Par DESC-Wondo
C’est vers 14 heures locales que DESC, une des premières sources à diffuser l’information sur l’attaque du 22 juillet, a été informée par deux sources militaires des coups de feu entendus à Kinshasa. C’est alors que entre récolte des informations, analyses et recoupements, réponse aux multiples appels téléphoniques, même de certaines personnalités congolaises, terrées dans leurs résidences que DESC s’est mise tout de même à donner les premières informations sur cette attaque qui a mis Kinshasa en ébullition durant quelques heures et a fait le buzz de l’information comme une traînée de poudre que DESC a compris qu’il fallait publier un flash pour donner les premières informations brutes pendant que la communication gouvernementale kafkaïenne apportait plus de doutes que de sérénité auprès des populations de la RDC et d’autres publics inquiets de se passait dans la capitale congolaise.
Ainsi, sous le titre : Flash : Kinshasa sous les bruits des armes ?, on pouvait y lire :
« DESC vient d’être informée d’intenses tirs à l’arme de guerre qui détonnent depuis ce mardi 22 juillet à partir de 13 heures au niveau du Camp Tshatshi, lieu de casernement de la garde républicaine (GR), chargée de la protection présidentielle. L’information reste confuse et assez fragmentaire quant aux mobiles réels de ces tirs.» (…) « Une source indépendante beaucoup plus crédible parle d’ »un commando non autrement identifié qui a attaqué ‘la poudrière’ (armurerie) du régiment blindé de la GR. Ce commando est muni des armes blanches et des armes à feu ». Jusqu’à 15h45 (heure de Kinshasa), la situation ne semble pas totalement maîtrisée selon certaines sources GR qui défendent le camp Tshatshi. Les services de renseignement de la GR s’étonnent et se posent la question : comment ce commando ait pu atteindre ce lieu stratégique (armurerie) où sont stockés les munitions et les explosifs de la GR? »
« DESC a par ailleurs essayé de contacter plusieurs autres sources de l’Etat-major général, du ministère de la Défense, de la présidence de la République, de la GR et d’autres services spécialisés, sans succès car c’est le silence radio. »
« Aux dernières informations, on signalerait des coups de feu au niveau de l’aéroport international de Ndjili. Mais en réalité ce serait la panique occasionnée par le mouvement des chars de la GR qui ont quitté Kibomango, du côté l’aéroport pour faire mouvement en direction du centre-ville pour appuyer leurs collègues du Camp Tshatshi en tirant en l’air afin d’intimider et de dissuader la population. »
C’est ainsi qu’à la suite du flash info de DESC, plusieurs médias nationaux et internationaux lui emboitèrent le pas, chacune allant avec ses propres suppositions et imaginations, en diffusant parfois tout et n’importe quoi, sans analyse technique préalable, juste pour occuper et saturer l’espace médiatique.
Cependant, l’on peut déjà constater que, contrairement à l’information livrée par le ministre des Médias, le porte-parole du Gouvernement et de Kabila, Lambert Mende, parlant d’une attaque qui a duré 15 minutes et que tout était rentré dans l’ordre vers 14h30 locales, DESC dans son flash-info avait bien indiqué que : « Jusqu’à 15h45 (heure de Kinshasa), la situation ne semble pas totalement maîtrisée selon certaines sources GR qui défendent le camp Tshatshi ». D’autant que pendant que nous parlions avec notre interlocuteur qui se trouvait au niveau d camp Tshatshi, il parlait d’une situation non encore totalement sous contrôle et on pouvait entendre en arrière fond des bruits de tir en armes automatiques.
Bof, la désinformation fait également partie de la politique de communication gouvernementale pour semer la confusion et maintenir l’opinion dans l’ignorance. Et c’est cette confusion qui fait que malgré plusieurs informations, parfois contradictoires les unes des autres et empreintes d’illogismes, l’on constate que toute l’effervescence qui a marqué la fin l’après-midi et la fin de journée du mardi 22 juillet 2014 s’est subitement évanouie. La vie continue comme si de rien n’était et que 48 heures auparavant la vie des habitants d’une capitale de 10 millions d’habitants était mise en danger. Signe évident que cette ultime scène d’attaque finira dans l’oubli comme ses précédentes, sans que les congolais et l’opinion ne sachent vraiment ce qui s’estréellement passé. Autre signe interpellant, que ce soit l’attaque du 30 décembre 2013 et celle du 22 juillet 2014, le point de convergence est qu’elles se sont déroulées pendant la période des vacances parlementaires. C’est comme si que les choses étaient planifiées pour éviter l’interpellation du pouvoir par l’opposition parlementaire. Une opposition qui n’y a vu que de la fumée sans feu et a privilégié la piste de coup monté par le régime.
