Par Lomomba Emongo, écrivain et professeur de philosophie.
La rumeur courrait depuis vendredi 10 février 2012 dans la capitale du Congo-Kinshasa voulant que quelque chose se préparait dans le pays entre le samedi et le dimanche et qu’il valait mieux demeurer très prudent. Des réunions occultes se seraient multipliées dans certaines chancelleries occidentales (Mme Colette Braeckman se serait même trouvée à Kinshasa pour couvrir l’événement) dans le but de désigner Zoé Kabila (frère de Joseph) comme président de la république, Joseph Kabila étant gravement atteint de troubles psychiques (ce qui expliquerait son absence prolongée de la scène publique).
Il est à noter que depuis quelque temps, Zoé Kabila circule en cortège officiel dans la capitale et donne des audiences « officielles » au Palais de la Nation. Toujours selon la rumeur, Katumba Mwanke se serait opposé au projet; d’où son envoi en « mission » à Kigali via l’île d’Idjwi où il devait rencontrer secrètement des émissaires du Rwanda tutélaire.
Naturellement, on se sera assuré que l’avion n’arriverait jamais à sa destination.
Mes observations, cela étant, sont les suivantes :
1. Chacun sait que si la rumeur ne peut rien prouver de manière irréfutable, elle ment rarement quant au fond de ce qu’elle avance. Cela est particulièrement vrai à Kinshasa.
2. Si la rumeur que je viens de rapporter dit un tant soit peu la vérité, c’est que ceux qui ont élevé Joseph Kabila à la tête de l’État congolais après l’assassinat de Laurent- Désiré Kabila travaillent d’arrache-pied pour rééditer le même exploit avec Zoé Kabila.
Y conforte une autre rumeur parlant de la convocation pour le même week-end de l’« accident » des grands du régime à Kingakati en l’absence de J. Kabila.
3. Dans la mesure où l’avion craché appartiendrait à Moïse Katumbi, les pilotes sudafricains devaient sinon connaître l’aéroport de Kavumu, du moins avoir une longue expérience de cette sorte d’aéroport de l’arrière-pays. Ce qui contredit en principe la thèse de l’erreur humaine que propose trop hâtivement Colette Braeckman en dehors de toute enquête autorisée et de toute expertise en matière de crashes d’avion.
4. Comment, au demeurant, des hautes personnalités habituées à voyager en avion n’auraient-elles pas bouclé leur ceinture au moment de l’approche finale vers un aéroport que les pilotes ne connaîtraient pas de surcroît ? À qui donc profite la mort des deux pilotes qu’il aurait fallu désincarcérer et de Katumba Mwanke en la circonstance ?
5. Collette Braeckman décidément très bien informée en très peu de temps nous apprend en passant que l’installation de l’assemblée nationale aurait lieu le jeudi 16 février 2012. L’occasion serait belle pour le régime de sortir la grosse artillerie ; prétexte officiel : la sécurité des officiels ; conséquence prévisible : massacre programmé des manifestants chrétiens pour atteinte à l’ordre public ou quelque chose d’approchant.
Bref, les signes se multiplient, qui ne trompent pas, suivant lesquels plus rien ne va dans le camp de l’usurpateur Kabila. Le peuple du Congo doit réaliser que le pouvoir lui appartient, que même l’usurpateur J. Kabila n’est plus de la partie, que s’il ne le prend pas MAINTENANT, ses ennemis le lui raviront sans faute une fois encore.
Je m’enflamme ? Peut-être oui et peut-être non. J’invite tout un chacun à méditer l’anomalie contenue dans le dernier verbiage du tristement célèbre Lambert Mende :
après avoir allégué les charges les plus graves (dont l’atteinte à la sûreté de l’État) à l’encontre de M. Shabani, ci-devant secrétaire général de l’UDPS, il affirme du même souffle que le « suspect » jouira quand même de sa liberté de mouvement à l’échelle nationale.
Suspecté de participer à un coup d’État (car c’est bien de cela qu’il s’agit) et n’être même pas placé en résidence surveillée…
Le moment est plus que propice pour frapper. Puisse la date du 16 février 2012 entrer dans l’histoire du Congo-Kinshasa comme le jour de la prise du pouvoir par le peuple, le début de l’État de droit et de la libération du pays du joug néocolonialiste ?
Lomomba Emongo,
Écrivain et professeur de philosophie