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Dossier spécial: Sur les traces du Djihad islamique en RDC?

Dossier spécial: Sur les traces du Djihad islamique en RDC?

Dossier spécial: Sur les traces du Djihad islamique en RDC? IN

Par Jean-jacques Wondo

Depuis quelques jours, l’information faisant état de la présence des combattants islamistes Al-Shabaab aux côtés des rebelles ougandais de l’ADF/Nalu au Nord-Kivu font les choux gras des médias et ne cessent d’alimenter, avec son lot d’émotions et fantasmes de tout genre, les échanges dans les différents fora et arènes sociaux et politiques congolais. Cette analyse revue est une mise à jour d’une analyse publiée en juillet 2012 où j’alertais l’opinion sur les menaces islamiques en RDC. Elle faisait suite à une publication de 2011 d’une autre analyse intitulée : « La RDC, otage des enjeux géostratégiques », reprise en janvier 2013 par lepotentielonline.com. Plusieurs lecteurs m’ont interpellé en privé pour la re-publier à la suite des récentes informations faisant état de la présence des milices fondamentalistes musulmans d’Al-Shabaab aux côtés des rebelles ougandais de l’ADF/Nalu installés dans le nord-est de la RD Congo.

 

1. Introduction

Les relations internationales présentent actuellement quatre axes stratégiques :

  • la crise économique mondiale et la recherche de nouveaux pôles d’expansion économique;
  • les rivalités grandissantes entre les Grandes puissances occidentales et les puissances émergentes : BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ;
  • les guerres civiles qui deviennent régionales comme au Pakistan, dans le Sahel, dans la corne de l’Afrique et dans la région des Grands-Lacs africains ;
  • les menaces terroristes, en ce compris les menaces nucléaires.

Par son immensité, par sa situation géographique comme carrefour des différentes régions d’Afrique subsaharienne, et en l’absence de tout contrôle étatique efficace, la RDC est à la fois une passerelle et un sanctuaire pouvant offrir aux groupes mafieux et terroristes des facilités logistiques étendues : Commerce illicite des matières premières, carrefour d’intérêts économiques et énergétiques des pays de tous bords Afrique-Europe-Amérique-Asie, trafic de drogue; la traite des humains, zone potentielle de ravitaillement pour les organisations maffieuses et terroristes, espace d’acheminement de combattants, de fonds et d’armes vers différents théâtres de conflits, etc.  Le constat qui s’est dégagé c’est que la RDC reste encore le foyer de nombreux conflits qui fragilisent sérieusement la région d’Afrique Centrale et dont les conséquences pourraient engendrer l’insécurité sur le plan international.

Un état des lieux sociopolitique qui rend possible l’extension des connexions d’Al-Qaeda (Al-Shabaab), du Hezbollah libano-iranien et qui présenterait le danger de voir la RDC se transformer rapidement en sanctuaire d’approvisionnement rêvé des groupes terroristes. D’autant plus que la RDC est actuellement marquée par un cocktail de facteurs qui alimentent une conflictualité « à fleur de peau »:

  • La fragilité du système politique et démocratique accentuée par des élections présidentielle et législatives ratées de 2011;
  • la faiblesse et/ou effondrement des institutions étatiques (Armée, Justice, Police, administration publique;
  • la pauvreté accrue et endémique, criminalité transfrontalière par l’inflation des groupes armés économiques ; convoitises des ressources naturelles par les pays voisins de la sous-région et par certaines puissances émergentes, mouvements rebelles ou autres mouvements terroristes…
  • l’instrumentalisation des différends ethniques et fonciers qui engendrent les conflits armés à l’Est de la RDC ; mauvaise répartition des richesses malgré les performances de la croissance économique, disparités sociales : sources d’antagonismes et tensions ethniques, lutte pour le contrôle des ressources naturelles et énergétiques, ainsi que la criminalisation des circuits économiques et financiers couplée de la paupérisation accrue des populations.

Bref, la RDC, apparaît aujourd’hui comme le berceau de l’insécurité et risque de devenir l’îlot de beaucoup de fléaux du monde et le terreau de beaucoup de problèmes. En d’autres termes, le monde entier cherche à accéder aux richesses et ressources naturelles congolaises, cela ne semble pas étonnant que les pays émergents comme la Chine et des mouvements tels qu’Al-Qaeda ou Hezbollah trouvent également en RDC, un terreau fertile pouvant leur servir d’un fond de commerce rentable, car exploitable à moindre coût du fait :

  • de l’accès facile à ses ressources naturelles facilement exploitables ;
  • des nouveaux gisements de pétrole découverts au nord-est, dans une zone comprise entre la RDC, l’Ouganda et le Soudan ;
  • de la porosité de ses frontières ;  notamment dans sa partie nord orientale où ces derniers temps l’on signale une certaine alliance entre la rébellion ougandaise ADF/Nalu et les miliciens islamiques de Al Sabaab. Ce qui conforte notre crainte avancée il y a deux ans.
  • de la déficience de l’Etat (et surtout de l’autorité de l’Etat) en tant que principal acteur régulateur de l’ordre social, politique, économique et sécuritaire.

2. La RD Congo, zone géostratégique névralgique mais chaotique

La RDC est une « zone névralgique » qui se trouve au centre des enjeux géostratégiques et géopolitiques considérables, grâce à ses innombrables ressources naturelles et énergétiques susceptibles de soutenir à la fois les économies des « Grandes puissances et des puissances émergentes» et celles du « terrorisme international ». En effet, la RDC est un pays de la taille de l’ensemble des pays de l’Europe occidentale réunis et a une population estimée à 65 millions d’habitants. C’est un pays qui est scandaleusement riche en matières premières essentielles pour la production mondiale d’une très large gamme de produits. Son sous-sol, ses ressources, sont depuis plus de trois siècles enviés, convoités, spoliés et récupérés. Le pays possède environ 33% des gisements mondiaux de cobalt, 10% de cuivre, le tiers de la réserve mondiale du diamant, de grands gisements d’uranium, étain, zinc, manganèse, or ainsi que d’autres matières premières dont au moins trois quarts des ressources mondiales de coltan (colombo-tantalite), une composante primaire essentielle à la fabrication des téléphones mobiles, laptops et autres équipements électroniques. La RDC participe comme le Brésil à l’équilibre écosystémique du monde. On y trouve également des nouveaux gisements de pétrole découverts au Nord-Est, dans une zone (Le Graben Albertine situé dans la chaîne des volcans du Parc national de Virunga) comprise entre la RDC, l’Ouganda et le Sud-Soudan. En effet, les provinces des Kasai, des Kivu, Orientale et du Katanga sont les réservoirs de stockage géologique de certains les minéraux stratégiques, d’importance mondiale. La frontière orientale située à cheval sur le Rwanda et l’Ouganda, dans une zone qui s’étend des plateaux des Grands-Lacs à la vallée du Rift, est estimée par les géologues comme l’un des plus riches dépôts de minéraux sur la surface de la terre.

Malgré toute cette richesse, le PIB par habitant est aujourd’hui de 136 $ soit environ 1/25 de ce qu’elle était au moment de l’indépendance en 1960. Non seulement ces ressources n’ont à ce jour bénéficié au peuple congolais ; mais aussi, c’est la présence de ces ressources très convoitées qui ont transformé le pays en un champ de batailles depuis son indépendance en 1960 à nos jours.