Ici aussi, il y a fort à parier qu’aucune enquête sérieuse, crédible et indépendante ne sera diligentée pour éclairer l’opinion nationale sur les causes, les mobiles, les auteurs de cette attaque. Nous nous posons par conséquent la question, à quand la prochaine attaque similaire en armes blanches contre la Garde républicaine (GR) ? Laquelle GR doit absolument se donner des raisons ou des alibis pour justifier des exercices de manœuvre, grandeur nature, du même type que les attaques du 30 décembre 2013 et du 22 juillet dernier en vue de se préparer à 2016 où tout porte à croire que le Régime Kabila, qui se prépare vraisemblablement, sur base d’un faisceau d’informations parvenus à DESC, à un coup de force constitutionnel, aura la population et d’autres groupes armés à dos. D’où notre question au général Dieudonné Banze, le commandant Mulubakat de la GR, s’il est très satisfait de la réaction de ses hommes lors de ce qui semble être un exercice de manœuvre visant à tester l’efficacité de son unité.
Plus loufoque encore, la MONUSCO, sans attendre les conclusions de l’enquête et de savoir si on avait réellement fait face à une vraie attaque ou une simulation du pouvoir, s’est empressée de féliciter la réaction des FARDC !!!!!!! Alors que la GR, la seule unité intervenante, échappe au contrôle effectif du chef d’état-major général des FARDC et évolue, en tant que garde prétorienne, comme une armée parallèle et distincte des FARDC. Nous en voulons pour preuve, le traitement inéquitable de traitement entre la GR et le reste de ‘armée clochardisée relayé par DESC dans notre dernière publication ?
DESC n’arrive pas à comprendre cet empressement de la MONUSCO à saluer l’efficacité d’une armée qui déclare avoir été mise au parfum de cette attaque, avoir arrêté la veille les mêmes éléments qui sont tout de même passé à l’acte et ont été violemment abattus le 22 juillet, munis de simples armes blanches, sans prévenir l’attaque et paralyser l’activité économique de la capitale et y semer une panique généralisée. Une attaque qui, plus est, s’est visiblement opérée au mépris du principe de proportionnalité et des règles juridiques du droit humanitaire dans les conflits arlée (jus in bello). Plus étonnant encore, la MONUSCO, qui accompagne la réforme des services de sécurité en RDC, n’a pas pris la peine d’interpeller le pouvoir de Kinshasa ni lui faire la pression pour que la lumière soit faite sur cette action qui pourrait encore recommencer à tout moment tant les services de renseignement et les autorités congolaises investies des missions régaliennes de la sécurité nationale, font preuve de laxisme, de manque d’anticipation en se refusant de tirer des leçons des attaques passées. Tout va très bien en RDC ! Mais qui a bu boira !
La presse, confuse et désabusée, tergiverse et attend d’être éclairée
Fort de la qualité des informations fournies par DESC dans ses publications et analyes ( notamment http://desc-wondo.org/attaque-du-camp-tshatshi-bluff-ou-coup-de-colere-analyse-desc/) et de notre passage à la Radio Okapi (http://radiookapi.net/emissions-2/dialogue-entre-congolais/2014/07/23/ce-soir-retour-au-calme-kinshasa-apres-des-tirs-mardi-au-camp-militaire-tshatshi/), nous avons sciemment opté de ne plus reprendre les informations publiées le jour de l’attaque par d’autres médias, qui n’ont pas pu apporter plus d’éléments pertinents que ceux de DESC. Par conséquent, nous reprenons ci-dessous un condensé sélectionné des publications de quelques médias ayant traité de la suite de ces attaques.
Selon le porte-parole du gouvernement Lambert Mende, des expulsés de Brazzaville ont été identifiés parmi les assaillants. C’est ce que rapportent plusieurs journaux, notamment L’Avenir, qui indique que « l’attaque contre le camp Tshatshi a fait 8 morts dont sept assaillants et un militaire congolais, » selon toujours Lambert Mende.
De son côté, Le Palmarès croit savoir qu’il s’est agi d’une « attaque suicide » organisée par trente éléments de l’ex-Division Spéciale Présidentielle (DSP), c’est-à-dire « des anciens éléments de la garde présidentielle sous Mobutu. » Déjà, indique Le Palmarès, « les services de sécurité sont entrés en alerte en vue de débusquer tous ceux qui, dans le jargon du métier, sont considérés comme des complices passifs » de la « conspiration » de mardi.
