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Pourquoi il n’y aura pas d’élections en 2016 en RD Congo

Pourquoi il n’y aura pas d’élections en 2016 en RD Congo

Pourquoi il n’y aura pas d’élections en 2016 en RD Congo IN

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu rappelle comment le Congo est un Etat manqué, sous-occupation et sous tutelle de l’ONU, expose le rôle que doit jouer la diaspora dans le travail de l’éveil des consciences congolaises et l’organisation de la lutte pour un changement en profondeur en RDC et explique pourquoi une partie de l’Afrique est vouée à être transformée en un grand marché non régulé, surveillé par des milices, au-delà de tout contrôle démocratique. « Il n’y aura pas d’élections en 2016 au Congo».

Sur la stratégie politique de Kabila

Kabila assume des rôles qu’on lui fait jouer. Ce serait lui accorder trop d’importance que de croire qu’il tend des pièges dans lequel lui-même est finalement pris. Il joue son rôle dans le cadre du réseau transnational de prédation. Comment un cheval de Troie peut-il être pris au sérieux comme président de la République ?
Dans un Etat manqué où des acteurs mineurs assurent certains rôles, on ne peut pas parler de constitution. Vous avez aujourd’hui au Congo des structures formelles qui donnent l’impression que ce pays est un Etat normal. Alors que lorsque vous allez aux contenus de ces structures, vous vous rendez compte qu’il n’y a rien. Qu’on tripatouille ou non, la constitution, la question fondamentale est, comment voulez-vous que dans un Etat manqué il y ait une constitution que l’on respecte ?

Sur le rôle de la diaspora congolaise

La diaspora a un rôle important à jouer dans le travail de l’éveil des consciences congolaises, dans le travail de l’insurrection des consciences congolaises mais aussi dans le travail d’une organisation qui puisse œuvrer en synergie avec les masses congolaises qui sont au pays. Ce qui freine un peu le travail de la diaspora, c’est la communication permanente avec ces masses qui sont au pays. Souvent la communication se limite aux transferts d’argent. Petit à petit maintenant, avec les medias alternatifs comme Congo Mikili ou Voice of Congo, on sait de plus en plus aller au fin fond de nos villages pour savoir ce qui se passe. Mais une organisation qui soit sérieusement efficace, qui relie la diaspora congolaise à sa base au pays tarde à émerger. Il faudrait qu’elle se mette en place pour pouvoir amorcer cette lutte du changement en profondeur au niveau du pays.
La diaspora congolaise est plurielle et cela devrait être perçu comme une richesse dans la perspective d’une bonne organisation à l’extérieur du Congo. Cette pluralité devrait commencer par créer des lieux d’échange et de débats et permettre à la diaspora de s’organiser efficacement. La diaspora pourrait travailler à constituer une banque familiale congolaise qui pourrait soutenir les actions qu’elle mène.
Si demain, nous parvenions à une bonne coordination de tous les efforts entrepris, mais encore épars, la diaspora aura fait un grand bon en avant. Une bonne coordination, mais aussi un bon engagement pour créer les moyens de la politique de la diaspora congolaise. On ne va pas transformer le Congo avec des slogans. S’il n’y a pas de moyens conséquents qui sont mobilisés, nous risquons de faire du surplace.

Sur le fonctionnement des groupes armés en RDC et le projet Usalama

Nous savons que ce sont des groupes qui se reproduisent à partir de 3 pays : Le Rwanda, l’Ouganda et la RDC avec le soutien de parrains extérieurs, les britanniques et les américains, particulièrement et leurs alliés. Ainsi chaque fois qu’un groupe est dissout, il se reproduit en changeant de dénomination.
Au-delà, de ce rapport sur le fonctionnement des groupes armés en RDC, ce qui attire l’attention, c’est le nom de son directeur.
En effet, l’analyste Jason Stearn qui dirige cette étude et surtout le projet Usalama, qui est supposé travailler à l’avènement de la paix au Congo et dans la région des grands Lacs est cité dans le livre de Raf Custers, chasseur de matières premières à la page 212. Curieusement, le même qui fait des analyses est employé par les américains qui travaillent à l’initiative Public-Privé, financée par l’USAID et portée par 21 entreprises privées.
Donc, ils font des analyses à l’intérieur de notre pays, ils portent un nom qui semble donner l’impression qu’ils contribuent à la paix or ils travaillent main dans la main avec ceux qui voudraient passer de la protection des congolais au protectorat congolais pour les entreprises multinationales.
Le projet Usulama, projet pour la paix, se révèle être un projet qui porte en lui les germes de la dépossession et de la balkanisation économique du pays. Voilà encore une manifestation de l’inversion sémantique. Si nous ne sommes pas attentifs à toutes dénominations, à toute cette inversion sémantique, nous risquons de travailler, comme certains le font déjà, avec les balkanisateurs du pays.

