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Quelle est la contribution des Congolais de l’étranger à l’économie nationale ?

Quelle est la contribution des Congolais de l’étranger à l’économie nationale ?

Quelle est la contribution des Congolais de l’étranger à l’économie nationale ? IN

Pour le docteur Fweley Diangitukwa : “Que le gouvernement congolais démocratise le pays, qu’il encourage ensuite les Congolais de l’étranger et ceux-ci travailleront pour le Congo”.

Les laudateurs congolais admirent les contributions des migrants des autres pays et ils critiquent très sévèrement le manque de réalisations notables des migrants congolais mais ils ignorent complètement qu’il existe des stratégies pratiquées par des Etats pour tirer profit de la migration parmi lesquelles il y a la réduction des taxes (importation et exportation), l’encouragement à ouvrir des activités commerciales dans le pays d’accueil (la Chine finance ses ressortissants à l’étranger pour ouvrir des restaurants mais avec l’obligation de vendre des produits chinois), la même Chine paient de hauts salaires aux docteurs qui acceptent de rentrer travailler en Chine sinon elle encourage ses migrants intellectuels à travailler dans les centres de recherche à l’étranger tout en participant au transfert de la connaissance vers les universités et centres de recherche en Chine. L’Inde envoie ses bons étudiants-informaticiens aux Etats-Unis pour se perfectionner (voir Silicon Valley) et ceux-ci rentrent travailler dans son propre pôle d’excellence à Bangalore. Certains pays de l’Afrique de l’Ouest pratiquent une réduction des coûts pour les objets de valeur exportés par leurs migrants, etc. Les migrants qui publient, qui innovent ou qui inventent reçoivent des prix ou des encouragements de leur pays d’origine. Les réalisations des nationaux vivant à l’étranger sont mises en valeur dans le pays d’origine, etc.

Que fait la RD Congo pour encourager ses migrants ? Réponse = RIEN. Au contraire, les migrants congolais sont devenus des vaches à lait pour l’économie congolaise : le passeport congolais est le plus cher au monde, le coût de dédouanement de voitures est parmi le plus élevé en Afrique et au monde. Allez voir à Matadi comment les Congolais de l’étranger sont sollicités voire spoliés, comment la corruption fonctionne et le genre des tracasseries administratives qu’ils subissent pour faire sortir leurs marchandises. J’ai moi-même vécu cette forme d’humiliation plusieurs fois. J’ai ouvert une pharmacie à Kinshasa que j’ai fermée au bout de deux ans parce que les agents de l’Etat passaient jour et nuit avec des prétextes fabriqués de toutes pièces pour soutirer de l’argent en plus des taxes payées normalement à l’Etat.

Le gouvernement congolais interdit le droit de vote aux Congolais de l’étranger et il refuse la nationalité aux enfants congolais nés à l’étranger qui obtiennent la nationalité du pays d’accueil (droit du sol comme au Canada, Etats-Unis, Australie, etc.) et aux migrants congolais qui ont pris la nationalité étrangère (ce qui n’est pas mon cas). En même temps, le même gouvernement congolais demande aux Congolais de l’étranger d’investir massivement au Congo. Quelle logique contradictoire ! Au fond, que veut la RDC ? Quelle est sa politique à l’égard des migrants congolais ? Notre pays a-t-il une politique en la matière ? Combien d’argent donne-t-il aux migrants congolais pour leur exiger en retour d’investir dans leur pays d’origine ? Le gouvernement congolais s’intéresse-t-il aux conditions de vie de ses ressortissants à l’étranger ? Il y a tant de questions à poser et pour lesquelles la réponse est toujours NON. Le sous-ministère des Congolais de l’étranger a été vite supprimé. Et pour cause ? Alors que partout au monde les nationaux sont bien accueillis de retour dans leur pays, chez nous, ils rencontrent toutes sortes de tracasseries. Je voyage beaucoup. Mes bagages ne sont jamais fouillés car le contrôle électronique suffit mais à l’aéroport de N’Djili, il y a une seconde fouille avec des mains introduites dans les sacs des voyageurs. Quelle honte ? Nous devons évoluer.

En Suisse, nous sommes deux Congolais à travailler sur le thème de migration : Jules Bagalwa Mapatano qui travaille niveau micro (migrants congolais à Genève) et moi-même Fweley Diangitukwa qui travaille au niveau macro (migrations internationales).

Je demande aux laudateurs de cesser de spéculer lorsqu’ils écrivent sur le net pour soutenir leur « Raïs » et de commencer à être sérieux et profonds. Qu’ils nous disent maintenant quelle est leur propre contribution à l’économie nationale. Que rapportent-ils concrètement à l’économie nationale en passant tout leur temps devant l’écran de l’ordinateur pour soutenir leur « Raïs » qui n’apporte aucune amélioration aux conditions de vie des Congolais ? S’ils posent à eux-mêmes la question qu’ils posent aux Congolais de l’étranger, peut-être qu’ils deviendront plus conscients de leur inutilité dans le développement du Congo.

Leur manière de fonctionner et leur superficialité dérangent les Congolais sérieux qui veulent traiter en profondeur les problèmes qui préoccupent notre société. Que le gouvernement démocratise le pays, qu’il encourage ensuite les Congolais de l’étranger et ceux-ci travailleront pour le Congo.

Il existe des documents de base qui doivent être connus par ceux qui discutent sur le thème de migration. Il y a à titre indicatif :

– « World Migrations. Costs and benefits of international Migration », publié par l’IOM (International Organisation for Migration). Dans la publication de 2005, lire les pages 379-421 pour les données statistiques. IOM (ou OIM en français) a son siège à Genève et j’ai travaillé avec cette institution lorsque j’ai écrit mon livre Fweley Diangitukwa, « Migrations internationales, codéveloppement et coopération décentralisée », Paris, L’Harmattan, 2008. Ce livre est signalé dans Wikipedia (je suis fier) et préfacé par une grande personnalité.

– Ali Mansoor/Bryce Quilin, « Mirgation and Remittances », 2006, publié par The World Bank/Banque Mondiale. J’étais prése nt à l’IOM lorsque ce livre a été présenté au public par les auteurs et j’ai écrit un papier paru dans un journal.

– Revue « Migrations internationales. Chaînon maquant de la mondialisation », nos 81-82, publiée par Courrier de la Planète.

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