Etat raté

Un Etat raté est un Etat qui après avoir été déstructuré, militairement, politiquement, économiquement et socialement, n’arrive pas du tout à répondre aux attentes légitimes de son peuple2. Il se manifeste par son incapacité à protéger son propre peuple contre la violence et par sa capacité à orchestrer la violence contre son propre peuple. Le Congo-Kinshasa est un Etat raté. L’ONU, Kigali & Kinshasa se répartissent les tâches pour travailler main dans la main à l’implosion et la balkanisation du Congo et contribuer à faire du Congo un « Etat raté ».

Nous n’allons pas attendre de ceux qui ont contribué à produire le Congo comme un « Etat raté » qu’ils puissent le transformer en un Etat digne de son nom. Il est important qu’une nouvelle élite se lève pour opérer, petit à petit, une rupture avec le « conglomérat d’aventuriers » participant de la néantisation du Congo comme Etat. Au lieu de parler d’alternance, il est temps de réfléchir à une alternative, à une autre façon de voir les choses, à une autre façon de pratiquer la politique, à une autre approche de l’économie et de la culture.

Au lieu de croire, qu’il y a des institutions d’appui à la démocratie, qui sont, dans les faits, au service du régime, essayons d’aller plus loin dans l’analyse pour nous dire que dans un « Etat raté », les institutions dites d’appui à la démocratie ont une belle forme (on a la CENI, on a ceci et cela), mais le fond est vide. Le régime en place est un régime mortifère, mercenaire. Il ne s’adonne qu’au business.

Au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’année 1999, quand l’ONU est arrivée au Congo, les compatriotes commencent à oublier que le Congo est sous la tutelle de l’ONU. Il faut appeler un chat un chat. Si nous ne voulons pas nous tromper d’analyse sur ce qui se passe au Congo, commençons par réaliser que nous avons affaire à un Etat à la fois failli, raté et manqué.

Ce régime n’a pas de pouvoir, il exerce juste son job de mercenariat et de destructeur du pays. Parmi ses objectifs, il y a l’enrichissement illicite de ses membres, mais aussi l’extermination des congolais, la déstructuration et la déstabilisation du pays. Or certains d’entre nous ont l’impression que ce régime va finir par organiser démocratiquement le pays. Cela ne rentre pas dans ses objectifs ! Un article d’Edward Herman intitulé « Produire des Etats ratés » classifie le Congo-Kinshasa parmi tant d’autres mis dans cet état par les forces anglo-saxonnes. Il cite entre autres l’Afghanistan, le Pakistan, la Somalie et la Libye et l’Irak. Pour sa part, Jean Claude Willame consacre tout un livre au Congo vu comme un Etat sous tutelle. Voici le titre de ce livre : Les faiseurs de paix au Congo. Gestion d’une crise internationale dans un Etat sous tutelle (Bruxelles, Complexe, 2007).

 

Le livre #Ingeta. Dictionnaire citoyen pour une insurrection des consciences, est disponible en version numérique et en version papier. 

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