Par Mufoncol Tshiyoyo
Une élite sans pouvoir ni vision claire sur sa politique étrangère condamne son pays à l’ignorance et à l’insignifiance.
Cette réalité est flagrante lorsqu’on observe les élites congolaises, qui se perdent dans des plaintes stériles plutôt que de construire une stratégie internationale cohérente. Il est choquant de voir cette élite protester contre l’absence d’intervention de la France dans la guerre dans l’est du Congo. La France n’est pas la représentante officielle du peuple congolais et ne doit pas exprimer ses inquiétudes sur le plan international, à moins qu’elle ne soit intéressée.
L’exemple du Niger, du Mali et du Burkina Faso
Prenons l’exemple du Niger, du Mali et du Burkina Faso. Ces pays, bien qu’affrontant des crises internes comme des coups d’État, l’insécurité liée aux groupes djihadistes et des pressions économiques, ont décidé de réduire leur dépendance vis-à-vis des puissances extérieures. En rompant en partie avec la France et en redéfinissant leurs alliances, ces États cherchent à reprendre le contrôle de leur politique étrangère. Cette démarche, bien que complexe et risquée, témoigne d’une volonté de reconquérir leur autonomie politique et diplomatique.
Le Congo ne peut espérer bénéficier d’un soutien externe que s’il parvient à se rendre indispensable dans le jeu géopolitique international. La solidarité ou les préoccupations morales ne suffisent pas à mobiliser des alliances durables.
Selon la doctrine réaliste en relations internationales, chaque État évolue dans un environnement anarchique et incertain, où sa survie dépend avant tout de sa capacité à défendre ses propres intérêts. Dans ce cadre, la France ou toute autre puissance agira avant tout pour protéger ses propres avantages stratégiques. Le Congo, en revanche, ne peut espérer bénéficier d’un soutien externe que s’il parvient à se rendre indispensable dans le jeu géopolitique international. La solidarité ou les préoccupations morales ne suffisent pas à mobiliser des alliances durables.
La question cruciale est donc la suivante : le Congo peut-il se contenter d’attendre que d’autres défendent ses intérêts, ou doit-il, dès aujourd’hui, construire une politique étrangère forte et autonome ? Chaque État doit avant tout défendre ses propres intérêts dans l’arène internationale. Se reposer sur une intervention étrangère pour définir sa politique extérieure revient à vendre sa souveraineté, un droit que seuls les Congolais peuvent exercer pour façonner leur destin collectif.
Le défi pour le Congo
Dans le contexte actuel des relations internationales, marqué par des tensions économiques et géopolitiques croissantes, aucun pays n’est entièrement libre de ses décisions. Les États, surtout ceux en développement, naviguent dans des eaux troubles, confrontés à des pressions économiques, géopolitiques et sécuritaires.
Le défi pour le Congo est de se doter d’une élite politique susceptible d’articuler une vision cohérente, qui dépasse les préoccupations immédiates et réactives, et de forger des alliances internationales fondées sur ses propres intérêts.
Il en va de même pour le Congo, dont la politique étrangère semble souvent dictée par les circonstances immédiates ou les influences extérieures, plutôt que par une vision stratégique concertée. Il est donc légitime de se demander : y a-t-il réellement une politique étrangère congolaise qui repose sur une vision à long terme, ou bien est-elle le fruit des humeurs individuelles des dirigeants ?
Une politique étrangère véritablement souveraine ne peut pas se fonder sur des réponses ponctuelles ou des décisions opportunistes. Elle doit émaner d’une élite capable de penser et d’agir de manière stratégique, en tenant compte des priorités nationales à long terme. Le défi pour le Congo est de se doter d’une élite politique susceptible d’articuler une vision cohérente, qui dépasse les préoccupations immédiates et réactives, et de forger des alliances internationales fondées sur ses propres intérêts.
Cesser de compter sur des interventions extérieures
La souveraineté ne se réclame pas, elle se construit patiemment à travers des actions concrètes et une vision à long terme. Les élites congolaises doivent cesser de compter sur des interventions extérieures pour résoudre leurs problèmes internes.
La souveraineté ne se réclame pas, elle se construit patiemment à travers des actions concrètes et une vision à long terme.
Elles doivent, au contraire, articuler une politique étrangère souveraine, fondée sur les aspirations du peuple congolais et un engagement profond à défendre ces intérêts sur la scène internationale. Si elles échouent à accomplir cette tâche, elles perdront progressivement leur légitimité et leur capacité à influer sur le destin du Congo.
En somme, le Congo, comme tout autre État, ne peut pas se permettre d’être un spectateur passif dans les affaires internationales. Seule une politique étrangère cohérente, établie à partir d’une vision claire et ancrée dans les réalités locales, pourra garantir que les intérêts du pays soient défendus et respectés dans les cercles diplomatiques. Il incombe à l’élite congolaise de prendre la responsabilité de cette vision et de la réussir.
Mufoncol Tshiyoyo, M.T.
Think tank La Libération par la Perception, Lp