Par Jean-Pierre Mbelu
Contrairement aux apparences, la tradition de la résistance congolaise contre les envahisseurs porte ses fruits dans la partie orientale du pays et presque partie au Congo-Kinshasa. Les Congolais(es) ont renversé le monument du ‘’raïs’’ à Beni. Ils l’ont emprisonné à Kingakati. Plusieurs de ceux qui se sont approchés de lui ont détruit son ‘’capital symbolique’’. Quel peuple, ces Congolais(es) ? Il lutte mains nues.
Depuis les années 1990, les Grands Lacs africains en général et le Congo-Kinshasa en particulier sont confrontés à une guerre anglo-saxonne de basse intensité et de prédation dont ils sont de plus en plus gagnants. Les acteurs pléniers anglo-saxons opérants dans l’ombre par proxies ougando-rwandais interposés avec l’appui du ‘’machin’’ de la Monusco atteignent certains de leurs objectifs sans terrasser complètement les Congolais(es). A Beni, après plus de deux décennies de cette guerre hypocrite et absurde, un geste fort a été posé : le monument de l’un de ses acteurs apparents a été renversé le week-end du 1er au 02 novembre 2014[1]. C’est un symbole fort !
Un symbole fort
Ailleurs, en Irak par exemple, ce sont les acteurs pléniers de la guerre pour le pétrole qui ont instrumentalisé le peuple pour qu’il déboulonne le monument de Saddam Hussein. Au Congo-Kinshasa, à Beni, c’est le génie populaire qui a disqualifié celui qu’il considère comme étant ‘’le cheval de Troie’’des forces de déstructuration du pays qui a abattu le boulot. Il l’a fait en s’en prenant concomitamment aux forces de l’ONU. Il y a là une disqualification des forces hostiles à aux populations congolaises par nos populations congolaises elles-mêmes. Il y a là comme un début de la reprise de l’initiative historique congolaise par les Congolais(es).
En se débarrassent symboliquement d’un acteur apparent de la guerre de basse intensité et de prédation à laquelle le Congo-Kinshasa est confronté, les compatriotes congolais de Beni ont gagné une première partie de ‘’la troisième guerre mondiale’’ menée à partir et contre leur pays à mains nues. Incroyable mais vrai ! Ils ont cassé, ils ont rompu tout lien de confiance entre eux et cet acteur apparent de la guerre menée contre le Congo. En s’en prenant au même moment à la Monusco, ils ont encore une fois donné un signal fort : ils veulent se débarrasser de tous les acteurs apparents pour s’assumer seuls face à l’histoire et à la mort qu’orchestrent les acteurs pléniers dans l’ombre. (Pourquoi aiment-ils opérer dans l’ombre ? Ce sont des lâches et ils ont peur de l’opinion publique nationale et internationale malgré leur poids dans les médias. Ils ont peur. Comme des vampires, ils craignent comme la peste la lumière du soleil.)
Il aurait été salutaire que ces gestes symboliques forts soient partagés dans tout le pays. Mais les moyens médiatiques faisant défaut, il ne serait pas surprenant que les Kasaïens de Demba ne puissent pas être au courant de ce que leurs compatriotes ont fait à Beni. Tel est l’un des handicaps sérieux sur la voie de la victoire finale contre cette guerre : le manque de routes et d’autoroutes de communication et de télécommunication fiables.
Les Congolais(es) ont enfermé le “raïs” à Kingakati
Néanmoins, cette première victoire de Beni est partagée autrement par plusieurs coins du pays. Les Congolais(es), dans leur colère, ont enfermé ‘’le raïs’’ à Kingakati. Par le passé, ils (elles) avaient chassé Mobutu de Kinshasa et l’avaient enfermé à Kawele. Nous défions quiconque de nous dire où ‘’le raïs’’ peut aujourd’hui aller à la rencontre des Congolais(es) et être à l’aise sur toute l’étendue du territoire. Dire qu’il est ‘’taiseux’’ ne suffit plus pour justifier ses dérobades vis-à-vis des masses populaires congolaises qui ont compris le rôle qu’il assume dans cette guerre de basse intensité comme acteur apparent.
Aussi, les dinosaures de la deuxième République ont-ils pris leur vengeance sur lui sans qu’il le sache. Ils l’ont dupé en devenant ses faux thuriféraires. Ce faisant, ils ont détruit son ‘’capital symbolique’’ en en faisant un ‘’Mobutu light’’. C’est comme s’ils n’ont pas pardonné, consciemment ou inconsciemment, sa succession brutustique à celui qui, officiellement, a signé le départ du dernier Maréchal de l’Afrique du Zaïre de ses ancêtres.
Contrairement aux apparences, les mobutistes ayant rejoint ‘’le conglomérat d’aventuriers’’ venu de l’extérieur du pays ont travaillé, au cours de ces deux dernières décennies, ‘’le capital symbolique’’ de Joseph Kabila pour l’anéantir tout en pratiquant ‘’la politique de la souris’’ du ‘’Kabila désir’’ : ‘’Raïs, mposa ya yo esili te ! Totondi naino yo te’’. Ah ! Ces mobutistes ! Ils n’ont pas pardonné la fin de leur ‘’danse du ventre’’ aux côtés de Sese Seko. Et ‘’le raïs’’ est en train d’en avoir pour son compte ! Est pris celui qui croyait prendre !
Pour une redistribution consciente et/ou ‘’inconsciente’’ du travail
Il doit y avoir eu comme une redistribution consciente et/ou ‘’inconsciente’’ du travail entre plusieurs Congolais(es) de l’intérieur et de l’extérieur du pays pour que, sur fond de l’affirmation de leur congolité, ils fassent échec à la troisième guerre mondiale à partir de leur pays tout en donnant l’impression d’être naïfs. Et cela à mains nues. A plusieurs reprises, ils ont forcé les acteurs pléniers de cette guerre à revoir leurs stratégies du chaos et du mensonge.
Néanmoins, ils devraient se faire à l’idée que les acteurs pléniers peuvent changer de ‘’nègres de service’’ et qu’ils sont comme des ‘’pitbulls’. Ils ne lâchent pas leur proie sans que celle-ci leur ait brisé les côtes. Vigilance oblige ! Ils ont plusieurs tours dans leurs manches. Déjà, ils sont en train d’installer Africom dans la Province orientale et tiennent à prendre l’Ituri, les Kivus et le Katanga. Lâchement. En agissant dans l’ombre ! Avec leurs ‘’nègres de service’’, ils vont poursuivre les massacres et les assassinats pour briser toute forme de résistance.
Mais, si les compatriotes Congolais restent vigilants, trouvent les moyens de partager les informations à l’intérieur et à l’extérieur du pays, ils pourraient en venir à bout de ces acteurs pléniers (comme Poutine en Crimée) en organisant des cellules d’autodéfense populaire et légitime.
Qui aurait cru que, mains nues, ce peuple résisterait à sa disparition de la face de la terre pendant plus de deux décennies. Quel peuple ! Ces Congolais(es) ! Ils dansent le ndombolo et gagne à mains nues une bonne partie de ‘’la troisième guerre mondiale’’ ! Le secret ? Il a ‘’le lupemba’’. Il est attaqué par des vampires à qui il n’a rien fait et ne doit rien si ce n’est l’appel au respect de son humanité.
Mbelu Babanya Kabudi