« Chaque jour, dans l’est du Congo, sept à dix avions, chargés chacun de deux tonnes de cassitérite, vont de Mubi a Goma, d’où le minerai est passé illégalement par-delà la frontière rwandaise. Le trafic d’or, de diamant, de cuivre et de cobalt ne connait pas non plus de ralentissement. » Telles sont les conclusions rapport du groupe d’experts des Nations-Unies publié en automne 2010. « L’état congolais ne touche presque rien des profits générés par cette contrebande. Mais il semble que très peu de choses aient été entreprises pour combattre le pillage prolongé des ressources minières congolaises. Les mineurs – il y en a plusieurs dizaines de milliers – en restent les principales victimes. »

3. Analyse factuelle et conjonturelle des menaces terroristes au départ de la RDC

Il m’ paru une fois de plus important de rappeler la théorie de Buzan, politologue et polémologue britannique, qui dans un ouvrage intitulé : « People, State and Fear : An agenda for international security studies in de Post-Cold War Era », évoquera la nécessité d’appliquer le concept de sécurité à d’autres domaines tels que le politique, l’économique, le sociétal et l’environnement. En effet, selon Buzan, on ne peut parler de la sécurité sans lui associer trois réalités que sont : l’Etat, l’individu et le système international. Le lien entre les trois, selon lui, est que la sécurité de l’individu et du système international dépend de celle des Etats. De même, la sécurité des Etats et celle du système international dépendent aussi des individus (dont les autorités politiques), puisque ce sont eux, qui peuvent le déstabiliser à travers l’organisation des mouvements de contestations, des rébellions et autres actes subversifs ou terroristes. De l’analyse de cette théorie ressort l’idée de l’existence des liens d’interdépendance entre l’individu (responsable politique ou citoyen), l’Etat et le système international. D’où sa thèse : « la création d’Etats plus forts (stables) est une condition nécessaire, à la fois pour la sécurité nationale, pour la sécurité individuelle et pour la sécurité internationale ».

La faillite des institutions publiques, les conflits armés, la mal gouvernance comme facteurs de la montée de l’intégrisme islamique et de l’implantation du terrorisme

La conjugaison des éléments susmentionnés rendent difficiles la surveillance et la sécurisation des frontières nationales congolaises. Ces manquements les rendent particulièrement perméables, et de ce fait, vulnérables. C’est ainsi que sont facilitées toutes formes de trafics et d’activités illicites ouvrant la porte aux développements des activités criminelles aux frontières et à l’intérieur de la RDC.

Dans une étude originale sur la « criminalisation de l’Etat en Afrique », Jean-François Bayart, Stephen Ellis et Béatrice Hibou soutiennent que les autorités politiques africaines sont de plus en plus interconnectées avec les milieux de la criminalité sur le continent africain, de blanchiment des capitaux sales. Ce qui prédit un avenir sombre pour l’Afrique du fait du terrorisme international latent. (Gérard Prunier, Une poudrière au cœur du Congo-Kinshasa – Le Monde Diplomatique, juillet 1998, Page 14). Selon ces auteurs, l’Afrique, singulièrement, la RDC pourrait éventuellement avoir un rôle central dans le développement du terrorisme international. Le pays présente à la fois un environnement favorable et un vaste champ d’action pour tous ceux qui voudraient s’attaquer à l’ordre hégémonique occidental du système mondial.

Les craintes de cette menace se situent également au niveau du ralliement par les « Mollahs » des populations vulnérables, à la doctrine chiite. Certes la RDC est en majorité constituée des populations chrétiennes, mais la pauvreté grandissante, la crise économique, le chômage qui touche près de 80% des jeunes, sont des facteurs à faciliter l’endoctrinement. En effet, depuis quelques années, les Mollahs iraniens et les sympathisants du Hezbollah libanais écument les quartiers pauvres des villes africaines afin de recruter des « futurs kamikazes ». Et la faillite de l’autorité de l’Etat, incapable de contrôler les 9.000 km de frontières avec les pays voisins, laisse dubitatif et ne rassure surtout pas quant à la capacité de ce pays de contrer cette menace qui se fait de plus en plus pressante. (Martin Lutter MBitta, Radio Kan-Kan.com Guinée, 25/02/2010).

A titre d’illustration, d’où cette mise à jour de la présente analyse qui nous donne raison, aujourd’hui dans la partie septentrionale de la RDC, à la frontière avec le Soudan et le long de la frontière ougandaise, des maquis originaires de ces pays se sont implantés, profitant de l’absence presque totale de contrôle du régime de Kinshasa sur la région pour opérer en toute impunité contre le pouvoir ougandais. C’est le cas de l’Alliance des forces démocratiques (Alliance of Democratic Forces, ADF), une guérilla multiethnique à dominante fondamentaliste musulmane, mal enracinée dans la région frontalière où elle opère, qui préfère donc s’appuyer sur ses bases arrière au Congo en formant (ADF/Nalu). Elle y survit en bonne partie grâce à l’appui du régime islamiste soudanais d’Omar Al-Bashir accusé le président ougandais, Yoweri Museveni, de soutenir les mouvements de guérilla ougandais écumant au Nord-Est du  Congo.

C’est ainsi, à titre préventif et afin de prendre le taureau par les cornes en vue de renforcer les capacités de défense et la sécurité dans la partie nord-est de la RDC, les Etats-Unis ont décidé de déployer leurs soldats dans cette zone. Le président Barack Obama y a expédié une centaine des soldats très bien équipés pour être déployés en RCA, en RDC, en Ouganda et au Sud-Soudan. Officiellement pour appuyer ces pays à mieux combattre la LRA et de traquer son chef Joseph Kony. Ce groupe armé ougandais qui sème l’insécurité dans ces pays. Ces militaires, selon la lettre du président américain au Congrès serviront de conseillers près les Etats susmentionnés afin de fournir des informations de première nécessité en vue de neutraliser les éléments de la LRA, et n’interviendront qu’en cas de légitime défense. Pour une mission similaire, des forces spéciales guatémaltèques avaient essuyé un revers. Officiellement, cette prise de position américaine serait une réponse à une recommandation du sommet de Libreville d’octobre 2011 sur la paix et la sécurité en Afrique centrale, visant à renforcer par un appui militaire la MONUSCO en vue d’en finir avec la LRA. En réalité, les observateurs avisés estiment que cette implication américaine n’est pas étrangère à la volonté affichée de ce pays d’intensifier la lutte contre le terrorisme international dont l’Afrique des Grands-Lacs, singulièrement la RDC, constitue le talon d’Achille, suite à la porosité de ses frontières et la mobilité dense des matières premières illégalement exploitées, des armes et de la drogue. Cette présence militaire est entre autre consécutive aux menaces islamiques qui pèsent sur le Sud-Soudan, à majorité chrétienne et animiste, dernier Etat d’accéder à son indépendance et admis à l’ONU.

 L’inquiétant rapprochement entre la RDC et la République Islamique d’Iran

Téhéran a toujours maintenu secrètement des relations avec les mouvements terroristes étrangers de manière à pouvoir les utiliser à son profit. Cependant, les preuves formelles restent rares. En 1995, une conférence secrète aurait eu lieu en Iran sous l’égide des Gardiens de la Révolution (Pasdaran). Elle a rassemblé des représentants des mouvements terroristes suivants : l’Armée rouge japonaise, l’Armée secrète arménienne, le PKK, le parti irakien Dawah, le Font islamique de libération du Bahrain et le Hezbollah libanais. Le but poursuivi à l’époque était la déstabilisation des Etats du Golfe persique. Téhéran aurait alors proposé son aide à ces différents mouvements, notamment en matière d’entraînement. Aujourd’hui, Téhéran utilise surtout le Hezbollah libanais, mais aurait également des contacts avec des nouveaux groupes islamiques qui pullulent en Afrique de l’Ouest.

