Lumumba & Nous séduira les universitaires par son appel à la production d’intelligence collective et son analyse critique des concepts d’indépendance et des mécanismes néocoloniaux, insistant sur le besoin de lucidité et de discernement pour rompre avec les paradigmes d’indignité. Les chapitres sur le monde multipolaire et le Sud Global offrent une matière riche pour repenser la géopolitique, utilisant notamment l’idée de Lumumba comme « Idée régulatrice » pour structurer la refondation.

Pour le grand public, l’ouvrage est mobilisateur car il réactive l’idée du courage et de la dignité face à la lâcheté et à la corruption actuelle. Il fournit des clés de lecture pour comprendre la manipulation des « joueurs des coulisses » et des multinationales, expliquant le « sort » de l’humiliation esclavagiste subi pendant 80 ans. Il encourage les collectifs citoyens à se lever comme un seul homme pour poursuivre la lutte de Lumumba.

Les acteurs politiques y trouveront une critique constructive de leur désorientation existentielle et une feuille de route pour sortir de l’impasse, notamment en insistant sur la voie de l’union au sein de mouvements populaires pour éviter le suicide de l’Afrique par la division. L’ouvrage les exhorte à rompre avec la servilité économique et à se tourner vers des alliances stratégiques dignes d’un monde pluricentré.
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I. L’Héritage en chantier et la faillite du sens :
L’ouvrage analyse l’héritage de Lumumba comme étant « en débat et en chantier », postulant que l’échec du Kongo-Kinshasa est d’abord un échec intellectuel. L’indépendance, définie par Lumumba comme la « maîtrise chez eux » des Kongolais (fondée sur la justice, le droit et le nationalisme économique), est restée formelle, le pays étant soumis à la néocolonisation. Le rêve d’une réelle indépendance fut brisé par l’assassinat de Lumumba, planifié par des « joueurs des coulisses » impliquant des compatriotes manipulés. La corruption de certains Congolais, fantoches du « capitalisme dégradant et honteux », a permis cette trahison.

II. La voie de l’Union et la puissance du récit :
Pour résister à la politique du « diviser pour régner », Lumumba a tracé la voie de l’union, exigeant le rassemblement de tous les Africains au sein de mouvements populaires unifiés. Il prônait une démocratie délibérative proche de la palabre africaine (kinzonzi) pour permettre la coexistence des tendances. L’auteur insiste sur l’importance de donner un sens clair aux mots et aux concepts, car l’indépendance est un processus à arracher et à construire. Face à la difficulté d’affirmer un « nous kongolais » au-delà des victoires sportives, le livre propose d’utiliser Lumumba comme une « Idée régulatrice » pour construire des alliances salvatrices.

III. Enjeux géopolitiques et le Sud Global :
L’ouvrage contextualise les luttes dans l’émergence d’un monde multipolaire et pluricentré. Pour rompre avec l’approche déphasée du monde, les héritiers de Lumumba doivent se tourner vers les peuples libres d’Afrique, d’Asie et du Sud Global pour constituer des axes stratégiques. L’analyse démontre que la guerre menée par les forces économiques dominantes persiste depuis les années 1960, avec la complicité de certains fonctionnaires de l’ONU, refusant au Congo son droit à une vie honorable et à une indépendance sans restrictions.

IV. Le deuil, l’École Lumumbiste et le contre-pouvoir :
L’assassinat de Lumumba est décrypté au travers de ses « péchés capitaux » : son nationalisme, son panafricanisme et sa critique de l’impérialisme. Le deuil du héros doit être transformé en opportunité pour créer une école lumumbiste et engager la refondation. Jean-Pierre Mbelu appelle les collectifs citoyens à se saisir de la « voie » lumumbiste : créer un grand mouvement populaire unificateur luttant pour la souveraineté intégrale, afin de se débarrasser des ennemis intérieurs et extérieurs.