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RD Congo : La résolution 2098 et la Brigade d’intervention de l’ONU, un an après et puis?

RD Congo : La résolution 2098 et la Brigade d’intervention de l’ONU, un an après et puis?

RD Congo : La résolution 2098 et la Brigade d’intervention de l’ONU, un an après et puis? IN

Par Jean-Jacques Wondo

Adoptée par le Conseil de sécurité à sa 6943ème séance, le 28 mars 2013, quel bilan peut on tirer de son application sur le terrain ?

Le vote de cette résolution est survenu à la suite de la vive inquiétude ressentie par l’ensemble de la communauté internationale s’agissant de la menace posée par la présence du M23 après sa prise de la ville de Goma en novembre 2012 en violation de la résolution 2076 (2012), ainsi que de la poursuite des violations graves du droit humanitaire international et des atteintes aux droits de l’homme par le M23 et d’autres groupes armés locaux. Cette situation préoccupante augmentait également l’inquiétude de la généralisation de l’instabilité dans tout l’est de la RDC du fait de l’augmentation en parallèle des actions menées par d’autres groupes armés, y compris les FDLR rwandais, l’Alliance des Patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS) et les Forces démocratiques alliées (ADF) au Nord-Kivu, les Maï-Maï Gédéon et les Maï-Maï Kata-Katanga dans la province du Katanga, l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) dans la province Orientale.

Qu’est-ce qui a changé la donne sur le terrain ?

1. Changement de la donne diplomatique internationale et géopolitique dans la région

Il faut le rappeler que la résolution 2098 est consécutive à une série d’intenses activités diplomatiques à la suite de l’indignation générale, de l’inefficacité de la MONUSCO, manifestée au lendemain de la prise de Goma en novembre 2012.

La première de ces initiatives était la signature, le 24 février 2013, sous l’impulsion du Secrétaire général des Nations unies, l’accord-cadre sur la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo dans la région des Grands-Lacs est signé à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, par six chefs d’État africains de la région. Une des valeurs ajoutées cet Accord-cadre est le fait de privilégier une approche globale et multilatérale de solution à la crise régionale des Grands Lacs. Une crise qui nécessite que des solutions soient prises dans un cadre systémique qui tienne également compte de la géopolitique régionale en renvoyant également les États signataires de cet accord à prendre des mesures internes à leurs niveaux respectifs. En effet, l’accord-cadre défend le principe d’intégrité et de souveraineté territoriales du Congo et interdit aux pays de la région de soutenir les rebelles sévissant au Congo à partir de l’extérieur. Ce qui est un mérite et une innovation importance en termes de changement de paradigme dans la résolution de la crise des Grands-Lacs.

Dans la foulée de la signature de cet Accord, le Conseil de sécurité de l’ONU vote le 28 mars 2013 la résolution 2098 renforçant le mandat de la MONUSCO par la création d’une brigade spéciale d’intervention d’environ 3.069 hommes fournis par la Tanzanie, le Malawi et l’Afrique du Sud, et dotée d’une mission offensive contre les forces négatives écumant dans l’est du Congo, dont le M23.

L’action de la brigade internationale aux côtés des FARDC a également permis de renverser, sinon de reconfigurer le rapport de forces régionaux autrefois à l’avantage de l’axe Kampala-Kigali. Avec l’implication de la Tanzanie, en passe de devenir la puissance régionale, aux côtés du Congo et les pressions internationales exercées sur Kagame et Museveni, Kigali et Kampala ont adopté une sorte de profil bas dans leur manière de résoudre les conflits régionaux. Ils ont progressivement, sinon momentanément, abandonné la stratégie belliciste pour privilégier la soft power via les moyens diplomatiques. Cela leur a permis de sauver la face lorsqu’ils ont amené Kabila à la signature des documents de cessation des hostilités, tout en lui pressant de voter une loi d’amnistie en faveur du M23.

Dans la situation actuelle, avec le changement de la conjoncture militaire et diplomatique sur le terrain, favorable au Congo, nous sommes d’avis que la mise en application des engagements par les autres parties non congolaises contractantes de l’accord-cadre pourra être plus aisée si la communauté internationale, notamment la Belgique qui a manifesté une fermeté constante envers le Rwanda, maintient sa pression sur le Rwanda et l’Ouganda.

