Par Jean-Pierre Mbelu
« L’histoire nous apprend que nous ne savons pas apprendre de l’histoire. »-M. Jean
Le Kongo-Kinshasa n’étant pas une île vit au quotidien de ses questions dites d’actualité comme ailleurs dans le monde. Malheureusement, elles font une terrible impasse sur l’histoire. Les politicards kongolais, face aux “questions d’actualité” oublient facilement qu’à l’ère de Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, leurs propos peuvent être automatiquement archivés. Enfermés dans le court terme, ils se soucient un peu plus de leur carrière politique que du bonheur collectif partagé. Leur recours à la ruse rend plusieurs d’entre eux populaires et populicides. Il est très difficile que leurs thuriféraires, leurs fanatiques et leurs applaudisseurs puissent s’en rendre compte.
Tenez. Les politicards kongolais ayant présenté la charte d’ infiltration et d’occupation du Kongo-Kinshasa par des mercenaires venus de l’Ouganda et du Rwanda comme étant ”la meilleure constitution” depuis que le pays est formellement indépendant et ayant refusé pendant longtemps qu’elle soit ou révisée ou changée ont, actuellement, un avis tout à fait contraire. Prenant leurs compatriotes pour les imbéciles, ils disent ceci : « Avoir dit que cette constitution était la meilleure ne signifie pas qu’elle était éternelle ». Elle peut être révisée ou changée. Et les thuriféraires, les applaudisseurs et les fanatiques disent : « Amen ». Ainsi va “la RDC”, eloko ya makasi…Et le débat actuel sur la question ignore carrément le rejet dont cette charte a été l’objet dès sa publication. Pourquoi sommes-nous comme ça ? Peut-être parce que nous ne sommes pas toujours des être rationnels…Qu’est-ce qui ne va pas avec nous ? Lambert Mende semble avoir trouvé une réponse à cette double question.
Une charte pour l’infiltration et l’occupation
Il y aurait eu un peu de rationalité à mener une étude comparative, par exemple, entre la constitution de Luluabourg, le projet de constitution élaboré à la Conférence Nationale Souveraine et cette charte pour l’infiltration et l’occupation du pays, cela aurait permis un échange comparatif. (Il est possible que cela ait été fait et que je n’en sois pas au courant. Avoir cette étude m’édifierait…)
Cette charte pour l’infiltration et l’occupation du pays de Lumumba télécommandée par “les faiseurs des rois” a bénéficié, au cours de sa rédaction, de la complicité des politicards kongolais dont plusieurs sont encore “aux affaires” aujourd’hui.
Les auditeurs attentifs des questions dites d’actualité ne semblent pas être au courant d’une telle étude. Sinon, ils l’évoqueraient. Alors, quel intérêt, les politicards kongolais ont-ils eu à plébisciter, depuis Sun City, cette charte pour l’infiltration et l’occupation du Kongo-Kinshasa ? Pourquoi ont-ils refusé d’écouter leurs compatriotes qui, dès sa publication et sa proposition au référendum populaire, l’ont disqualifiée eu égard à l’histoire néocoloniale du pays et à l’implication des mercenaires dans la guerre raciste de prédation et de basse intensité orchestrée contre le Kongo-Kinshasa ?
Cette charte pour l’infiltration et l’occupation du pays de Lumumba télécommandée par “les faiseurs des rois” a bénéficié, au cours de sa rédaction, de la complicité des politicards kongolais dont plusieurs sont encore “aux affaires” aujourd’hui. Ils voulaient avoir des titres de “ministre ou de parlementaire, des grands cordons, des gros traitements, des maisons somptueuses” dans la République de la Gombe tout en renonçant à tout processus d’ émancipation économico-politique du Kongo du système néocolonial.
Cette charte pour l’infiltration et l’occupation du Kongo écrite en fonction d’un individu-mercenaire et du projet de balkanisation et d’implosion du pays au profit des proxys et de leurs parrains a participé de la perpétuation de la guerre à cause des mécanismes de brassage, de mixage et d’intégration des larbins dans l’armée, les services de sécurité, dans le gouvernement et dans les autres institutions et structures essentielles du pays en vue d’en faire “un Etat-raté-manqué”.
