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Kabila, la majorité présidentielle et le processus électoral : Pourquoi la RDC a besoin d’une intelligentsia organique et responsable

Kabila, la majorité présidentielle et le processus électoral : Pourquoi la RDC a besoin d’une intelligentsia organique et responsable

Kabila, la majorité présidentielle et le processus électoral : Pourquoi la RDC a besoin d’une intelligentsia organique et responsable IN

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu revient sur l’option qu’aurait pris Kabila de modifier la constitution afin de changer le mode de scrutin et la date de la prochaine présidentielle, dénonce le coup d’Etat qui est en train de se préparer, rappelle l’enjeu de l’éveil des consciences, expose, et explique pourquoi les congolais doivent créer une intelligentsia organique capable de travailler de manière synergique avec son peuple.

Sur l’option de modification constitutionnelle pour changer le mode de scrutin pour la présidentielle en RDC

Les élections dans notre pays vont rester pendant très longtemps un piège à cons dans la mesure où il y a une question de légitimité qui se pose au Congo depuis les années 1960 jusqu’à ce jour. Tant que cette question n’aura pas trouvé de réponses dans le chef d’une intelligentsia organique à même de donner une direction convenable à la RDC, nous n’irons nulle part.
Nous ne pouvons rien attendre de Kabila qui aille dans le respect des textes et de la sauvegarde de la vie de nos populations.
Comment voulez-vous croire un seul instant que le mode opératoire de Kabila et de son réseau va changer du jour au lendemain ou quand on aura programmé les élections en 2015 ?
Certains congolais avertis sont d’avis que tant que les rapports de force ne changeront en faveur des congolais patriotes, résistants, épris d’amour et de civisme pour leur pays, il n’y a rien à attendre du réseau de prédation opérant au Congo. Il n’y a rien à attendre du processus électoral au Congo. L’enjeu est le renversement des rapports de force.

Sur le rôle de la « majorité présidentielle »

Ce qui intéresse la majorité présidentielle au Congo, c’est l’argent, les billets de banque. Elle n’a cependant aucun pouvoir. Elle est entretenue, corrompue pour donner l’impression qu’il y a un certain régime politique qui existe au Congo. Et pourtant, il n’en est rien.
Avec les congolais de l’acabit de Claude Mashala, nous sommes en train de revivre les périodes les plus noires du Mobutisme. Nous revenons de plus en plus au culte de la personnalité. Si nous ne faisons pas attention, nous allons nous laisser distraire par ce culte de la personnalité pendant que le pays est en train d’être vendu comme carrés miniers et pendant que des contrats sont en train d’être signés sur le dos des congolais.
Pourquoi à chaque fois, qu’on fait allusion à une élection possible au Congo, les kabilistes purs et durs ou les faucons comme les appelle le quotidien Le Potentiel, se sentent obligés de travailler à la révision de la constitution ?
Aujourd’hui, nous avons des congolais et des congolaises qui travaillent non pour la cause du Congo mais pour un individu qui s’appelle Joseph Kabila, un individu au passé sulfureux.

Sur le coup d’Etat en cours

Un coup d’Etat est en train de se préparer au Congo. Il ne faudrait pas que nos filles et nos fils aillent comme des chairs à canon devant les assassins qui sont en train de s’activer pour organiser un passage en force.
Il y a eu des commandes de matériels militaires qui sont arrivés à Kinshasa. Kabila, qui depuis plus de 10 ans travaille à l’extermination des congolais, dit, au vu et au su de la majorité présidentielle, qu’il n’a peur de personne et voudrait organiser un nouveau coup d’Etat pour pouvoir poursuivre son rôle de cheval de Troie à la tête de la RDC. Il faut amorcer une éducation civique qui aide nos masses populaires à comprendre l’enjeu du moment. Ensuite, il faut pouvoir refuser de s’engager dans un processus déjà initié à l’avance, qui devra aboutir à un coup d’Etat. Si nous avions encore un contre-pouvoir digne de ce nom au Congo, il s’engagerait déjà ici et maintenant, dans un travail de sensibilisation qui aide nos populations à refuser le fameux référendum, mais aussi au besoin, à refuser ce fameux processus électoral tel qu’il est en train d’être préparé.
Il arrive souvent que nous puissions condamner les forces extérieures dans les interventions qu’ils font dans notre pays. Mais nous avons aussi la preuve qu’il y a des compatriotes qui travaillent pour leur ventre et à la mort de leur propre pays.