2. Le changement au niveau de la direction de la MONUSCO

Il faut souligner le rôle plus actif de la MONUSCO qui s’est particulièrement illustré, d’abord, en fournissant des rapports sur l’implication du Rwanda et de l’Ouganda dans le soutien au M23 malgré les tentatives de blocages de Kigali au Conseil de sécurité dont il est actuellement membre. D’autre part, les nominations intervenues à la tête de la MONUSCO dans le courant de l’année 2013 ont été un élément déterminant pour la mise en œuvre de la résolution 2098.

La nomination de Martin Kobler : un écologiste allemand qui a apporté un style différent de son prédécesseur, l’américain Roger Meece qui était un personnage hautain, très raide, évitant le contact avec les populations locales et la société civile, et préférant une bureaucratie et les honneurs d’État. Par son approche interactive et sociale, Kobler se veut plutôt un homme de terrain qui privilégie les valeurs des rencontres personnelles et le contact direct avec la population touchée directement par la guerre. En effet, alors qu’il était l’ambassadeur d’Allemagne au Caire de 2003 à 2006, De Spiegel renseigne qu’il a voyagé à travers l’Afrique avec son fils, en allant du nord au sud par les transports publics. Un autre défi personnel que Kobler se tenait à relever était de laver l’affront de son échec à Bagdad en Irak. Limogé en fin mai 2013 de son poste de Représentant spécial de l’ONU en Irak, pour cause de tromperie et pour son inefficacité et son manque de crédibilité, Kobler se devait absolument de relever le challenge pour redorer son image ternie.

Le choix du Général brésilien Cruz Dos Santos fort d’une expérience satisfaisante en Haïti, adoubée d’une bonne maîtrise de la langue française, ce qui a également facilité la communication avec les autorités militaires congolaises. On peut même ajouter le parallélisme de la configuration morphologique géographique entre la Brésil et la RDC, qui sur le plan de la géographie militaire, a facilité au général Dos Santos la compréhension du terrain militaire congolais.

La fermeté décisive affichée par le lieutenant-général Carlos dos Santos Cruz et Martin Kobler, le chef de la MONUSCO, en faveur de l’option offensive contre le M23 a considérablement influencé le choix de la stratégie et de la tactique qui ont conduit au succès contre le M23. Le nouveau commandant militaire de la MONUSCO, le lieutenant-général brésilien Carlos dos Santos Cruz, et le commandant de la brigade d’intervention, le général de brigade tanzanien James Mwakibolwa, ont également joué un rôle considérable dans la déroute du M23. Ils ont particulièrement exploité au maximum et exécuté à la lettre le mandat offensif leur conféré par la résolution 2098 du Conseil de sécurité, par une attitude plus proactive, pour réaliser des opérations de combat direct contre le M23. Pour ce faire, la brigade de la MONUSCO a eu recours aux moyens technologiques aériens de pointe, à l’artillerie lourde et aux tirs des mortiers en agissant en tant qu’amplificateur de la force en soutien de l’offensive menée par les FARDC contre M23.

3. L’emploi de la stratégie militaire de rupture calibrée en fonction du dispositif ennemi

La stratégie utilisée par la brigade d’intervention de la MONUSCO dans ces opérations a été très déterminante pour la victoire finale, notamment par l’action troupes d’élite tanzaniennes et surtout l’aviation sud-africaine, en appui aux unités au sol. Une tactique victorieuse car Pretoria a retenu la leçon des erreurs de sa débâcle à Bangui où ses unités déployées à Bangui n’étaient pas appuyés par des moyens appui-feu aériens.

Par sa stratégie de bloquer les FARDC déployées le long des deux fronts nord et sud afin de les empêcher de battre retraite, la brigade de la MONUSCO n’a pas laissé aux troupes des FARDC d’autre choix que de passer à l’offensive pour s’en sortir. Cela a marché. En appui aux FARDC, la MONUSCO a également mis en action ses chars, ses pièces d’artillerie et ses mortiers. Ainsi, grâce à des incessants tirs de roquettes et des hélicoptères d’attaque Mi-24 et Rooivalk de l’armée sud-africaine, les troupes des FARDC n’avaient plus qu’à surprendre les défenseurs M23 de Kanyamahoro pour ouvrir la voie à Kibumba et poursuivre leur assaut final jusqu’à leur éviction des collines de Chanzu et Runyonyi[1].