Bien qu’il s’en défende, l’Iran peut également fournir un appui logistique à des activistes à l’étranger, grâce à ses nombreuses représentations diplomatiques, culturelles ou même des ONG. On constate avec curiosité que partout où des changements politiques ont amené au pouvoir des responsables hostiles aux Etats-Unis – tout particulièrement en Amérique latine – les représentations diplomatiques iraniennes ont été considérablement renforcées sans que les échanges politiques, économiques ou culturels avec ces Etats ne le justifie. Washington soupçonne Téhéran de mettre en fait en place un réseau logistique destiné à nuire aux Etats-Unis, peut-être en utilisant l’arme du terrorisme.

Le terrorisme est un moyen de combat au même titre que la guérilla. Téhéran a montré dans le passé qu’à défaut d’armes de destruction massive, il ne répugnait pas à recourir au terrorisme d’Etat car c’est en quelque sorte « l’arme du faible contre le fort » dans la guerre dite asymétrique. L’Iran en a les moyens humains, techniques et pratiques grâce à ses réseaux qui couvrent une grande partie de la planète. Si un bras de fer sévère s’engage vraiment entre les Occidentaux et la république théocratique, il est très probable que des opérations terroristes seront déclenchées comme moyen de rétorsion. L’identification formelle du commanditaire sera difficile à faire car les services iraniens sont passés maîtres dans le domaine du brouillage de pistes en utilisant des mouvements qui servent d’écrans de dissimulation. La dernière affaire de tentative d’assassinat d’ambassadeur saoudien aux Etats-Unis en 2012 en est une illustration.

Pour ce qui est des rapports diplomatiques de l’Iran avec la RDC, les analystes sont impressionnés par le nombre des ballets diplomatiques déployés ces derniers temps entre la RDC et la République islamique d’Iran. Déjà en début 2010, une importante délégation de parlementaires iraniens a séjourné en RDC. Conduits alors par le député Hamid Reza Haji Babaei, les membres de la délégation, ont été chaleureusement accueillis par les autorités congolaises. Officiellement il s’agissait d’une visite amicale sur invitation des députés de la RDC. Mais selon certaines indiscrétions, au-delà du caractère amical mentionné par les autorités locales, cette visite serait une mission de reconnaissance, d’autant plus que le pays des Ayatollahs s’entête à s’enrichir de l’uranium dont le Congo dispose à profusion, à même le sol.

Les dessous de la visite : L’ambassadeur plénipotentiaire d’Iran, Hamib Reza Ghomi qui accompagnait la délégation des parlementaires iraniens rencontrer les membres du gouvernement congolais a déclaré à cette occasion que Téhéran était disposé à «accompagner la RDC dans sa phase de redressement ». L’Iran utiliserait le canal de la coopération pour assurer son entrée dans le pays et profiter de cette importante richesse minière. En effet le « réchauffement des relations » entre les deux pays intervient au moment où Téhéran malgré les menaces de sanctions de l’Onu multiplie des recherches de partenariats pour l’enrichissement de l’uranium afin de se doter du nucléaire. Il faut relever que le programme nucléaire iranien, dont des installations clandestines avaient été découvertes en 2002, est soupçonné par la communauté internationale de comporter un volet militaire visant à doter la République islamique d’une bombe atomique. Arguments dont ne cessent de réfuter les autorités iraniennes qui assurent que ce programme d’enrichissement est exclusivement réservé à l’usage civil. Téhéran précise que son objectif est de développer la capacité de production de l’énergie nucléaire de 6.000 MW d’électricité dans le pays.

De plus, cette présence des parlementaires iraniens en RDC qui dispose d’uranium naturellement enrichi, était loin de rassurer la communauté internationale. Une visite qui pour certains analystes permettait de « baliser le chemin » au pouvoir de Téhéran qui par le biais de la coopération pourrait profiter des faiblesses structurelles du pays pour se doter de cet uranium. L’inquiétude est grandissante dans la mesure où la seule mine d’uranium de la RDC, située à Shinkolobwe dans la province du Katanga et officiellement fermée depuis 1960, est régulièrement investie par des groupes mafieux. Et l’Iran ne serait pas à sa première tentative d’extorsion de l’uranium congolais. En août 2006, le célèbre journal britannique le Sunday Times avait révélé qu’une importante cargaison d’uranium 238 en provenance de la RDC à destination de l’Iran avait été saisie en Tanzanie. L’information avait été démentie par les autorités iraniennes et congolaises. L’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) a ouvert une enquête à ce sujet. Selon certains experts, l’uranium 238 sorti en contrebande à destination de l’Iran aurait bénéficié de l’implication de l’Iran, de la Corée du nord dans le secteur de l’uranium du Congo et des cellules terroristes et dormantes iraniennes au Congo.

En retour de l’ascenseur, l’ancien président de l’Assemblée Nationale congolaise sous la législature écoulée, Evariste Boshab, s’est rendu à son tour en visite officielle en Iran le 22 février 2010. Une visite qui selon les analystes spécialisés, dont le quotidien congolais proche du pouvoir, mettent en rapport avec la vente d’uranium dont est accusée la RDC. (L’Avenir Quotidien 20/04/2010). Le dialogue entre pays, a fait savoir Evariste Boshab est plus important que tout dans la vie des nations. Le quotidien iranien, Tehra Times, rapportait les déclarations suivantes du président iranien Mahmoud Ahmadinejad : « l’Iran et la RDC devraient conjuguer leurs efforts à contrer les puissances hégémoniques à imposer leur volonté aux nations. (…) L’Iran et le Congo ont le potentiel de devenir des pays avancés et pays puissants dans le monde (…) Les puissances occidentales fournissent de grands efforts pour empêcher l’avancement des pays indépendants et recourent aux pressions politiques et économiques pour atteindre leur but(…) Le développement de la coopération entre les pays ‘indépendants’ est la seule façon de contrer les efforts des puissances dominantes et les pays devraient se préparer pour leur développement et indépendance intégrale ». Boshab a quant à lui déclaré que « la RDC est intéressé par le renforcement des relations avec l’Iran. Les deux pays entretiennent des relations historiques et l’Iran a toujours manifesté une opinion positive sur la RDC ».

Cette audacieuse déclaration de Boshab ne constitue-t-elle pas aujourd’hui, avec un peu de recul, sa « condamnation (à mort) politique ? Lui qui, malgré son militantisme kabilien actuel effréné et débordant, se voit de plus en plus mis à l’écart de l ’« inner circle », du régime. Un éloignement accentué depuis la tragique disparition, dans un mystérieux accident d’avion, de son grand protecteur, le Tout-Puissant AKM : Augustin Katumba Mwanke . AKM qui, de son vivant, ne cachait son penchant en faveur des relations privilégiées avec les pays du sud (Chine, Afrique du Sud, Corée du Nord, Iran…) au détriment de l’Occident.

Selon le spécialiste des questions iraniennes, Ariel Farrar-Wellman, la RDC est un pays membre du mouvement non-aligné, qui a publié un communiqué en juillet 2008, déclarant que les Etats Non-Alignés « ont salué la coopération continue et prolongée de la République islamique de l’’Iran à l’AIEA » et « ont réaffirmé que les choix et les décisions des Etats, y compris ceux de la République islamique de l’Iran, dans le domaine de l’ utilisation de la technologie nucléaire à des fins pacifiques et des politiques de cycle du combustible doivent être respectés. ». Selon cet analyste, les relations bilatérales entre la RDC et l’Iran sont principalement centrées sur le développement du commerce et d’autres intérêts économiques, particulièrement dans le domaine de l’énergie. Or l’intérêt iranien pour l’énergie congolaise renvoie naturellement au nucléaire, c’est-à-dire l’uranium.

