• IDEES & RESSOURCES POUR REINVENTER LE CONGO

Un émissaire occidental à Kinshasa pour dire au “raïs” que c’est fini

Un émissaire occidental à Kinshasa pour dire au “raïs” que c’est fini

Un émissaire occidental à Kinshasa pour dire au “raïs” que c’est fini IN

Par Jean-Pierre Mbelu

Comme à la fin du régime de Mobutu, un émissaire occidental pourrait être dépêché à Kinshasa pour dire au ‘’raïs’’ qu’il n’est plus ‘’président’’ du Congo-Kinshasa. Cette fois-ci, ça ne serait pas un américain comme Bill Richardson sous Mobutu. Néanmoins, comme sous Mobutu, c’est le même scénario qui risque de se reproduire. Il ne serait pas exclu que ce message relève du chantage. Nous devrions rester attentifs.
De toutes les façons, il y a de l’électricité dans l’air. La politique de la terre brûlée pratiquée à Kinshasa serait un signe qui ne ment pas.

Selon des sources présentes au sommet US/Afrique, un émissaire occidental devait effectuer un voyage à Kinshasa vers la fin de ce mois d’août pour communiquer à ‘’l’autorité morale de la MP’’ qu’il est temps qu’il se prépare à passer la main. Les motifs évoqués pour justifier cet appel occidental sont divers et diversifiés. Il serait reproché au ‘’raïs’’ de jouer à fond sa carte de ‘’Cheval de Troie’’ de Kigali. Il aurait vendu de l’uranium à l’Iran et se serait enrichi illicitement aux dépens des Congolais(es). Les pressions faites par les Congolais(es) au Département d’Etat Américain seraient en train de porter leur fruit. ‘’Le raïs’’ n’ayant pas gagné les élections de novembre et de décembre 2011, il serait temps qu’il laisse au ‘’véritable gagnant’’ l’occasion d’organiser la transition. ‘’Les maîtres du monde’’ ne seraient plus disposés à travailler avec ‘’la classe politique congolaise’’ actuelle. Ils voudraient dorénavant travailler avec la société civile et les autres ‘’jeunes leaders’’ accueillis dernièrement à Washington.

Plusieurs compatriotes trouvent ces motifs valables. Ils ont vite oublié que Bill Richardson a effectué la même démarche à l’endroit de Mobutu avant que la guerre de l’AFDL n’éclate. Rares sont ceux qui, forts de cette histoire et résistants contre l’amnésie, se posent cette question : « Qu’est-ce qui est en train de se préparer pour notre pays et pour l’Afrique ? » Nous ne le dirons jamais assez : ce qui va se passer dans un délai suffisamment bref au Congo-Kinshasa a été préparé plusieurs années avant et cela risque d’être lourd de conséquences.

‘’Les maîtres du monde’’ vont, après l’application du ‘’hard power’’ à travers de la guerre de basse intensité mené depuis 1996, passer au ‘’soft power’’ ; c’est-à-dire à ‘’une révolution citoyenne’’ portée par les ONG de la société civile contrôlées par les supplétifs de la CIA. Pour dire les choses autrement, le Congo-Kinshasa et une bonne partie des pays africains se préparent à demeurer, pour longtemps, des ‘’colonies occidentales’’. Les choses pourraient se précipiter à un rythme que les Congolais(es) ne pourraient pas maîtriser. L’usage du ‘’soft power’’ pourrait être combiné à celui du ‘’hard power’’ afin que les choses se passent comme en Côte d’Ivoire avant la chute de Laurent Gbagbo.

Quelle serait la part de plusieurs d’entre nous dans cette turpitude que nous risquons de vivre ? Nous sommes plusieurs à baigner dans le manque de maîtrise de l’histoire, l’incompétence, l’opportunisme et le ‘’m’as-tu-vusme’’, etc.. Quand, au mois de juillet 2014, les USA déclassifient des documents sur l’assassinat de Lumumba et qu’ils affirment que la décision de passer à l’acte a été prise parce qu’ils avaient l’intention d’occuper le Congo pour quelques décennies, aucun débat sérieux ne s’en suit. Une relecture collective de l’histoire n’est pas faite de manière à questionner l’orientation de la politique étrangère US au Congo-Kinshasa. Et quelque temps après, un sommet est organisé à Washington. ‘’Le raïs’’, une partie de la classe politique congolaise et de la société civile s’y rendent sans qu’ils aient pris le temps d’en connaître ou d’en discuter les enjeux au préalable.

Qu’est-ce que le Congo-Kinshasa va réellement devenir après le séjour de l’émissaire occidental là-bas ? Pour une énième fois, les Congolais(es) seront-ils (elles) capables de récupérer l’initiative historique ? Vont-ils (elles) se laisser prendre dans le piège de ‘’la révolution citoyenne’’ chapeautée par les supplétifs de la CIA sans que leurs masses populaires sachent de quoi il est réellement question ?

Les jours, les mois et les années à venir vont être riches en rebondissements. Si ceux-ci entraînent définitivement une perte d’initiative historique congolaise (et africaine), le Congo-Kinshasa se maintiendra, pour longtemps, dans son état de ‘’colonie occidentale’’.
Néanmoins, nous savons que ‘’les minorités organisées’’ n’ont pas encore dit leur dernier mot…

Mbelu Babanya Kabudi

INGETA.

REINVENTONS

LE CONGO

Informer. Inspirer. Impacter.

Notre travail consiste à :
Développer un laboratoire d’idées sur le passé, présent et futur du Congo-Kinshasa.

Proposer un lieu unique de décryptage, de discussion et de diffusion des réalités et perspectives du Congo-Kinshasa.

Aiguiser l’esprit critique et vulgariser les informations sur les enjeux du Congo, à travers une variété de supports et de contenus (analyses, entretiens, vidéos, verbatims, campagnes, livres, journal).