Une autre option opératique efficace mise en place par la Brigade d’intervention est celle dite de la rupture stratégique visant comme résultat de diviser les forces ennemies en plusieurs fractions que l’on peut ensuite battre séparément avec plus de facilités que si elles étaient réunies. La rupture est donc dans le cadre d’une manœuvre militaire l’acte initial qui permet d’engager l’exploitation décisive. Elle n’est pas liée à la percée d’un front, mais bien à la création d’un déséquilibre, de quelque nature que ce soit, d’une nouvelle situation qui ouvre des possibilités auparavant interdites, par le bouleversement de certaines données de base de la situation antérieure[2]. C’est la grande innovation stratégique conçue par les stratèges de la brigade d’intervention de la MONUSCO qui a rapidement fait la différence en faveur des forces coalisées contre le M23. Une option inenvisageable lors de la chute de Goma pour cause de manque de compétence et d’organisation des FARDC en 2012.

En effet, l’action des forces combinées ou conjointes MONUSCO-FARDC, appelées en jargon militaire « combined joint task force », qui ont mené la guerre sur trois fronts – sud, ouest et nord – contre M23 pour la première fois, obligeant le M23 à diviser ses forces déjà affaiblies de l’amputation des 800 combattants fidèles à Ntaganda, ont abouti à la déroute militaire du M23. Le M23 incapable d’occuper tout l’espace militaire de la zone sous contrôle, était obligé de se regrouper en petits groupes qui étaient rapidement pris en tenailles par le dispositif offensif établi par la MONUSCO et les FARDC. Il sera obligé de se retrancher dans montagnes Virunga près de la frontière rwandaise, puis sur les collines de Chanzu et Runyonyi après la chute de Bunagana.

Une fois la rupture des forces du M23 est obtenue, la partie dissociée est condamnée à la retraite stratégique[3]. Il s’agissait alors pour le M23 d’échanger de l’espace contre le temps : l’abandon de positions non vitales permet de raccourcir les lignes de communication et le front, de concentrer les forces restantes sur les positions vitales, tout en étirant les lignes de communication du poursuivant C’est ce que le M23 a essayé de faire lorsqu’il commençait à perdre du terrain dès le 30 août 2013 lorsque les FARDC ont réussi à le déloger de la colline des Trois antennes, à Kibati, obligeant le M23 à battre retraite vers le nord, vers Kibumba et Kanyamahoro. Mais la détermination et la puissance de feu des forces coalisées MONUSCO-FARDC étaient telles que le M23 fut confiné dans les collines de Runyonyi et de Chanzu, essayant de résister pendant quelques jours en contenant les tentatives d’assaut des FARDC avant que les hélicoptères sud-africains Rooivalk ne viennent faire le dernier nettoyage.

Après l’acquisition de l’avantage obtenue par la rupture la rupture stratégique ayant contraint le M23 à la retraite, les forces MONUSCO-FARDC ont engagé une nouvelle étape, d’exploitation de l’avantage appelée la poursuite stratégique dont l’objectif est de ne laisser aucun répit à l’ennemi déséquilibré mais, au contraire, de harceler les forces qui restent à sa disposition pour parachever la dislocation de son dispositif [4]. Ce type de poursuite stratégique, similaire à ce que les forces alliées ont appliqué dans la guerre du Golfe dans la mesure où, dans les deux situations, la rupture (du M23 ou de l’armée irakienne) a été obtenue suite aux frappes aériennes qui ont annihilé une partie du dispositif ennemi et paralysé le reste de sorte que la dilatation du théâtre d’opérations s’est accompagnée d’une vitesse d’exécution qui n’a laissé de répit à l’ennemi ainsi désarçonné. Tous ces éléments tactiques et stratégiques seront davantage explicités dans un ouvrage à paraître dans les prochains mois.

Un autre élément qui a conféré l’avantage aux FARDC et la mise en place d’un dispositif logistique efficace assuré par la MONUSCO pour éviter les mauvaises expériences vécues en 2012 où les éléments du 323ème bataillon étaient laissés des semaines durant au front avec seulement la ration alimentaire pour deux jours (Wondo ; 2013). Surtout que la crainte pour la brigade d’intervention dont c’était la toute première fois de mener les opérations conjointes avec les FARDC, c’était d’être confrontée à la trahison des FARDC. Une opération jugée à hauts risques à mesure que les troupes s’éloignaient des principales bases logistiques. C’était également la première fois l’ensemble de la brigade d’intervention, complétée par l’arrivée en début octobre d’un bataillon d’infanterie malawite manœuvrait ensemble dans une même opération.