La Menace Hezbollah via les investissements libanais (banques, immobilier…) en RDC

Le Hezbollah : une épine dans la stratégie américaine en Afrique. Né en 1982, ce mouvement islamiste radical est considéré comme un rejeton de la révolution islamique iranienne. Ce mouvement politico-militaire prône la revendication de la lutte armée, y compris le recours au terrorisme, et l’existence de puissantes milices. Il dispose d’un soutien des libanais expatriés et des analystes pensent que ceux établis en Afrique subsaharienne -particulièrement en RDC où ils contrôlent des secteurs entiers de commerce, des mines et de l’immobilier- apportent une contribution financière considérable pour soutenir les actions des milices islamiques et autres terroristes. En effet, Le Hezbollah profite de l’importante communauté libanaise expatriée pour tisser ses réseaux à l’étranger. Très présent sur le continent africain, sud-américain, ce mouvement est capable d’apporter une aide logistique, financière via des réseaux bancaires voire opérationnelle, à des actions terroristes qui pourraient viser les intérêts occidentaux sur ces continents ou au départ des Etats faibles comme la RDC.

Il semble que les Libanais ont créé la Solidaire Banque qui engrange toutes les opérations financières portant sur les matières précieuses – cette banque ayant été notamment créée par le réseau de Libanais œuvrant dans le commerce de diamant. Dans le giron de la communauté libanaise, il faut compter également avec le groupe Soficom. S’étant au départ spécialisé dans les opérations de transfert des fonds, le groupe Soficom s’est diversifié par la création notamment de sa branche bancaire, Sofibanque. Le foisonnement des banques constaté ces derniers temps en RDC cache bien quelque chose. D’autant que la plupart de ces banques sont plutôt des banques de transactions que des banques d’investissement. Dès lors, la prudence dans la prolifération de ces banques doit rester de mise afin de décourager toute forme d’imposture dans le secteur bancaire congolais étant donné qu’il y a bien des zones d’ombre dans la forte expansion de l’activité bancaire en RDC dans la mesure où la prolifération de ces banques pourrait dissimuler la présence des Hezbollah en RDC déguisés en hommes d’affaires.

Certains opérateurs économiques douteux, proches des milices terroristes, qui travaillent en étroite connexion avec les autorités congolaises. Mais pour des raisons de notre sécurité, nous ne pourrions fournir ici leurs noms. Certains d’entre eux sont réputés très dangereux et se trouvent dans l’œil du cyclone occidental. D’autres sont en train d’investir, et d’étendre leurs tentacules dans les pays comme : Congo Brazzaville, Ouganda, Rwanda et Tanzanie. Ils diversifient également leurs investissements notamment dans les stations services de carburant (près de 200 stations services à travers le pays), dans le secteur hôtelier ou encore dans l’exploitation des hydrocarbures. Il y en a un particulièrement qui est réputé très puissant, proche de la RAW BANK et capable d’allumer le feu à la moindre menace car disposant d’une puissance financière colossale nous affirmait un contact congolais. Il semble que l’intéressé est réputé très dangereux et ferait l’objet d’une surveillance par certains éléments de la CIA.

Dans une déclaration, le sénateur Florentin Mokonda Bonza n’a pas hésité de fustiger des « réseaux mafieux » qui disposeraient d’une masse d’argent liquide qui leur permet de construire des immeubles à plusieurs étages. Pour lui, cette masse d’argent proviendraient des opérations illicites dont le trafic de drogue. La RD Congo en général et les villes de Kinshasa et de Lubumbashi en particulier sont envahies par des « hommes d’affaires » indo-pakistanais et libanais opérant dans les secteurs de l’alimentation, le « commerce général » et la banque. C’est le cas notamment du staff dirigeant de la toute-puissante société « Congo-Futur » installé dans la tour TOUR POWER, propriété d’un sujet libanais dont l’oncle serait décédé dans un crash d’avion d’Ethiopian Airlines au large de Beyrouth le 25 janvier 2011. Une société dont on dit que la famille Kabila y disposerait des parts importantes.

Un communiqué, rendu public le 9 décembre 2010 depuis Washington D.C. (Etats-Unis) et portant le sceau officiel de ‘US Department of Treasury’ (Trésor américain) sous le titre : «Treasury targets Hizballah financial network» (Le Trésor cible le réseau financier du Hezbollah), indexe la RDC comme l’une des plates-formes de financement des groupes terroristes comme le Hezbollah libanais. Le document accuse nommément les propriétaires du géant congolais de commerce général « Congo Futur » d’implication avérée dans le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Pour le Trésor américain, la RDC serait devenue une plaque tournante du blanchiment des capitaux en vue de financement de certains groupes terroristes, notamment ceux indexés comme tels par le département d’Etat américain. Et ce, en dépit des efforts internes entrepris, notamment sous la houlette de la Banque centrale du Congo pour mettre fin à ces deux fléaux. La Cellule des renseignements financiers (Cenaref), une structure répressive qui a été créée pour cette fin, sombre encore dans l’immobilisme, alors que pour le Trésor américain, la RDC serait devenue un dépotoir des capitaux sales. Dans les milieux des affaires de la RDC, tout comme dans différents cercles politiques, le sujet était sur toutes les lèvres. (Lire aussi Le Potentiel – 17-12-2010

Blanchiment des capitaux et financement du terrorisme. -Congo Futur dans le collimateur des Etats-Unis

Dans un article signé Baudouin Amba Wetshi du quotidien en ligne Congoindependant.com, le journaliste se pose la question si « l’homme d’affaire Kashim, dont on pense faire partie des victimes du crash du vol 409 d’Ethiopian Airlines du 25 janvier à Beyrouth et qui serait présenté, à tort ou à raison, comme étant le patron de la société « Congo Futur » aurait-il été un des financiers du Hezbollah? Et que ses avoirs, au niveau international, avaient été gelés. » La C.I.A le tenait à l’oeil. D’aucuns vont plus loin en imputant, à tort ou à raison, au Mossad israélien la destruction en vol de l’avion éthiopien. D’autant que deux semaines après le crash du Boeing 737-800 d’Ethiopian Airlines, les dirigeants de cette compagnie aérienne – une des meilleures du continent -, ont fait savoir qu’ils n’excluaient «aucune piste, y compris celle du sabotage, jusqu’à ce que l’on connaisse les résultats de l’enquête». Les responsables de cette entreprise balaient par ailleurs d’un revers de la main les allégations selon lesquelles l’accident aurait été provoqué par une «erreur de pilotage». Cette annonce tranche avec la déclaration – précipitée ? – faite par le président libanais quelques heures après la catastrophe écartant l’hypothèse d’un acte terroriste. Cinquante-quatre Libanais établis au Congo-Kinshasa se trouvaient à bord de cet avion dont un certain Kashim qui serait un des principaux actionnaires voire le « véritable patron » du Groupe «Congo-Futur». Spéculation, intox ou vérité ? Cette désignation vise également deux de hauts financiers du Hezbollah en Afrique : Les frères Ali et Hussein Tajideen qui génèrent des millions de dollars dans le financement du réseau multinational et régional africain du Hezbollah, selon le sous-secrétaire pour le terrorisme et le renseignement financier, Stuart Levey.

Sous le titre « Treasury targets Hezbollah financial network », le Trésor américain désigne les frères Ali et Hussein Tajideen, opérant également en Gambie, au Liban, au Sierra Leone, en Angola, et aux îles Vierges britanniques ; propriétaires en RDC du groupe « Congo Futur » comme pions majeurs de réseau financier du Hezbollah. Pour Washington, les deux frères, d’origine libanaise, travailleraient dans la collecte des fonds en vue de fournir le soutien financier au Hezbollah. Tous deux, toujours selon le document du Trésor américain, sont les frères et partenaires commerciaux de Kassim Tajideen, un important contributeur financier au Hezbollah, qui a été désigné depuis mai 2009 par le Trésor comme un «Specially Designated Global Terrorist (SDGT) » en vertu de l’Executive Order (EO) 13224. Dans son communiqué, sans en dévoiler le contenu, le Trésor américain avait annoncé des sanctions à l’égard des personnes et entreprises citées. Il a fait mention notamment de la possibilité de les isoler à partir des États-Unis des systèmes financiers et commerciaux internationaux. Il n’est pas exclus que certains congolais fassent partie de la liste des personnes mises en quarantaine. D’où leur rapprochement avec les pays de l’Orient !

