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Les massacres du 30 décembre 2013, le colonel Ndala et la guerre de basse intensité: Pourquoi le processus d’extermination des congolais se poursuit

Les massacres du 30 décembre 2013, le colonel Ndala et la guerre de basse intensité: Pourquoi le processus d’extermination des congolais se poursuit

Les massacres du 30 décembre 2013, le colonel Ndala et la guerre de basse intensité: Pourquoi le processus d’extermination des congolais se poursuit IN

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu apporte un éclairage sur les massacres suite aux attaques du 30 décembre 2013, expose le double langage de Joseph Kabila, relève les causes profondes de l’assassinat du colonel Ndala et explique pourquoi ces massacres et cet assassinat ne peuvent être analysés en marge de la guerre de basse intensité qui se mène au Congo depuis les années 1990.

Sur les attaques du 30 décembre 2013 à Kinshasa

Comment pouvez-vous expliquer que le bâtiment de la télévision nationale, supposé être gardé convenablement par la police puisse être investi par des jeunes assaillants sans armes dans la matinée? Comment ces jeunes, dit terroristes, sans armes peuvent-ils investir l’aéroport international de N’djili, gardé par la police et d’autres services de sécurité ? La même question peut être posé avec le camp Tshatshi.
Si ces jeunes n’ont pas bénéficié de la complicité des services de sécurité du pouvoir usurpateur de Kinshasa, il est possible que ce coup ait été monté par le pouvoir même.
Quand on mène une analyse froide, comme l’a d’ailleurs fait Honore Ngbanda de l’Apareco, quand on regarde les vidéos tournées à Kinshasa même, la probabilité d’un coup monté de toute pièce par le pouvoir en place est grande. Et il monterait ce coup pourquoi ? Pour créer la peur. Pour essayer d’étouffer tout effort de résistance au cœur de notre jeunesse qui a compris que le pays n’est pas gouverné du tout.

Sur le double langage de Kabila

Qui a ordonné qu’on puisse tirer sur nos jeunes sans qu’un dialogue ait été noué au préalable avec eux? La solution extrême a été appliquée rapidement. Les jeunes ont été immédiatement qualifiés de terroristes sans qu’une enquête ait été menée au préalable pour arriver à cette conclusion.
Réfléchissons froidement. Si la question était que le pasteur Mukungubila a écrit une lettre qu’il a confié aux jeunes pour que ces jeunes puissent la distribuer en ville était-ce une raison suffisante pour que les maisons de ce pasteur puissent être bombardées et qu’on puisse tirer sur les jeunes et les passants comme à Lubumbashi ?
Comment voulez-vous qu’un bandit comme Kabila, qui ordonne qu’on puisse tirer sur la population, puisse être le garant des institutions ? Nous sommes là dans le double langage de ce monsieur. C’est cela que tous ceux qui sont encore à sa botte au pays ne sont pas encore arrivés à comprendre. Au même moment où Kabila appelle les congolais, ses chers compatriotes, au même moment, il ordonne à sa garde rapprochée de pouvoir tuer ceux qu’il appelle ses chers compatriotes. Il faut également mettre en lien ce qu’il demande à nos populations et la question qui a conduit au massacre, à l’assassinat à balles réelles de nos populations. Pourquoi lorsqu’on dit ce monsieur n’est pas congolais, il est rwandais, il estime que c’est un motif suffisant pour qu’il puisse tirer sur les populations. Pourquoi ne ferait-il pas comme Obama en balançait ses pièces d’identité même si cette question d’identité peut être dépassée dans la mesure où il peut être évalué à partir de sa prestation en tant que « président » au lieu de chercher tout le temps à fermer la bouche à ceux qui posent la question. Le pasteur n’étant pas le premier à poser cette question. Qu’est-ce qui a fait que cette fois-ci, cela a déclenché ces massacres ?

Sur la responsabilité du pasteur Mukungubila et le malaise au Congo

Il y a plusieurs versions des événements qui circulent à Kinshasa. Est-ce que le fait que le pasteur Mukungubila ait eu maille à partir avec la police politique n’a pas été une faille, une brèche dans laquelle d’autres compatriotes ou des agents de l’extérieur se sont engouffrés pour faire d’une pierre plusieurs coups ?
Est-ce que finalement ces jeunes gens là n’ont pas été manipulés par des mains beaucoup plus habiles que le pasteur Mukungubila?
A un certain moment, ce pasteur avait appelé les compatriotes congolais à se ranger derrière Kabila. Et à un moment, les alliances ont changé. C’est ce revirement qui rend le pasteur un peu moins crédible devant certains compatriotes. Mais ce ne sont que des hypothèses. Ce qui, par contre, semble être profond, c’est le malaise ressenti partout au pays.
Ce malaise est lié par la gestion hasardeuse du pays par ce conglomérat d’aventuriers arrivés vers les années 1996-1997. Le malaise va grandissant et certaines personnes explosent. Il y en a qui avaient cru que les choses changeraient. Mais maintenant que le malaise devient de plus en plus grandissant, ces personnes explosent et commencent à dire ce qu’ils pensent. Et commencent à trahir certains de leurs secrets (de polichinelle).