Sur l’éveil des consciences congolaises

Il ne faut pas rester passif. Il est important de travailler maintenant, de plus en plus, à l’éveil des consciences et à la fabrication d’une conscience historique, qui opère avec la puissance d’un ressort. Il faut arriver, petit à petit, à mettre debout des masses critiques, qui même si en dernière analyse, elles décidaient par elles-mêmes de pouvoir marcher devant les canons de ce pouvoir usurpateur, qu’elles le fassent en connaissance de cause. Et la cause qu’elle pourrait défendre demain est celle d’un Congo souverain, libre et émancipé de toutes les marionnettes de la fameuse communauté internationale et des chevaux de Troie des pays limitrophes.
Le Congo est un pays sous régime d’occupation et sous-tutelle. Le Congo est un état manqué. Et dans un état manqué, la liberté d’expression est combattue. La liberté d’expression comme les autres libertés appartiennent aux pays qui respectent leurs populations, qui respectent la dignité de leurs peuples. Ce régime banalise la mort, il est là pour exterminer les congolais. Quand il n’arrive pas à les tuer et à les exterminer par les armes, ils les exterminent par la famine, par l’appauvrissement et les inégalités qui deviennent de plus en plus galopantes. Et du moment qu’il peut fermer les yeux ou offrir pour une bouchée de pain nos matières premières aux entreprises multinationales, il est quitte.

Sur le drame du peuple congolais

Il y a quelque chose de dramatique, de tragique qui se déroule au Congo. Nous regardons les choses telles qu’elles arrivent et nous faisons semblant de ne rien voir. Comment pouvez-vous croire que des personnes réfléchies puissent, malgré tout cela, croire demain que Kabila peut s’engager dans un processus électoral. Ou nous avons perdu toute sensibilité et toute humanité, pour plusieurs d’entre nous. Ou nous ne sommes plus un peuple digne de pouvoir exister sur la face de la terre. Il y a des gens aujourd’hui qui disent qu’ils n’ont jamais rencontré un peuple capable de supporter ce que les congolais supportent aujourd’hui. On peut monter n’importe quel coup sur leur tête, ils supportent. Ou ils supportent, ou ils ne sont pas au courant. La majorité de nos populations est tombée dans une ignorance crasse qui la rend incapable d’une action efficace. Ou nous avons une intelligentsia qui n’a pas encore réussi à prendre sa place de levain dans la pâte. Il y a un travail à faire pour pouvoir créer une intelligentsia organique capable de travailler de manière synergique avec son peuple pour qu’il devienne responsable de son destin.

Sur le rôle de l’intelligentsia congolaise

Dans l’état actuel des choses, les congolais doivent être plusieurs à mener des analyses froides sans émotion. Ils doivent se dire ceci : Le problème fondamentale que le Congo a aujourd’hui est un problème de direction. Si ce problème de direction n’est pas résolu par une intelligentsia organique et responsable, nous allons continuer à pousser des cris, à nous plaindre, à constater, à analyser les conséquences tout en oubliant qu’il y a un problème fondamental qui se pose, celui de la direction, celui d’un leadership visionnaire et responsable. Vous n’allez pas compter sur les membres d’un réseau cynique, amoral et psychopathe pour sortir le Congo du bourbier dans lequel il se trouve actuellement.

Sur la condamnation de Diomi Ndongala

Diomi Ndongala est le symbole du congolais éveillé, averti des enjeux et à qui les occupants voudraient fermer la bouche pour qu’il n’y ait pas d’autres Diomi. Ces gens là avec leurs parrains ont peur de la théorie des dominos. Si d’autres Diomi émergeaient à Kinshasa ou au Congo, ils risqueraient de travailler contre l’occupation et la mise sous-tutelle du Congo.
Diomi est malmené, maltraité et emprisonné pour la cause du Congo.

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