Par Joseph Muaka & Alphonse Kanyinda (pour le groupe Epiphanie)
Après 55 ans d’accession du Congo à la souveraineté nationale, le peuple et les citoyens ne jouissent toujours pas des droits et privilèges y afférents. Ce demi-siècle de l’histoire aura été jalonné des guerres de sécession, d’agression et de prédation, de décennies d’exercice totalitaire du pouvoir, d’enrichissement sans cause d’une poignée d’individus face à un appauvrissement toujours croissant d’une masse innombrable. L’économie du pays a toujours de la peine à décoller, la démocratie bat de l’aile, la crédibilité des acteurs politiques reste maculée de sang et de massacres, de cris de femmes violées, de promesses non tenues, d’opportunisme, sur fond d’une conscience émoussée. Souvent sans regrets ni remords. Dieu seul sait si l’opposition peut faire la différence …
Après des échéances électorales qui ont achoppé et moult forums de concertation et de dialogue qui ont chaviré, au regard d’un avenir peu rassurant dans les paysages sociopolitiques, nous, prêtres membres du Groupe Épiphanie, venons inviter les forces vives de notre peuple à une option fondamentale pour la collectivité des citoyens. Il s’agit de refaire le lien social détruit par le multipartisme politique et ethnique qui a constitué pendant longtemps la trame du discours incubateur de la division plutôt que de la cohésion. Le lien social désigne l’ensemble des relations qui unissent les individus d’une cité par le partage des valeurs communes et des intérêts communs. La citoyenneté est la manifestation d’une identité commune, en raison du rattachement à une même communauté politique, la nation.
La collectivité des citoyens permet d’éviter toute monopolisation du pouvoir et de l’action publique par une poignée d’intéressés. Elle génère un lien social fondé sur une appartenance politique à la communauté nationale, et non sur des appartenances singulières : idéologie politique, ethnique ou même religieuse. Celles-ci, dans la situation actuelle du pays, sont importantes mais pas prépondérantes. En conséquence : les critères de parti politique, de village, de religion peuvent-ils momentanément s’éclipser dans nos communautés au profit de la construction non partisane de collèges des citoyens, les besoins et les priorités du peuple étant la priorité dans l’appréciation des individus et de leurs projets de société !