de quelle paix parle-t-on au juste ? Il est temps de mettre fin à la grand-messe et de regarder ce qui se cache derrière l’encens diplomatique.

Cet accord n’est pas un acte de paix, c’est un acte de management. Il ne vise pas la justice, mais la tranquillité des marchés. Il ne consacre pas la souveraineté congolaise, mais l’institutionnalisation du racket. En acceptant ce marché de dupes, les dirigeants africains ne font que perpétuer un cycle de dépendance, prouvant que la véritable bataille n’est pas militaire, mais intellectuelle. C’est une « insurrection des consciences » qu’il faut mener pour refuser ces paix empoisonnées.

Car il y a des paix qui sentent le soufre. Des paix qui sont pires qu’une guerre ouverte, car elles sont le sceau de la défaite, le triomphe silencieux de l’agresseur. La paix dont on nous rebat les oreilles aujourd’hui ressemble étrangement à celle-ci : une paix de soumission, un arrangement cosmétique qui ne règle rien sur le fond, mais qui permet aux affaires de reprendre sans être dérangées par le bruit des bombes et les cris des victimes.

Analysons la situation avec la froideur d’un légiste. Depuis des décennies, la guerre de prédation et d’agression menée contre le Congo et les Congolais n’est pas une fatalité tribale, mais une entreprise économique et géopolitique structurée. Un pays, le Rwanda (armé par les USA), agresse son voisin par milices interposées – le M23 n’étant que le dernier avatar – pour piller ses ressources, maintenir une instabilité lucrative et poursuivre un agenda expansionniste. L’autre pays, la RDC, subit, pleure ses millions de morts et voit sa souveraineté bafouée. L’accord, célébré comme une « messe yankee », met ces deux parties sur un pied d’égalité, demandant à la victime de serrer la main de son bourreau, sans que ce dernier n’ait été désigné, condamné, ni même contraint de payer pour ses crimes. C’est un déni de réalité qui confine à l’absurdité.

Cette « paix » n’est pas conçue pour les Congolais. Elle est conçue pour les chaînes d’approvisionnement mondiales. Elle vise à sécuriser le flux de cobalt et de coltan nécessaires aux smartphones et aux voitures électriques, sans les inconvénients d’une mauvaise presse. En demandant à la RDC de négocier avec le Rwanda et ses supplétifs, on ne fait que valider la stratégie du prédateur : l’agression paie. On officialise la transformation du Congo en un État-servant (certaines mauvaises langues diraient en un Etat-solution), un territoire ouvert dont les richesses doivent profiter à tous, sauf à son propre peuple. C’est la consécration de ce que l’analyste politique et philosophe, Jean-Pierre Mbelu appelle, à juste titre, la « fabrication d’un État raté », un État incapable de remplir sa mission première : protéger sa terre et ses citoyens.

Le verdict est sans appel. Cet accord n’est pas un acte de paix, c’est un acte de management. Il ne vise pas la justice, mais la tranquillité des marchés. Il ne consacre pas la souveraineté congolaise, mais l’institutionnalisation du racket. En acceptant ce marché de dupes, les dirigeants africains ne font que perpétuer un cycle de dépendance, prouvant que la véritable bataille n’est pas militaire, mais intellectuelle. C’est une « insurrection des consciences » qu’il faut mener pour refuser ces paix empoisonnées.

Pour les leaders et décideurs qui nous lisent, la leçon est claire. La véritable paix ne se signe pas sous les applaudissements de ceux qui profitent de nos malheurs. Elle se construit sur la base de la justice, de la dignité et d’un rapport de force qui interdit à quiconque de considérer notre terre comme sa « Terre Promise ». Le reste n’est que littérature diplomatique.

#PIEcE

Producteur de solutions

Curateur de contenus

Facilitateur

Des pyramides à bâtir.

« L’invocation par nous du passé seul, du passé simple, ne prouve rien pour le présent et l’avenir, alors que la convocation d’un présent médiocre ou calamiteux comme témoin à charge contre nous, peut mettre en doute notre passé et mettre en cause notre avenir. C’est pourquoi chaque Africaine, chaque Africain doit être, ici et maintenant, une valeur ajoutée. Chaque génération a des pyramides à bâtir. »
– Joseph Ki-Zerbo, extrait de son livre « Paroles d’hier pour aujourd’hui et demain »