Pour sa part, L’Observateur rappelle que «bien des voix, notamment la presse, avaient déjà tiré la sonnette d’alarme sur le danger d’infiltration que courait le pays avec les nombreux expulsés du Congo-Brazzaville qui entraient en territoire congolais en grand nombre et par de nombreuses voies. » Toutefois, indique le même journal, Lambert Mende dit attendre les conclusions de l’enquête en cours, pour déterminer la vraie identité et les motivations des assaillants.
La Tempête des Tropiques note que, trois jours après cet incident, il y a encore un « mystère autour de l’attaque du camp Tshatshi. » On n’en sait pas davantage, en dépit de l’intervention du Porte-parole du Gouvernement, Lambert Mende, dans une interview accordée jeudi 24 juillet à Radio Okapi. De même, Le Palmarès constate que «quarante-huit heures après l’attaque d’un camp militaire de Kinshasa déjà pris d’assaut fin décembre, la question du mobile de cette action et de l’identité de ses auteurs reste sans réponse. »
Aussi, rapporte Le Palmarès, « selon un haut responsable des services de sécurité, les forces de l’ordre ont interpellé environ 80 personnes arrivées à Kinshasa dans le flot des plus 130.000 ressortissants de la RDC expulsés ou partis dans l’urgence du Congo voisin depuis le début du mois d’avril. » Déjà, « la Majorité Présidentielle pointe du doigt l’Opposition » écrit L’Avenir, sur le même sujet. Le journal le tient de la déclaration politique rendue publique hier par la Majorité Présidentielle (MP). L’Avenir relève que la Majorité Présidentielle (MP) met en garde l’Opposition dont, selon cette même plateforme, certains membres « ont nourri les insurgés des ambitions démesurées, pour réaliser leur objectif. »
La Tempête des Tropiques indique, par ailleurs, qu’«il est ardemment souhaité que les conclusions soient vite portées à la connaissance de l’opinion nationale de manière à évacuer le scepticisme qu’elle affiche sur base d’autres dossiers similaires entourés jusqu’à ce jour d’un épais mystère. »
Qu’en pense l’opinion publique fatiguée?
Ce qui s’est passé mardi 23 juillet 2014 de 14 à 16h à Kinshasa au camp Tshatshi pousse plusieurs observateurs à se poser des questions sur l’efficacité des services de renseignements et de sécurité congolais. Selon le porte- parole du gouvernement Lambert Mende et le gouverneur de la ville André Kimbuta il s’est agi d’un groupe d’intrus qui aurait voulu faire une irruption dans l’enceinte du camp Tshatshi. Ils étaient armés des machettes et des quelques pistolets mais ont été neutralisés par les FARDC. Ils ont naturellement été stoppés parce que c’est un site stratégique, c’est le siège du ministère de la Défense avant d’ajouter que leurs identités, leur mode opératoire et leurs motivations seront connus dès les conclusions des investigations en cours.
Mais pour la plupart des congolais ce type de scenario commence vraiment à bien faire. C’est toujours ou bien l’Est du pays ou le Katanga ou surtout Kinshasa commentent plusieurs personnes ayant contacté DESC, certains se sont livrées à se poser une série de questions qui n’auront sans doute jamais de réponses appropriées dans une démocratie où le parlement se réduit à une caisse de résonance du pouvoir : Qui sont ces gens ? Que veulent-ils ? Qu’est ce qui explique ces incidents à répétition ? Pourquoi toujours de gens en petit nombre, faiblement armés ou pas du tout ? Pourquoi souvent le camp Tshatshi ? Mais aussi Kinshasa ? Y a-t-il des complicités ? Et enfin pourquoi des nombreuses enquêtes concernant ces incidents n’aboutissent jamais et ne sont publiées?
Outre ces questionnements, on a également recueilli les réactions suivantes :
Cette attaque prouve à suffisance que l’armée qui a défilé le 30 juin à Kinshasa n’est toujours pas appuyée par ‘un service de renseignement efficace vu le manque de volonté politique et la la négligence du gouvernement de ce secteur qui, pourtant devrait l’avertir au préalable de cette attaque.
A quoi servent la Démiap et l’Agence National de Renseignement (ANR)? Il est temps de moderniser, de professionnaliser, d’opérer un recrutement et une formation de qualité pour les rendre plus efficaces.