Fin de la Première Partie

4.  La Menace de la forte présence des opérateurs Indo-Pakistanais

Beaucoup d’opérateurs indo-pakistanais opèrent librement en RDC sous la protection des certaines autorités de Kinshasa. Cette liberté d’action leur laissée par les autorités congolaises, devient inquiétante lorsque cela implique le secteur hautement stratégique minier, notamment dans l’exploitation artisanale et illégale dont l’Uranium ; ou lorsque cela concerne le secteur bancaire : blanchiment d’argent. L’information reprise ci-dessous est assez éloquente sur les implications douteuses des entreprises indo-pakistanaises dans les pillages des ressources de la RDC. En effet, la Radio onusienne Okapi rapportait le 05/05/2010 qu’une entreprise indopakistanaise, La société minière de diamant du Sankuru, née du partenariat entre une firme indopakistanaise de droit chinois (Ndlr : quel melting-pot ?) du nom d’Indo Afrique Mining et la Minière de Bakwanga (Miba), se serait volatilisée avec plus d’un milliard huit cent millions de Francs congolais (environ 88 millions d’euros) des droits de redevances qui dataient de 2006. Ces révélations faites par la Direction provinciale des recettes du Kasaï Oriental qui a accusé la Miba d’avoir encouragé cette fraude. Le rapport des travaux de la commission de révision des contrats miniers indique qu’il s’agissait d’une joint-venture en vue de l’exploration et l’exploitation des gisements diamantifères sur la rivière Sankuru. Une association où la Miba était minoritaire avec 49% des parts, alors qu’Indo Afrique Mining en possède 51%.

La forte présence des opérateurs indo-pakistanais s’accompagne en même temps de la floraison des institutions bancaires dans un pays post-conflit caractérisé par une structure économique fragile et désarticulée. Et pourtant, les banques, en tant qu’opérateurs générateurs des capitaux, constituent le moteur du décollage économique et de la création d’emplois via les investissements et crédits octroyés. De ce fait, elles sont donc des canaux incontournables devant stimuler la croissance économique. Pour cela, elles doivent orienter leurs actions sur les opérations encourageant l’épargne, le financement des entrepreneurs, des PME et des coopératives via des crédits et micro-crédits devant leur permettre de lancer ou d’étendre leurs activités en touchant une part importante de la population, censée constituer la classe moyenne, capable de soutenir l’économie nationale. Seulement, dans le cas de la RDC, la prudence doit être de mise dans la mesure où, bon nombre de banques y installées dernièrement se livrent très peu dans les activités d’investissements et de financements des projets à vocation socioéconomique. Elles préfèrent, par contre, s’orienter vers les activités de transactions en tant qu’intermédiaires. Cela, afin d’éviter le piège de voir ces banques privilégier des opérations de nature à fragiliser davantage ce secteur déjà défaillant à sa base. Surtout que le secteur bancaire des pays dits fragiles ou instables est un des secteurs ayant plus d’interconnexions avec des circuits mafieux, notamment par la mise en place d’un système insidieux de blanchiment des capitaux en créant des zones d’ombre de sorte à détourner les banques de leur mission première.

Parmi les opérateurs et les banques islamiques actifs en RDC, on peut citer :

La Bank of Credit and Commerce International (BCCI), fondée avec le soutien du souverain d’Abou Dhabi, Cheikh Zayed, en 1972 par un financier pakistanais aussi véreux que charismatique, Agha Hasan Abedi, s’est spécialisée dans l’escroquerie financière au détriment de ses déposants, a aidé des chefs d’État à siphonner les ressources de leur pays, a travaillé de pair avec Saddam Hussein et Manuel Noriega et s’est livrée au trafic d’influence à Washington ou à Londres en bénéficiant de la cécité, de la complaisance, si ce n’est de la complicité de la Réserve fédérale américaine, de la Banque d’Angleterre, de la CIA et de la City  à Londres.

La Raw Bank, branche commerciale du groupe indien Rawji, créée en 2002, active en RD Congo depuis près d’un siècle et très diversifié. C’est un des grands conglomérats de l’économie congolaise actuelle, dans lequel l’on compte également Beltexco, Marsavco,…

La banque d’affaires « Millénium finance corporation » fondée en 2005 et a pour actionnaire de référence la « Dubaï Islamic Bank-DIB » associée à d’autres banques du Moyen-Orient.

5. Une dangereuse mafia du trafic illicite de l’Uranium au cœur du pouvoir congolais

A titre d’illustration, nous faisons part des informations recueillies des sources dignes de foi sur les activités auxquelles se livrent certains membres du cercle du pouvoir. Ces sources sont parvenues à tracer l’itinéraire d’un dangereux trafic de l’uranium.

Patrick Bologna : sujet italien  marié à la sœur de l’épouse de Kabila et député récemment validé aux législatives de 2011 et Dany Banza, député provincial du Katanga seraient impliqués dans le trafic illicite d’uranium via Kigali par Gisenyi. Ils bénéficieraient de l’escorte du lieutenant rwando-congolais Hubert Kahozi, travaillant également sous couvert des services de renseignement rwando-congolais. Il semble que lors des traversées Goma-Gisenyi, Hubert Kahozi troquerait son uniforme FARDC pour celui de RDF (Rwanda Defence Forces). Il semble que Bologna, Banza (Tous deux membres d’un parti nouveau alimentaire dénommé ACO : Avenir du Congo) et Zoé Kabila, le frère du Président congolais utilisent deux corridors pour sortir l’uranium et le cuivre du Katanga via la Zambie vers l’Afrique du Sud et via la Tanzanie vers Rwanda. L’Uranium est vendu à Dubaï. Les transactions et la livraison des marchandises se font dans un Hôtel dénommé BUDDHA-BAR DUBAÏ. Un hôtel de luxe où Bologna et Zoé Kabila possèdent des parts, selon des sources dignes de foi. C’est au nom de la société de Patrick BOLOGNA, BOLPAT CORPORATION « BOLOGNA PATRICK CORPORATION » que les transactions relatives à la vente de l’uranium sont effectuées auprès de clients arabes via des intermédiaires ukrainiens à Dubaï. Notons que Patrick Bologna est un sujet italien, possédant le passeport n° YA 002135, délivré le 11 janvier 2010 devant expirer le 13 août 2013, repêché et proclamé député national par la CSJ alors qu’il avait admis sa défaite. De plus, compte tenu de sa proximité avec le milieu de la musique congolaise, friande de l’Occident, il a longtemps travaillé comme agent de l’ANR extérieur, dont il percevait un salaire mensuel, en vue d’infiltrer certains milieux de la diaspora congolaise en occident.

D’ailleurs, une partie des dividendes engrangés dans ce traffic illicite ont permis à Zoé Kabila de s’offrir  une résidence immobilière aux Etas-Unis en novembre 2010. Un autre contact anonyme dans ce dossier très sensible nous a fait savoir que les dividendes du marché illicite de l’uranium, qui rapporterait au minimum 300.000$ US par voyage.  Nous en avons eu la confirmation via une source protagoniste à ces transactions et négociations.

