Par RFI
Le ministre de la Justice de la RDC recommande l’interdiction de la diffusion d’un film sur l’affaire Chebeya. Une affaire qui porte sur l’assassinat en juin 2010 du défenseur des droits de l’homme Floribert Chebeya, qui a donné lieu à un procès fleuve l’année dernière. Le procès s’est soldé par la condamnation de plusieurs officiers de police. Luzolo Bambi reproche au film intitulé « L’affaire Chebeya, crime d’Etat ?», d’être tendancieux, et de porter atteinte à la personne du chef de l’Etat.
Dans une lettre au président de la Commission nationale de censure, le ministre de la justice Luzolo Bambi demande de ne pas autoriser la diffusion du film en RDC.
Le ministre a deux reproches à faire. D’abord, le titre : « L’affaire Chebeya, un crime d’Etat ? » Même si la mention « un crime d’Etat » est suivie d’un point d’interrogation. Ensuite, il est reproché au réalisateur de laisser passer des séquences portant atteinte au chef de l’Etat. Par exemple, dans ce film on revoit des manifestants filmés lors des obsèques de Chebeya, qui scandaient « Kabila assassin au Congo».
Le ministre rappelle dans son courrier que le président de la République a démontré sa volonté de lutter contre l’impunité et permis à la justice de mener ses enquêtes en toute indépendance. Il est demandé au réalisateur Thierry Michel de revoir son montage.
Cette interdiction jette un trouble parmi les ONG partenaires du film qui avaient pu le voir en projection privée à Kinshasa en mars. Parmi les partenaires, il y a aussi l’OIF, l’Organisation internationale de la francophonie, à quelques mois de son sommet qui se tiendra précisément à Kinshasa.
Thierry Michel, Réalisateur belge du film «L’affaire Chebeya, un crime d’Etat ?»:
J’espère que cela a été un excès de zèle d’un ministre aux abois parce qu’il n’a sans doute pas fait son travail, et qu’il essaie par la censure d’étouffer la voix comme on a étouffé la Voix des sans-voix, et comme on a étouffé évidemment Floribert Chebeya.
Site web du film: http://www.chebeya-lefilm.com/