Donc, l’impasse dans laquelle le pays se retrouve aujourd’hui est due, en grande partie, à la complicité des compatriotes susmentionnés avec les proxys ougando-rwandais et leurs parrains.
Malheureusement, les actuels partisans du “changement de la constitution” se comptent parmi ces “traîtres d’hier”. Pour eux, “la politique est dynamique”… Ils voudraient faire parti des constituants pour l’élaboration d’une autre constitution. Soit ! Mais, comme ils sont encore “aux affaires”, ne serait-il pas souhaitable qu’ils en finissent d’abord avec la guerre à laquelle ils ont participé de près ou de loin et que les principes pour mettre en place une constituante puissent être soumis au référendum populaire au moins six mois après la fin de la guerre ?
Des principes souverainistes et la confidence de Lambert Mende
A ce point nommé, des assises pour la refondation d’un autre Kongo seraient indispensables. Elles permettraient, à partir d’un “consensus par confrontation”, d’indiquer, collectivement, les principes qui devraient être absolument respectés dans la rédaction d’une nouvelle constitution. Comme au Mali, il s’agirait, entre autres, du respect non négociable de la souveraineté du pays, de la défense souveraine des intérêts du “peuple d’abord” dans toutes les négociations et de la non-ingérence extérieure dans le choix des partenaires géopolitiques et géostratégiques.
Des assises pour la refondation d’un autre Kongo seraient indispensables. Elles permettraient, à partir d’un “consensus par confrontation”, d’indiquer, collectivement, les principes qui devraient être absolument respectés dans la rédaction d’une nouvelle constitution.
Souvent, la charte pour l’infiltration et l’occupation du Kongo-Kinshasa est présentée comme étant le fruit mûr du “dialogue entre kongolais” de Sun City. Des compatriotes qui, un peu tôt, avaient dévoilé la stratégie mise en place à ce forum pour imposer aux Kongolais(es) “un jeune homme manipulable” au profit des multinationales et de leurs proxys des Grands Lacs Africains n’ont pas été écoutés. Et comme la vérité prend toujours les escaliers, voici que, tardivement, Lambert Mende , se confiant à Top Congo, vient dévoiler ce secret de Polichinelle, avec le recul, bien sûr.
Thierry Kambundi l’interpelle : « Betela biso lisolo ya Sun City » Mende réagit : « Beaucoup de déception. Je me suis rendu compte, à la réflexion, na maturité oyo eza na ngai sikoyo, que nous avons tous passé notre temps à être manipulés par des puissances étrangères ».
Une petite conclusion
Notons bien ceci : « A la réflexion » et « na maturité oyo eza na ngai sikoyo ». Oui, nous avons, majoritairement, au coeur de l’Afrique, un problème sérieux de “la réflexion”, de “la pensée” sourcée et archivée, de la production de la pensée individuelle et collective nécessaire pour lutter contre la bêtise, l’ignorance et l’imbécilisation des masses ; un problème de “la maturité” politique, culturelle et spirituelle…
Nous avons, majoritairement, au coeur de l’Afrique, un problème sérieux de “la réflexion”, de “la pensée” sourcée et archivée, de la production de la pensée individuelle et collective nécessaire pour lutter contre la bêtise, l’ignorance et l’imbécilisation des masses ; un problème de “la maturité” politique, culturelle et spirituelle… Si nous ne trouvons pas de solution collective à ce problème, le Kongo-Kinshasa pourrait disparaître de la carte du monde.
Si nous ne trouvons pas de solution collective à ce problème, le Kongo-Kinshasa pourrait disparaître de la carte du monde. La question de l’interdisciplinarité et de la mégalomanie dont certains “ès constitution” font montre devrait aussi être prise en compte.
Souvent, ils font l’herméneutique du texte en refusant, par action et/ou par omission, d’étudier le prétexte (politique, géopolitique, géoéconomique, géostratégique) et le contexte (historique). Réécouter Jean-Luc Schaffhauser serait souhaitable pour les amnésiques.
Babanya Kabudi
Générartion Lumumba 1961