D’autres sources anonymes ayant eu accès à l’entourage du feu, le « Tout-Puissant » Augustin Katumba Mwanke, mais furieux du démantèlement de leur réseau d’influence auprès de Joseph Kabila après la mort de ce dernier, m’ont affirmé la possibilité d’une présence des libanais proches d’Al-Qaida au Congo, qui travailleraient dans le secteur de blanchiment d’argent avec Zoe Kabila. Ils ont en outre indiqué des interconnexions avec le Groupe « Millenium Finance Corporation », dirigé par Mr. Keba Keinde. Un groupe financier qui a réalisé d’importants investissements suspects depuis 2010 dans plusieurs secteurs d’activités en RDC, notamment les domaines agricole, minier et immobilier. S’agissant du spectaculaire « boom immobilier » constaté ces dernières années à Kinshasa et dans les grandes villes du pays, pour des criminologues avertis, deux indices peuvent expliquer le boom immobilier dans un pays post-conflit : soit une véritable émergence économique comme l’ont connu les pays du Sud-est asiatique (ASEAN) ; soit une réinjection de l’argent sale issu des bénéfices tirés des activités mafieuses dans le circuit immobilier. Il est impressionnant de constater avec effroi que la situation d’explosion immobilière anarchique que connait actuellement la RDC ressemble à s’y méprendre à celle du Liban au sortir des années 1980. A chacun de tirer sa propre conclusion.

Enfin, pour son implantation en RDC, notons que le Groupe Millenium Finance Corporation aurait bénéficié des largesses, via le versement des commissions illicites, de la part du premier ministre sortant, Adolphe Muzito, dernièrement mise en cause par l’ex-député de sa propre mouvance politique, Gérard Mulumba dit GECOCO, qui a démissionné de son propre gré depuis en quittant sa famille politique. Rappelons que ce groupe a pour actionnaire de référence la « Dubaï Islamic Bank-DIB », mentionnée plus haut. Ainsi la toile d’araignée détricote ses ramifications.

6. L’infiltration d’Al-Qaïda en Afrique et en RDC

Depuis 2002, la présence de djihadistes internationaux s’est accrue au Sahel. Al-Qaïda cherchant à y créer une zone refuge pour ses cadres et ses militants forcés de s’expatrier suite à la guerre au terrorisme déclenchée par les Américains. En effet, Al-Qaïda, chassé des montagnes d’Afghanistan, n’étant plus parfaitement en sécurité au Pakistan et en Iran, cherche des havres sûrs pour y installer des facilités logistiques permettant d’abriter et d’entraîner ses activistes afin de les renvoyer au combat contre les « apostats et les mécréants », vers de nouvelles zones de bataille au nombre desquelles figurent la corne de l’Afrique, le Sahel, la partie orientale et de l’Afrique (Kenya, Ouganda et Tanzanie), les confins de la partie nord-est congolaise; avec le risque de contamination sur l’ensemble de ce pays instable et post-conflit.

Les réseaux terroristes trouvent en Afrique une zone de repli idéale, d’autant qu’aucune politique organisée visant à a démanteler le terrorisme n’a véritablement été mise en place. Ce laxisme se double d’une corruption endémique qui facilite la liberté de manœuvre des terroristes. C’est pourquoi les Etats-Unis insistent désormais sur l’importance primordiale que revêt le continent noir dans le cadre de la lutte antiterroriste1. Avant d’entamer sa tournée africaine qui l’a mené successivement au Sénégal, en Afrique du Sud, au Bostwana, en Ouganda et au Nigéria, le président Bush a annoncé que son administration allait débloquer une enveloppe de 100 millions de dollars pour soutenir les pays africains dans la lutte contre le terrorisme. Cette aide sera surtout employée à améliorer la sécurité des ports et des aéroports, qui assurent le commerce international avec les Etats-Unis. Mais cela concerne aussi l’assistance militaire. Discrètement, les Américains installent au Mali d’importants moyens de lutte antiterroriste. Une nouvelle ambassade est en cours de construction. Le bureau local de la CIA est en train de devenir l’un des plus importants de la région sahélienne. Depuis le Mali, les Américains surveillent tous les mouvements caravaniers de la région liés au trafic d’armes et à l’intégrisme islamique, ainsi que les réserves pétrolières du sud de l’Algérie ou opèrent des sociétés pétrolières américaines (La lettre du continent, n° 432, 9 octobre 2003, p.6.)

Au Maghreb, Al-Qaïda (AQMI: Al-Qaïda au Maghreb) s’appuie essentiellement sur le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien d’Hassan Hattab. De 1999 à 2000, des écoutes téléphoniques ont révélé que des liens personnels existaient entre le chef historique du GSPC et Ousama Ben Laden. Ce serait d’ailleurs ce dernier qui aurait poussé Hassan Hattab à fonder le GSPC en septembre 1998 après qu’une fatwa condamnant les dérives meurtrières des GIA ait été lancée par le Jordano-palestinien Abou Koutada, le représentant d’Al-Qaïda en Europe. Depuis, ce mouvement algérien a mis ses réseaux européens à la disposition de la nébuleuse Al-Qaïda. En échange, le GSPC reçoit des financements pour poursuivre la lutte en Algérie.

Au Sahel, l’inflation des mouvements terroristes et groupuscules armés très mouvants et dynamiques, spécialisés dans les guerres de type asymétrique, difficiles à éradiquer. Depuis la guerre de Libye, des pans de territoires s’étendant de la région du Sahel jusqu’au nord Cameroun sont devenus des non man’s land qui pourraient à terme devenir des viviers propices et des zones fertiles de propagation de l’islamisme fondamentaliste. Des sanctuaire de l’AQMI et des groupuscules islamistes contestant les pouvoirs locaux. Un terreau d’expérimentation de nouvelles stratégies d’action fondamentaliste musulmane qui se délocalise du Proche-Orient et de l’Asie centrale pour trouver un nouveau souffle en Afrique. Ainsi, la faiblesse des structures étatiques des Etats africains marqués par l’absence de l’autorité de l’Etat sont des catalyseurs qui facilitent cette expansion

Dans la corne d’Afrique, le « Jammat e-Djihad Eritre » actif en Erythrée et en Somalie est considéré comme un mouvement associé à Al-Qaeda depuis que son chef politique, le Cheikh Arara, a connu Ben Laden lors de son séjour dans le pays de 1992 à 1996. Leur officier de liaison serait Mohammed al-Kheir. Au Soudan, le vieux leader islamique, Hassan Al-Tourabi, encore président du « congrès populaire », avait été libéré après presque trois ans de maintien en résidence surveillée. Il a été réincarcéré à la fin mars 2004, soupçonné par le régime du président Omar Hasan al Bachir, d’avoir voulu participer à un putsch. Etant donné sa position très surveillée, il est peu probable qu’il ait maintenu des contacts avec Ben Laden. Cependant, il est vrai que la menace fondamentaliste musulman, qui est déjà active à la corne de l’Afrique et au Sahel, et signalée en Afrique Orientale, est bien réelle et que cette menace est déjà aux portes de la RDC. Elle risque d’atteindre les zones sensibles de ce pays fragile, dont les Kivu et l’Ituri constituent le ventre mou et poreux.

En ce qui concerne la RDC, un officier ougandais aurait témoigné qu’il était possible de transporter des explosifs ou armes à partir de la Libye ou du Tchad pour les acheminer en RDC. Les analystes estiment que les frontières poreuses de la RDC constituent un couloir ou une porte d’entrée pouvant faire des intérêts occidentaux en RDC ou dans le monde une cible potentielle des terroristes ou une plaque tournante à partir de laquelle peuvent être menées des actions terroristes. Dans la partie frontalière entre la RDC, l’Ouganda et le Soudan, les contrôles frontaliers formels étant inexistants, la corruption et l’absence des structures étatiques viables rendent théoriquement cette région d’Afrique des grands-Lacs susceptible de devenir une plaque tournante de trafic illicite d’uranium. La corruption endémique en RDC est d’ailleurs considérée par les services de renseignement américains, pire que l’épidémie de VIH/AIDS.