Sur le bilan de l’accord cadre d’Addis-Abeba, un an après

Il n’y a pas eu d’accord. Il y a eu un semblant d’accord. Ces textes sont semblables aux traités qu’on faisait signer à nos aïeux quand les esclavagistes et négriers prenaient possession de notre pays, sans qu’ils en connaissent ni les tenants, ni les aboutissants. Il n’y a rien eu à Addis, juste une agitation autour d’un texte dont les initiateurs connaissent beaucoup plus les tenants et les aboutissants que ceux qui se sont agités au niveau de notre pays.
Les projets qui se concrétisent sont par exemple, celui de l’initiative Public-Privé à l’Est de notre pays, signé en 2011 et soutenu par 21 multinationales, ou encore celui du marché commun de la COMESA dont les assises se sont tenues dernièrement à Kinshasa. Voilà là, certains objectifs qui sont poursuivis par les balkanisateurs du Congo.
Alors quand on vous parle de l’accord cadre, du traité de ceci et de cela, c’est simplement du bluff. Ce qui est poursuivi au Congo, dans la sous-région des Grands Lacs et même en Afrique de l’Est, est de faire de tout cet espace, un grand marché dans lequel les règles pourront être la privatisation, la déréglementation et le libre échange. On voudrait transformer l’espace africain en un marché non régulé mais un marché surveillé par des milices qui sont en train de pulluler et les armées du Rwanda et de l’Ouganda.
Addis-Abeba est une agitation qui participe à la prédation du pays. Cette petite bourgeoise compradore s’attribue des postes, se distribue des sous et c’est fini.
Ceux qui font partie de la classe politique congolaise qui œuvre à partir du pays sont en train de passer maître en désinformation. Ils parlent de démocratie, de souveraineté, etc., alors qu’il n’en ait rien. Le Congo actuel est un pays sous occupation et sous-tutelle de l’ONU.

Sur les implications de l’Union européenne et de l’ONU dans les affaires congolaises

Il ne faut pas oublier le livre de Charles Onana, « Europe, crimes et censure au Congo : Les documents qui accusent ». L’Union Européenne est complice de ce qui se passe au Congo aujourd’hui. Pour avoir financé les élections de 2006, pour avoir soutenu des imposteurs. Pour être intervenu au Congo avec des chars. Les documents produits par M. Onana, jusqu’à aujourd’hui, n’ont jamais été démentis. L’Union Européenne tolère l’ensauvagement de ceux qui prétendent gouverner le Congo aujourd’hui. C’est cette même union européenne qui soutient les fascistes en Ukraine aujourd’hui.
Ensuite, l’une des caractéristiques des Etats manqués est d’avoir des structures formelles qui peuvent être dites démocratiques mais dont le contenu signifie tout simplement le déficit de la démocratie. Si cette constitution, fabriquée hors du Congo, avait été suivie, ne fusse que dans ces quelques articles sur le respect de la vie, il n’y aurait pas eu autant de morts depuis 2006 jusqu’à ce jour.
L’Union Européenne et l’ONU produisent depuis 20 ans des rapports sur les violations des droits humains au Congo, censés être protégés par la constitution. Quelles sont les mesures qui ont été prises pour que les auteurs de ces violations puissent être mis hors d’Etat d’agir ?
L’Union Européenne et l’ONU sont en train de nous préparer au fiasco qui va avoir lieu en 2016

Sur la présidentielle de 2016

Il n’y aura pas d’élections en 2016. L’Union Européenne et l’ONU vont nous répéter les mêmes incantations en nous disant, « nous aurions voulu qu’il y ait des élections libres et transparentes mais que pouvons-nous faire face à des acteurs politiques qui ne suivent pas les conseils qu’on leur donne. Nous n’allons pas interférer dans leurs affaires intérieures ».
Ces institutions sont prisonnières du néolibéralisme. Elles n’ont rien à voir avec la démocratie. L’Union européenne ne pratique plus la démocratie. Un exemple ? En 2005, on a organisé un référendum sur le traité européen et les français ont dit non. Ils ont passé outre, ils ont organisé autre chose pour que les français disent oui.
Dans son livre « 2 heures de lucidité », Noam Chomsky montre que depuis les années 1960, les pays dits de vieille démocratie, combattent la démocratie parce qu’ils sont contre la participation citoyenne.
Quand on oublie cette lutte qui est menée contre la démocratie dans les pays occidentaux, on croit que quand les représentants de ces pays sont en Afrique ou au Congo, ils vont prôner la démocratie. Comment voulez-vous qu’ils aillent prôner la démocratie qu’ils sont en train de combattre chez eux ?

Sur les douze ans de Radio Okapi

Radio Okapi est une radio de l’occupant. Les occupants ont des médias dominants. Et Radio Okapi fait partie de ces médias dominants au Congo, diffuse dans tout le pays et ses journalistes sont protégés. Or les journalistes des autres radios du Congo ne bénéficient pas d’autant de protection que ceux de la Radio Okapi, même si certains d’entre eux ont été tués par le passé. Et sans protection conséquente dans un Etat manqué, les journalistes ne peuvent pas faire du bon travail.
Ensuite, comment voulez-vous qu’on ait des bons journalistes au Congo dans un pays où l’université ne fonctionne presque plus, où tout s’achète, même les diplômes. Dans un pays où les gens ont peur d’être tués par le pouvoir fantôche, tout ce que les journalistes trouvent à faire est de devenir les thuriféraires de ce pouvoir fantôche, même s’il y a quelques exceptions qu’il ne faudrait pas négliger.
Ce pouvoir fantôche ne veut pas entendre un autre son de cloche en dehors de la fabrication du consentement, de la désinformation et de la lobotomisation auxquels il s’adonne.
Coloniser mentalement nos populations et les décerveler pour en faire des proies faciles de la misère anthropologique dans laquelle elles sont plongées aujourd’hui, voilà à quoi s’adonne le pouvoir fantôche à Kinshasa.
Qui a les médias, a le pouvoir. Il ne faut pas l’oublier.

INGETA.

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