Comment rester fidèle à la tradition tout en se donnant une chance pour l’avenir ? C’est à cette question essentielle que le professeur Souleymane Bachir Diagne s’est attaché à répondre dans le numéro 1 du livre de la collection Illmatik (« Pour nous reconstruire et redevenir nous-mêmes »/ « Pour redonner du sens à la tradition »). Voici sa réponse.
« J’aime à dire que la fidélité est dans le mouvement. Il n’y a de vraie fidélité que dans le mouvement de s’inventer et dans le mouvement d’inventer les traditions qui nous parlent aujourd’hui et qui nous parlent pour demain. Autrement dit, la tradition est une chose qui se décide et qui se constitue toujours au présent. C’est dans le présent que l’on constitue une ligne de transmission comme étant la tradition. C’est dans le présent que l’on décide de la signification que doit avoir cette tradition.
Le sens de notre présent, et même le sens de notre tradition et de notre passé, doit nous venir du futur.
Autrement dit, si nous comprenons que la véritable fidélité à nous-mêmes, et à qui nous pensons être, consiste à décider aujourd’hui, en fonction de demain et de l’avenir que nous voulons nous donner à nous et à cette tradition, à ce moment nous avons une meilleure vision de ce que devrait être la tradition, dans son sens de ce qui est digne d’être transmis, parce que nous comprenons alors que le sens de notre présent, et même le sens de notre tradition et de notre passé, doit nous venir du futur.
C’est en fonction du futur que nous voulons, du futur qui est à faire, que nous avons à décider de la signification que nous donnons aujourd’hui à notre tradition et que nous avons à décider de la signification que nous voulons donner aux actions que nous entreprenons aujourd’hui dans notre présent. »