Toujours en ce qui concerne la dernière offensive, en plus de l’appui logistique traditionnel, la MONUSCO a apporté à l’armée congolaise des conseils tactiques, pas toujours suivis, selon des sources onusiennes, et un appui sans précédent en termes de renseignements[5].

La résolution 2098 n’est pas une panacée, il faut absolument poursuivre la réforme des FARDC

Nous l’avions prédit dans nos précédentes analyses, lors que nous mentionnions la taille de la brigade d’intervention ne peut pas lui permettre d’opérer efficacement sur une large la bande Est du Congo allant de l’Ituri avec ADF-NALU jusqu’au Katanga avec les Raia Mutomboki et autres milices de Gédéon, sans oublier les bouillonnants Kata-Katanga. Alors qu’en 2003, les 1500 hommes de la mission européenne de l’Artémis ont, par leur action armée, certes obtenu un « succès opérationnel et politique » mais qui s’est révélé précaire après leur départ. Leur action n’a fait qu’entraîner un effet de déplacement des milices dans les zones hors de leur rayon d’action sans parvenir à les éradiquer complètement. Ces forces négatives sont revenues sous de nouvelles appellations dans cette zone où les alliances de circonstance, parfois contre nature, se font et se défont. Ainsi, rien ne dit que le M23 peut demain se transformer par exemple en N28. Ainsi, dans cette hypothèse, tous les scenarii sont plausibles, mêmes les plus incongrus et antinomiques, notamment l’alliance d’intérêt ou de solidarité négative entre le M23 et les autres groupes armés qui sévissent dans la région. Et plusieurs informations émanant de la région ont d’ailleurs signalé la présence du M23 dans la zone d’action des ADF/Nalu.

Les 3.069 hommes de la brigade internationale ont un mandat limité dont les effets à moyen termes pourraient s’estomper s’il n’ya pas une volonté politique suffisante de réformer en profondeur l’armée congolaise. L’action offensive de la brigade d’intervention devrait s’accompagner d’une montée en puissance des FARDC et d’une occupation progressive par l’armée loyaliste des zones sous contrôle du M23 et autres groupes armés locaux. Ce, dans l’optique de passer effectivement à l’étape de la stabilisation.

En effet, la stabilisation dépend moins des tâches militaires que des actions civiles utiles à la reconstruction et au développement durable, c’est-à-dire au retour à la paix, à la restauration des fonctions étatiques et régaliennes devant contribuer à la consolidation du système politique, juridique, économique et social du Congo. Le processus de reconstruction sera alors renforcé par des actions au profit du développement, en appui aux trois réponses apportées, trop souvent de manière cloisonnée, en matière de sortie de crise : une réponse militaire centrée sur le déploiement d’une force militaire, une réponse humanitaire basée sur la gestion et la prise en charge humanitaire des réfugiés et une réponse politique orientée sur le renforcement des institutions, notamment par l’organisation des élections pluralistes, transparentes et crédibles, gage du retour à la paix et socle du contrat social entre la population et ses gouvernants, source de toute légitimité nécessaire au bon fonctionnement de l’État.

Pour rappel, la résolution 2098 impute au Gouvernement congolais la responsabilité « au premier chef de la sécurité, de la protection des civils, de la réconciliation nationale et de la consolidation de la paix et du développement dans le pays». Le Gouvernement doit s’engager « instamment à demeurer pleinement attaché à la mise en œuvre de l’Accord-cadre et à la protection des civils en se dotant de forces de sécurité professionnelles, responsables et durables… »

Poursuivre la mise en œuvre des autres aspects de la résolution 2098

Outre l’aspect relatif à la brigade d’intervention, la résolution 2098 exige notamment au Gouvernement congolais, avec les bons offices de la MONUSCO de :

– élaborer une feuille de route claire et globale pour la réforme du secteur de la sécurité, comprenant notamment des critères de référence et des échéanciers pour la mise en place d’institutions de sécurité efficaces et responsables.

