Inspiré par les idées et propositions exposées par l’abbé Mbelu, notamment dans son livre, A quand le Congo ?, le Mouvement de Mise à Jour pour la Renaissance de la Nation Kongo (MMJRNK) a organisé, le 6 août 2016 à Lille, une conférence autour de la création d’une nouvelle citoyenneté congolaise et de la refondation de la classe politique congolaise.
L’abbé Jean-Pierre Mbelu, Dieudonné Bovesse (vice-président de l’UNIC), Dr Tshipamba Mpuila et le professeur Makisosila Mawete sont intervenus et ont échangé avec le public.
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Quelques verbatims extraits de la conférence.
Sur l’intervention de l’abbé Jean-Pierre Mbelu
Nous sommes esclaves des hommes charismatiques. C’est très dangereux pour notre pays . Ce qui fait que souvent les campagnes électorales tournent autour des hommes et des femmes et non autour de projets de société.
Les guerres sont dirigées contre les élites intellectuelles. On tue les meilleurs d’entre nous pour que les moins bons, parce qu’ils sont facilement corruptibles, règnent sur nous et entretiennent l’abrutissement de nos enfants. Il y a des millions d’enfants congolais qui ne vont pas à l’école. C’est fait exprès. Quand on veut tuer un peuple, on commence par manger son cœur et son esprit. C’est cela la sorcellerie capitaliste..
Partout où nous sommes, on nous tue. Et pourquoi on nous tue ? Parce que nous sommes porteurs des valeurs de la vie.
On peut maîtriser les langues des autres mais nous devons approfondir nos langues à nous. Parce que c’est la langue qui nous donne notre identité. C’est la langue qui nous fabrique et nous formate.
Sur l’intervention du Dr Tshipamba Mpuila
Il faut toujours qu’un leader puisse avoir comme matrice, épicentre de la diffusion de ses idées et de sa vision une force politique de progrès.
Les partis politiques servent à encadrer politiquement des citoyens, à diffuser une certaine vision, à définir, identifier, recenser des aspirations profondes et légitimes du peuple et à les thématiser sous forme de projet de société. Quel est projet de société que propose tel leader ?
Vous devez être intransigeants, vu l’histoire de notre pays, sur ceux qui pourront se présenter demain à la magistrature suprême du pays, et même à tous les postes.
Sur l’intervention du professeur Makisosila Mawete
Toute élite est politique. Toute la classe politique est une élite. La question est : quand peut-on parler d’une vraie élite et d’une vraie classe politique ?
Il faut avoir une élite avant d’avoir une classe politique. L’inverse n’est pas vrai.
Nous sommes des ntu. Ntu veut dire la tête. Mais ce n’est pas la tête dans son acception biologique, mais la tête dans son acception anthropologique. Pour être élite, il faut d’abord être ntu. Le ntu, c’est celui qui pense vrai, parle vrai, agit vrai mais aussi qui oriente vrai.
Chez nous quand une personne insulte une autre personne, elle dit « niama » (littéralement cela veut dire « animal »). C’est la pire chose que nous pouvons dire à quelqu’un. Le ntu se caractérise par la capacité, non seulement de penser, mais aussi de parler juste et d’agir juste.