La RDC est une république bananière, et Kinshasa sa capitale est une ville fantôme sous l’autorité d’un pouvoir d’occupation qui n’est là que pour faire régner la terreur. ANR est un service qui ne travaille pas pour l’intérêt de la Nation mais, au service de Joseph Kabila. Comment les assaillants qui veulent déstabiliser le régime affaibli de Kabila n’ont toujours eu comme cibles que les camps militaires et comme armes que des machettes? Dans tous les coups montés par le pouvoir de Kabila pour montrer à la face du monde qu’il maîtrise la situation, les assaillants ont toujours utilisé les machettes et attaqué des camps militaires. Kabila n’habite pas au camp Tshatshi, s’il s’agissait d’une attaque destinée à déstabiliser le pouvoir vomi par le peuple congolais, les assaillants allaient utiliser des armes appropriés pour établir le rapport de force avec la garde républicaine et, attaquer Kingakati ou le palais de la nation. Cette histoire d’attaque du camp Tshatshi n’est qu’un montage orchestré par le pouvoir à perte de vitesse pour faire peur aux Congolais…
Quels sont les causes et les objectifs de cette attaque du camp selon le ministre? Pourquoi ces assaillants ont-ils fait cela? Pourquoi n’ont-ils pas été neutralisés vivants car au vu des images publiées sur internet, on voit qu’ils n’avaient pas d’armes à feu. Kabila et Mende ne trouvent-ils pas une autre blague pour distraire les congolais? Un petit groupe d’individus munis de tshingomas (armes blanches) peut-il s’amuser à attaquer un site hautement sécurisé où est caserne l’unité d’élite qui protège le chef de l’Etat ? Un peu de respect pour le peuple congolais qui en a marre et ne mérite pas ça. Certes les congolais sont friands du’ théâtre de chez nous’ et sketches” mais pas celui de la mise en scène répugnante réalisée par des amateurs qui auraient pu à la place s’inspirer de Fiston Saï-Saï, De Londres, Bodo, Tito, Esobe, Mama Kalunga, etc. Des comédiens qui sont plus professionnels que la bande à Mende en la matière.
La majorité présidentielle doit cesser de nous distraire. Pourquoi en moins d’un an les assaillants peuvent tenter de prendre la ville de Kinshasa avec la même méthode ? Que font les services de renseignement ? Kinshasa finit par être le ventre mou et le maillon faible de la RDC, malgré son importance stratégique.
Trêve de distraction, nous sommes fatigués de ces types de scenario puériles. S’il s’est agit réellement d’une véritable attaque armée planifiée comme le fait croire Mr. Mende, avant de mener pareille action; les assaillants devaient réfléchir plus d’une fois en tirant les leçons de l’attaque du 30 décembre dernier et non s’illustrer munis de quelques pistolets et armes. Ce n’est pas du bon sens et Mende finit par nous agacer.
Si la capitale n’est pas sécurisée, le reste du territoire national ressemblera à un petit enfer. C’est vraiment humiliant de la part du gouvernement, nous exigeons plus de lumière de sa part.
Cette affaire est un montage aux empreintes du pouvoir pour distraire l’opinion. Déjà le 30 decembre 2013, Kabila se sentant en difficulté pour mettre en place le gouvernement de cohésion nationale, il va faire le montage de cette affaire honteuse au sujet de Mukungubila et après c’est silence radio et pourtant on raconte qu’il y avait mort d’homme. Le parlement n’a même pas voulu en parler. En mars 2013, les Bakata-Katanga ont défie les forces de l’ordre jusqu’au centre ville où ils venaient de faire flotter leur drapeau. Jusque là c’est silence radio. Qui est tireur de ficelles? C’est Kabila et son gouvernement, car dans tous ces dossiers, aucune autorité civile ou militaire en charge de la sécurité n’a été interpelée ni indexée pour manquement. Quel est cet homme ou cette femme ( à moins d’être un ou une malade mentale) qui s’aventurerait à s’en prendre au camp Tshatshi de la garde républicaine avec des machettes ? De qui se moque-t-on? Est-ce pour rester au pouvoir au-délà de 2016 que Kabila est entrain de créer toutes ces histoires farfelues et rocambolesques?
Les assaillants qui ont tenté de pénétrer dans le camp Tsahtshi ne sont pas des bandits désorganisés même si le porte-parole du gouvernement semblait les
sous-estimer. Ces gens là savent très bien les tenants et les aboutissants de leurs opérations. L’avenir nous en dira plus.
Cette attaque n’est qu’une machination politicienne montée de toutes pièces par ceux là même qui se sont présenté en sapeurs pompiers afin de traduire en actes le message envoyé par le gouvernement lors de l’anniversaire de l’indépendance où il a fait la démonstration de force des FARDC pour intimider tous ceux qui tenteront de soulever leur tête pour protester contre n’importe quelle action politique en préparation.
DESC-WONDO
Défense & Sécurité du Congo
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