– poursuivre la réforme de l’armée, dont la première étape consistera à mettre en place au sein des FARDC une force de réaction rapide bien équipée, bien formée et dont les éléments ont été agréés et qui constituerait le noyau d’une force de défense nationale professionnelle, responsable, bien entretenue et efficace, et appuyer… la formation de la force de réaction rapide, qui devrait…développer la capacité d’assumer dès que possible les responsabilités en matière de sécurité dévolues à la brigade d’intervention de la Monusco;

– élaborer et de mettre en œuvre un plan unique global DDR et DDRRR pour les combattants étrangers et congolais qui ne sont pas soupçonnés de génocide, de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de violations flagrantes des droits de l’homme, y compris les membres des FARDC ;

– tirer parti du plan de stabilisation et de reconstruction STAREC et de la Stratégie internationale d’appui en matière de sécurité et de stabilisation pour contribuer à instaurer durablement un niveau minimum d’autorité et de contrôle de l’État dans les zones touchées par le conflit …, notamment grâce à des initiatives locales visant à renforcer la sécurité, à rétablir l’autorité de l’État et à permettre un relèvement socioéconomique durable.

Ce n’est qu’en s’attaquant aux autres points recommandations reprises dans cette résolution et en mettant effectivement en œuvre les engagements souscrits dans l’accord-cadre que la RD Congo pourrait amorcer une dynamique efficace de sa stabilisation effective, qui est une étape importante vers sa reconstruction nationale. Cela rejoint la déclaration de l’ambassadeur de la Russie à Kinshasa, M. Anatoly Klimento, qui a été le tout premier à conseiller aux autorités Congolaises, le 2 avril 2013 ceci : « La RDC devrait profiter de l’arrivée de la brigade d’intervention de la Monusco pour se doter d’une armée efficace et dissuasive afin de ne pas toujours compter sur la communauté internationale ».

 

Doit-on prolonger la mission de la brigade d’intervention sous son format actuel ou augmenter sa capacité (taille, étendre sa mission ailleurs au Congo) vu instabilité aussi très inquiétante au Katanga ou dans l’Equateur? Doit-on également revoir la taille de la MONUSCO (20.000 hommes) alors que 3.000 hommes de la brigade d’intervention sont parvenus à réaliser en quatre mois ce que 20.000 casques bleus de la MONUSCO ont été incapables d’accomplir en 14 ans d’existence molle, assistant impuissants à la prise de Goma… ? Doit-on maintenir en l’état cette mission budgétivore alors que l’Afrique médiane fait à nouveau face à une prolifération des conflits (Centrafrique, Soudan du sud) ?

En effet, la MONUSCO pourra-t-elle survivre dans sa configuration actuelle quand la situation sécuritaire en RCA et au Sud Soudan amènent un nouvel agenda international contraignant la communauté internationale à adapter son action régionale et ses efforts en RDC, où la pacification et la stabilisation de l’Est du Congo étaient sa priorité ? Avec l’enlisement de la crise centrafricaine et le chaos au Soudan du Sud (avec larésolution 2132[6] du CS de l’ONU qui a décidé de transférer quelques éléments de la MONUSCO vers le Soudan du Sud), le risque de réduire la capacité opérationnelle de cette force en RDC ne devient-il pas réel car la RDC n’est plus la seule priorité de la région ?

Telles sont les questions qui doivent être débattues, sans faux-fuyants, au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU mais aussi prises en compte par les autorités congolaises dans la mise en œuvre de leur politique sécuritaire.

 

Jean-Jacques Wondo
Analyste des questions politiques et sécuritaires de la RD Congo
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[2]Coutau-Begarie, Hervé, Traité de Stratégie, Economica, 6ème édition, Paris, 2008, p.422-423.

[3]Coutau-Begarie, Hervé, ibid. p. 427.
[4]Coutau-Begarie, Hervé, ibid. p. 427-428.

[5] RFI, 7/11/2013.

[6]Grosso modo, le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé l’envoi de 5.500 soldats et 423 policiers supplémentaires qui s’ajouteront aux 7.000 Casques bleus et 700 policiers de la MINUSSS (Mission de l’ONU au Soudan du Sud), notamment pour protéger les quelque 63.000 réfugiés et renforcer la Minuss et lui permettre de mieux protéger les civils, ont indiqué des diplomates. Quatrepriorités pour l’ONU au Soudan du Sud :favoriser le dialogue politique ; protéger les civils sur les bases (…) ; aide humanitaire etdéfense des droits de l’homme. Les renforts pour la MINUSS seront prélevés du transfert de contingents d’autres missions, en particulier de la MONUSCO, de la MINUAD (Darfour), de la FISNUA, de l’ONUCI  (Côte d’Ivoire) et de la MINUL (Libéria)

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