Le chef d’état-major général ougandais James KAZINI, a déclaré qu’il est possible de tout transporter à partir de cette partie de la RDC vers le Tchad ou via le Lac Albert ou le Lac Tanganyika du fait de l’absence de l’autorité de l’Etat (Terrorists’ Would Love Eastern Congo, Matekopoko in BBC, 17 Dec 2002”). Il déclarait posséder des documents prouvant la tentative échouée d’Oussama Ben Laden d’exploiter l’axe montagneux de la Ruwenzori pour infiltrer la zone frontalière entre l’Ouganda et la RDC, en alliance avec un groupe rébelle ADF (Allied Democratic Forces). On se demande si avec la pfrte présence libano-indo-pakistanais et le chèque en blanc leur concédé dans presque tous les domaines d’activités économiques, cela n’est déjà pas fait.

7. Le Groupe Al-Shabaab : une menace qui se répand en Afrique

Les shabaab, dont la création remonterait à 2006, étaient à l’origine le mouvement de la jeunesse des Tribunaux islamiques, qui ont contrôlé brièvement la Somalie au deuxième semestre 2006 avant d’être mis en déroute par l’armée éthiopienne. Tandis que la majeure partie des dirigeants des Tribunaux partaient en exil, les combattants restés en Somalie pour combattre les troupes éthiopiennes s’unissaient sous la bannière shebab, (ou Al-Shabaab) qui devint de fait le bras armé du mouvement islamiste somalien. Ce groupe veut mettre en application une forme très stricte de la Charia (loi islamique). Le chef des shabaab, Mohamed Abdi Godane, alias Abou Zubaïr, est un religieux natif du Somaliland qui compense ses très rares apparitions publiques par la diffusion de messages enregistrés via des médias locaux ou internet. Les shebab, qui contrôlent environ 80% de la Somalie, seraient en mesure de mobiliser 7.000 hommes, dont 3.000 réellement aguerris. Le mouvement comprend une branche armée, « Jeish al-Usrah » (« L’armée de la souffrance »), et une police religieuse, principal organe de propagande connu sous le nom de Jeish al-Hisbah (« L’armée de la moralité »).

En octobre 2008, les shabaab franchissaient un cap en organisant des attaques suicide simultanées dans les deux régions autonomes du nord de la Somalie, le Puntland et le Somaliland. Courant 2009, un afflux sans précédent de combattants étrangers renforçait les craintes des Etats-Unis et de leurs alliés de voir la Somalie devenir un nouveau sanctuaire d’Al-Qaïda.

Jusque récemment, le groupe poursuivait des objectifs strictement internes à la Somalie et des discussions avec les dirigeants du mouvement permettaient aux agences humanitaires d’acheminer et de distribuer leur aide. En effet, ce groupe somalien, qui a officiellement prêté allégeance à Oussama Ben Laden en septembre 2009, n’hésite pas à menacer l’étranger. Il s’en est pris d’abord au Kenya, accusé de former les militaires des forces du gouvernement de transition4. Ensuite Al-Shabaab a menacé de frapper au coeur des capitales de l’Ouganda et du Burundi, pays frontaliers à la RDC, en représailles à la participation des militaires de ces pays à l’AMISOM, considérée par les islamistes comme une force d’occupation5. Des menaces à prendre très au sérieux compte tenu de l’allégeance faite par les shabaab à Al-Qaïda qui a déjà durement frappé le Kenya et la Tanzanie, en août 1998, lors des attaques contre les ambassades américaines à Nairobi et Dar Es-Salam. D’ailleurs ces attentats avaient été préparés en Somalie. Selon des responsables de l’AMISOM certains des combattants d’Al Shabaab seraient ougandais, provenant du mouvement rebelle ougandais ADF opérant dans les montagnes du Ruwenzori à la frontière ouest de l’Ouganda avec la RDC. (Nicolas Gros-Verheyde – Afrique Est – Somalie Ouganda, 8 janvier 2010)

S’agissant du double attentat suicide qui a visé un restaurant éthiopien et le bar d’un club de rugby qui retransmettaient la finale de la Coupe du monde de football tuant 76 personnes le 11 juillet 2010 à Kampala, dans la capitale ougandaise, les insurgés somaliens shabaab ont été désignés comme étant les principaux suspects de ces actes terroristes. Depuis, ils ont gagné en envergure et en notoriété pour se présenter comme étant les représentants attitrés d’Al-Qaïda en Afrique de l’Est. Ce mouvement islamiste radical, à la tête d’une insurrection contre le fragile gouvernement de transition somalien, n’a certes pas revendiqué la paternité de ces attaques. Mais des sites internet proches du mouvement se sont félicités de ces attentats perpétrés dans un pays pourvoyeur de la moitié des troupes de la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom) tandis que des dirigeants shabaab avaient menacé de telles attaques au début du mois.

Si leur implication dans les explosions de Kampala se confirmait, ces attentats marqueraient leur première action d’envergure à l’extérieur de la Somalie, ultime étape d’un processus visant apparemment à acquérir la franchise Al-Qaïda pour l’Afrique de l’Est et Centrale. Les explosions de Kampala sont les plus meurtrières dans la sous-région depuis les attentats d’août 1998 contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar es-Salaam qui avaient fait plus de 200 morts et avaient été revendiquées par Al-Qaïda. Plusieurs suspects recherchés pour ces attentats ont été repérés ces dernières années en Somalie, parmi eux le Comorien Fazul Abdullah Muhammad, qui occuperait un poste important dans la hiérarchie. Il n’est pas exclus que ce groupe ou d’autres mouvements radicaux islamistes, profitent du grand rendez-vous international de la Francophonie prévue en octobre à Kinshasa, pour faire parler à nouveau la poudre. Car en quête d’une nouvelle identité, existence et territorialité depuis la mort de Ben Laden et l’affaiblissement et l’expulsion des activistes wahhabites et salafistes d’Al-Qaïda des zones tribales pachtounes turbulentes et irrédentistes pakistano-Afghanistanes. Leurs confrères d’AQMI occupent de plus en plus le terrain dans le Sahel.

Concernant la liquidation de Ben Laden, chose étrange, la RDC, par la voix de son ministre des Médias et porte-parole du gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC), Lambert Mende Omalanga, a été le seul pays d’Afrique Centrale à avoir condamné l’exécution d’Oussama Ben Laden, dans une interview à la radio privée Top Congo : « Nous ne soutenons pas le terrorisme, mais il aurait fallu l’arrêter, l’entendre et le juger », a-t-il souligné. Pour Mende, ce que les Etats-Unis ont fait c’est combattre le mal par le mal. Ben Laden, chef d’Al-Qaïda, considéré comme le symbole du terrorisme, a été tué le 1er mai dans sa villa d’Abbottabad, à 80 km de la capitale pakistanaise, Islamabad, au cours d’une opération menée par un commando américain. Qu’est ce qui a poussé le griot de Mr Kabila à faire une pareille déclaration qui cacherait sans doute une anguille sous roche ?