Sur le processus d’extermination des congolais ?

Ce qu’il ne faut pas faire, c’est isoler ce qu’il y a le 30 décembre à Kinshasa du processus d’extermination des congolais qui a commencé avec la fameuse guerre de l’afdl.
Plusieurs d’entre nous estiment que ce qui est arrivé le lundi 30 décembre 2013 peut être analysé en marge de la guerre de basse intensité qui se mène chez nous depuis les années 1990. C’est une erreur. Ce massacre est l’un des faits qui confirme l’orientation de cette guerre fondée sur une économie de guerre permanente.

Sur le silence de la communauté internationale

Tout au long de notre histoire, certains d’entre nous commettent une même erreur permanente : celle de pouvoir croire en cette nébuleuse dénommée communauté internationale. Pourtant, nous avons des textes, des documents qui prouvent à suffisance que la guerre menée contre le Congo est aussi la guerre de la justice et de la politique internationale.
Comment voulez-vous que la communauté internationale, qui met notre pays sous occupation sous la tutelle de l’ONU qui nous mène la guerre à travers Museveni, Kagamé et leurs chevaux de Troie à Kinshasa, prenne partie pour les populations congolaises qu’elle veut exterminer?
La communauté internationale a besoin de dépeupler les régions riches en matières premières pour pouvoir s’en servir parce que ces matières premières sont essentielles à la politique et à l’économie de ce que nous appelons la communauté internationale.

Sur l’assassinat du colonel Ndala

Ndala est un jeune officier très déterminé à laver l’humiliation et les morts qui subit le Congo depuis les années 1990. Mais comme beaucoup d’entre nous, il ne semblait pas avoir compris qu’il menait une guerre de basse intensité et qu’il venait, à travers sa détermination et son patriotisme, sortir du schéma de cette guerre. Il avait rompu avec les schémas de sa direction officielle et avait ainsi signé son arrêt de mort. Quand, il a été adoubé par une partie de nos populations à l’Est du Congo, il signait son arrêt de mort. Cela avait été déjà le cas avec Mbuza Mabe.
Livrer une véritable guerre contre le M23, c’est livrer une guerre contre la majorité présidentielle. N’oublions pas que cette milice ougando-rwandaise est une émanation du CNDP et que le CNDP était membre de la majorité dite présidentielle au Congo.
L’autre erreur du colonel Ndala est celle d’avoir compté sur l’appui de la fameuse communauté internationale. Plusieurs d’entre nous n’ont pas compris que cette guerre de basse intensité est une guerre de dépeuplement des territoires congolais, avec la complicité de certains congolais.
Alors quand vous venez dans cette guerre en affichant un patriotisme, un nationalisme et une résistance farouche, vous devenez l’ennemi des acteurs majeurs qui mènent cette guerre et on vous tue.

Sur la vérité de la guerre contre les congolais

C’est une guerre, purement et simplement, de prédation, avec plusieurs milices à l’appui. Et cette guerre crée la peur et la panique, soumet nos populations pour qu’elles puissent devenir une main d’oeuvre corvéable à merci.
Nous avons des milices rwando-ougandaises qui travaillent main dans la main avec le conglomérat d’aventuriers qui est à Kinshasa, pour exterminer les congolais.
La vérité de cette guerre de basse intensité n’a pas changé du tout. C’est une guerre menée par les élites dominantes occidentales, avec la complicité de Kagamé, Museveni et de leurs chevaux de Troie à Kinshasa. Elle extermine les congolais pour le bénéfice de la politique et de l’économie des pays occidentaux.
Il n’y a pas à chercher midi à 14h. Que tel ou tel a tué, cela ne change rien. Il s’agit d’une guerre contre les congolais, contre le patriotisme congolais, contre le nationalisme congolais, contre tout effort de résistance congolaise. C’est une guerre de prédation, d’extermination, de balkanisation et d’implosion du Congo.


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