Même si la mobilisation de la diaspora congolaise (sit-in, marches, etc.) s’est fortement réduite depuis les derniers mois, les violences, atteintes au droits de l’homme et autres atrocités que subissent les populations n’ont pourtant jamais cessé en R.D.Congo.
Suite à la récente invasion de l’Est de la RDC par le groupuscule M23 (soutenu par le Rwanda ) la mobilisation d’abord sur les médias sociaux et ensuite dans la rue s’est faite de nouveau très forte à travers le monde. C’est notamment sous forme de marches qu’elle se matérialise, comme ce fut le cas durant la période électorale de novembre 2011.
Malheureusement, force est de constater que cette mobilisation sous forme de marche n’a pas porté ses fruits, tant du point de vu de la pression politique et de la capacité à rallier l’opinion publique des différentes villes du monde dans lesquelles se sont déroulées ces marches. Ce n’est pas le moyen (la marche) qui fait défaut, mais la manière dont elle est réalisée.
En effet, il est difficile de susciter une adhésion de la part de l’opinion publique et des médias solidaires qui nous voient danser, jouer du tam-tam et parfois même rire. Le tout dans une langue étrangère (lingala) ou avec des sujets confus et qui créent une cacophonie : Kabila, Kanambe, Rwanda, Kagame, Monusco, M23, Goma, Ya Tshitshi, Kivu, 6 7 8 9 ou 10 millions de morts, etc.
Il est donc impératif de ne plus être en mode réaction et de se poser les bonnes questions dans l’organisation de ces marches. La situation en R.D.C est relativement complexe, notamment du fait que les sources et les conséquences du conflit sont multiples. Afin d’atteindre nos objectifs, il est donc important de s’adapter aux réalités du pays dans lequel s’organise la marche, trouver des points de convergences, corriger les médias-mensonges et proposer des actions concrètes à suivre.
Afin d’illustrer cela nous allons prendre l’exemple de la marche du samedi 24 novembre 2012 à Montréal (Canada). celle-ci n’était pas parfaite, mais se rapproche d’un modèle de manifestation plus efficace selon les critères cités ci-dessus.
Objectif : Au-delà d’exprimer sa solidarité envers le peuple en RDC, l’objectif de la marche était d’obtenir une adhésion de masse de l’opinion afin de faire pression et obtenir des sanctions immédiates à l’encontre du Rwanda de Paul Kagame et demander des comptes aux compagnies minières canadiennes par le vote de la loi C-323.
Choix de la source du conflit à exposer : L’exploitation des ressources minières (Coltan, Cobalt, etc.). Le fait de choisir une thématique en particulier ne signifie pas occulter les autres éléments mais augmenter les chances d’attirer l’attention et ainsi expliquer le tableau général.
Pourquoi ? Le choix est avant tout stratégique car il s’inscrit dans la continuité d’actions précédentes visant à informer l’opinion publique canadienne sur la responsabilité du Canada dans la situation en RDC (lire article ICI).
De manière générale, la question des ravages des compagnies minières canadiennes dans le monde est un sujet relativement exposé au Canada (lire article ICI). Le fait de s’en servir comme levier permet d’augmenter l’écho envers nos revendications. Ce choix est d’autant plus pertinent car il est renforcé par l’existence de plusieurs films documentaires et articles sur la question du “Coltan du sang“.
Cette approche permet de corriger le média-mensonge qui présente notre situation comme une réalité africano-africaine qui n’a rien à voir avec l’occident. En effet, il est bien souvent difficile d’obtenir l’attention de l’opinion publique car les conflits en Afrique sont souvent présentés et compris comme “ethniques”, “tribaux” à avoir des noirs qui se tuent entre eux pour des querelles de voisinage.
Formulation du message et lien avec les concitoyens canadiens: Le message de la marche de Montréal était donc de rappeler que la source de cette tragédie n’est pas “éthnique” et exposer l’implication du Canada. Le fait d’utiliser des éléments locaux comme le visage du premier ministre conservateur canadien Stephen Harper et d’avoir un message dans les deux langues locales (français et anglais) ont permis d’augmenter les chances d’être non seulement entendu, mais compris.
Matérialiser le message : Durant la marche des endroits clés ont été ciblés comme les magasins de produit électroniques “Appel Store” et “Future Shop“. Les magasins étant le dernier maillons de cette chaine de la mort qui part de l’exploitation du coltan, le fait de s’y arrêter et passer un message permet de faire comprendre aux passants leu lien direct avec la situation en RDC.
Et après la marche ? : Opération Somba Zongisa
Nous vous invitons à visionner la vidéo (en 2 parties) de cette marche réalisée et produite par ElevenProd
PART 1
PART 2