8. Pour un nouveau réinvestissement des partenaires traditionnels en RDC pour contrer la menace terroriste ?

Depuis la Seconde Guerre mondiale, les USA se sont installés en Afrique centrale, particulièrement en RDC, pour s’opposer à l’expansionnisme communiste de l’URSS. Après l’effondrement de l’URSS, les USA se sont désengagés peu à peu de cette zone d’Afrique et n’y ont maintenu qu’une présence économique, par l’entremise des firmes minières et pétrolières, de sorte que les USA n’ont même pas répondu à empêcher le génocide au Rwanda en 1994. Le président Clinton est allé présenter des excuses plus tard à Kigali (capitale du Rwanda), à partir de l’aéroport. Les interminables conflits qui secouent ce pays riche en minéraux depuis environ 15 ans commencent à inquiéter l’Administration américaine. Et depuis peu, on constate que les Etats-Unis commencent peu à peu à (re)consacrer un intérêt particulier à la situation sécuritaire de la RDC.

Les Américains tentent actuellement de parer cette menace. Toutefois, leurs intérêts en Afrique ne sont pas uniquement sécuritaires, mais également politico-économiques. Constance Newman, l’ex- secrétaire d’Etat adjointe aux affaires africaines soulignait en mai 2004 que « l’Afrique est un continent au potentiel illimité, et nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider les Américains à réaliser ce potentiel, à aider les Africains à réaliser ce potentiel et à créer, ensemble, un avenir plus prometteur ». C’est ainsi que les experts estiment qu’au cours des prochaines années, l’Afrique va couvrir 30 % des besoins en pétrole des Etats-Unis. C’est ainsi que l’on peut remarquer une impressionnante présence américaine en Angola où l’ambassade américaine à Luanda est transformée en une forteresse abritant des centaines de marines US prêts à intervenir pour assurer la protection de leurs intérêts pétroliers dans ce pays.

Parlant de l’aspect sécuritaire, nous observons que Washington met progressivement en œuvre un programme majeur pour conserver la main haute sur la RDC qui doit lui servir de « zone avancée » en Afrique. Ce programme a pour ambition d’intensifier la présence des USA sur le plan des opérations militaires et autres en RDC. En effet, la RDC fait progressivement l’objet d’une nouvelle stratégie géopolitique « hot spot » des USA, notamment dans le cadre du renforcement de l’AFRICOM. Au Rwanda, en Ouganda comme au Burundi, l’argument ethnique fait de moins en moins recette. Voici les dirigeants de ces pays changer de stratégie en mettant en avant les menaces terroristes qui pourraient toucher leurs pays respectifs au départ de la RDC. Cela, pour justifier entre autres les interventions de leurs armées respectives en RDC et ainsi faire les yeux doux aux USA, très sensibles à cette question. Rappelons que le Burundi a notamment envoyé en Somalie un contingent militaire de plusieurs milliers d’hommes dans le cadre de l’Afrisom (l’opération militaire de l’ONU). Cet engagement lui vaut, à l’instar de l’Ouganda, d’être menacé par une action punitive des chebab, les islamistes somaliens liés à Al-Qaïda. Quant au Rwanda, il a déployé trois mille trois cents casques bleus au Darfour, dont un contingent féminin. Alors que l’Ouganda est engagé depuis des années dans la lutte contre la rébellion LRA de Kony que Kampala accuse d’accointance avec le régime de Khartoum au Soudan. Toutes les raisons pertinentes pour pousser Al Qaïda ou les milices shebab ou leurs autres alliés financées par les filières islamistes contrôlant l’économie grise congolaise, à mener des actions de représailles comme à Kampala en 2010 contre ces pays au départ de l’Est instable et poreux de la RDC.

Conclusion

Face aux menaces ci-haut décrites, la RDC a besoin d’un soutien appuyé des pays alliés traditionnels pour l’accompagner dans la réalisation d’une vision politique visant à faire de la RDC un « containment » contre le terrorisme et le fondamentalisme musulman. Mais cela doit d’abord passer par l’instauration de la paix, la sécurité et la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du pays. Cela permettrait d’éviter de voir la RDC, du fait du caractère transnational des menaces terroristes induites par la poussée de l’intégrisme en Afrique, devenir une partie intégrante d’un champ de confrontation plus extensive. Sur le plan international, cela nécessite de définir d’abord un cadre global et multilatéral de coopération internationale. La coopération multilatérale et non les diverses coopérations bilatérales aux contours flous privilégiés actuellement par Kinshasa, serait le cadre le plus adéquat pour apporter une réponse holistique, proportionnée et maîtrisée sur le caractère transnational et géopolitique de l’insécurité, de la criminalité transnationale, en ce comprise la menace terroriste et les pillages des ressources congolaises via des circuits mafieux. Cette coopération multilatérale avec les pays traditionnellement alliés du Congo, premières cibles potentielles de la menace terroriste, tout en répondant à leurs préoccupations sécuritaires, doit également aboutir au renforcement de capacités de l’Etat congolais dans les domaines de la réforme des services de sécurité, de la recherche et l’analyse du renseignement, des opérations militaires, des investigations judiciaires, de la détection des transactions financières suspectes et des trafics illicites des matières premières pour lutter efficacement contre la pénétration d’Al-Qaïda en Afrique centrale dont la RDC constitue un terreau idéal de germination.

Comme on le sait, la realpolitik n’a pas pitié des faibles, les difficultés de la RDC pèsent sur les transformations de l’Afrique centrale et menacent la sécurité internationale si rien n’est fait. En effet, ces difficultés sont alourdies par la régression démocratique qui s’enracine à la suite de la crise de légitimité qui couve dans le pays depuis bientôt deux ans. Une crise qui n’est pas prête de trouver une solution politique dans l’immédiat avec le rejet en bloc par l’opposition et une bonne partie de la société civile influente en RDC de la convocation des concertations nationales par le président Kabila.  D’autant que des bouffées de violence dans plusieurs parties du pays commencent à s’accentuer en convergence avec la déliquescence des services de sécurité faisant de ce pays un sanctuaire du commerce illégal des ressources naturelles, une plaque tournante des différents trafics illicites (drogue, êtres humains, blanchiment d’argent, crime organisé de tout genre…) et pourquoi pas une base arrière et un réservoir fécond des groupes terroristes au point de menacer les intérêt géostratégiques des pays alliés traditionnels de la RDC.

Les engagements contenus dans l’accord-cadre d’Addis-Abeba, en tant que réquisitoire sévère contre le Gouvernement Congolais, montrent que le régime congolais fait preuve d’un déficit de vision géopolitique sur les grands enjeux stratégiques nationaux et internationaux de notre siècle et de la région. La gouvernance sécuritaire chaotique dénoncée récemment par Obama depuis Dar-es-Salam qui a demandé à Kabila de « faire plus » pour la sécurité en RDC est un signal fort adressé aux autorités congolaises de s’activer à prendre le taureau par les cornes. En voulant rester indifférent face cette exigence américaine, en laissant l’insécurité et l’impunité persister dans cette partie orientale du Congo et en menant une politique qui paupérisent les populations, risquent d’accentuer les menaces d’instabilité non seulement sur le Congo mais également sur toute la région des Grands Lacs, faciliter l’implantation et la consolidation des mouvements islamistes qui mettraient en danger les intérêts sécuritaires des pays traditionnellement alliés à la RDC au départ du Congo. Le déficit de gouvernance en RDC – générateur d’injustices, d’insécurité et de frustrations tant à l’intérieur du pays que dans le chef de nos voisins – finira tôt ou tard par exacerber la communauté internationale, si ce n’est déjà pas fait. La patience de la communauté internationale risque d’avoir des limites car elle ne supportera plus longtemps la persistance d’une situation d’instabilité géopolitique intenable du fait de la fragilité du Congo et de ses institutions républicaines, susceptible d’imploser à tout moment, et aux conséquences régionales et internationales incommensurables.

 

Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Analyste des questions politiques et sécuritaires de la RD Congo
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