Par Guylain Gustave Moke.
La crise post-électorale au Congo est bien sur une descente en enfer. Le chaos causé par l’échec logistique et organisationnel de double scrutin, présidentiel et législatif, force la République démocratique du Congo au rythme d’un Tour de Babel politique.
L’arrivée des experts étrangers en République démocratique du Congo (RDC), le 05 Janvier dernier, pour étudier la faisabilité d’une révision “plus large” du processus de compilation des résultats des élections législatives du 28 novembre 2011, a été interprété comme ” une bouffée d’air” pour sauver un processus électoral suffoqué.
Incapables d’effectuer indépendamment leur mandat assigné, les experts agents électoraux étrangers, jettent l’éponge et rebroussent le chemin sans tambour, sans pompe.
”Des experts étrangers devraient évaluer la disponibilité des données cruciales et les personnels nécessaires pour une révision plus large du processus de compilation des résultats des élections législatives du 28 novembre” a indiqué le président de l’IFES, William Sweeney.
“L’objectif (…) était de déterminer s’il était possible de vérifier les résultats des élections à travers une révision plus large des opérations et de proposer des conseils sur la forme qu’un tel effort pourrait prendre mais il est évidemment difficile d’accomplir cette tache avec les conditions actuelles”, a précisé le président du NDI, Kenneth Wollack.
Selon le calendrier aménagé de la CENI, c’est aujourd’hui, 18 janvier, que seront publiés les résultats de l’ensemble des provinces. Hormis bien sûr ceux des quatre circonscriptions électorales de la ville de Kinshasa programmés pour le 26 janvier. Mais entre-temps, le public aurait vivement souhaité connaître le résultat de la mission des experts internationaux venus à la rescousse de la CENI.
Le rapport des experts étrangers devrait donner un surplus de crédibilité aux résultats attendus de la CENI. Leur départ en incognito, sans rapport détaillé des difficultés rencontrées dans leur tache délicate, renforce les doutes sur l’impartialité et transparence de la CENI, rendant ainsi ”suspicieux” ses résultats de législatif.
Le président auto-proclammé, M. Étienne Tshisekedi l’avait bonnement qualifié de” de visite touristique”.
A chacun son langage
Plusieurs voix s’élèvent pour sauver le processus électoral.
L’UDPS revendique la victoire de la présidentielle; victoire kidnappée par le président sortant Joseph Kabila, dans une farce électorale avec l’onction de la communauté internationale.
Kengo Wa Dondo, Mbusa Nyamwisi et Adam Bombole, trois candidats malheureux à l’élection présidentielle congolaise du 28 novembre 2011 ont fait une déclaration conjointe mardi, invitant le président Joseph Kabila à convoquer une table ronde, avant la publication des résultats définis des élections législatives, pour notamment discuter de la question de validation ou d’invalidation des résultats de la présidentielle.
Les trois personnalités ont salué le rapport des évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et a indiqué que la table ronde abordera également plusieurs questions, notamment les principes moteurs d’une réorganisation de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le nouveau calendrier électoral.
Cette déclaration de Kengo et CO, est une proposition déjà avancée par l’ONG la ” La Voix de Sans Voix”.
La Voix des Sans-Voix demandait un nouveau processus électoral dans des délais raisonnables. « L’organisation d’élections crédibles sous la supervision de nouveaux animateurs impartiaux de la Céni et la certification des résultats par la communauté internationale », avait précisé Rostin Manketa.
En réaction à cette initiative, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, opposition), dirigée par Étienne Tshisekedi, estime que la question de validation et d’invalidation des résultats de la présidentielle du 28 novembre 2011 n’est plus à l’ordre du jour.
Toute réflexion doit tourner autour de la victoire d’Etienne Tshisekedi qui a été élu par la majorité de la population”, a souligné Serge Mayamba, secrétaire national de l’UDPS chargé des relations avec les partis, tout en admettant que le dialogue a une valeur.
La majorité présidentielle, la famille politique du président sortant Joseph Kabila, fait de la sourde oreille. “A l’heure actuelle, la Cour suprême de justice avait déjà tranché,rien ne va trancher cette décision. Ce dossier est donc clos”, a affirmé Christophe Lutundula, membre de la majorité, appelant à éviter les démarches qui prêtent à équivoquer.
M. Reynders, le vice-Premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères, a présenté, entre autres, la position de Bruxelles sur le dossier de la RDCongo à cette occasion.
La Belgique souhaite qu’une “nouvelle Assemblée dans de meilleures conditions de compilation des résultats de l’élection présidentielle” soit installée à Kinshasa pour rassembler l’ensemble des acteurs et que lors des prochaines élections locales, le processus se déroule mieux pour le dépouillement, a déclaré M. Reynders.
L’église catholique de Kinshasa, les ONG de défense de droit de l’homme et l’UDPS rejettent, en bloc, la proposition de la Belgique.
Quel dénouement?
Pris en sandwich dans un processus électoral chaotique, entre le pouvoir sécuritocrate de Joseph Kabila et les espoirs de M. Étienne Tshisekedi, mais aussi entre l’hystérie, l’avidité, l’égoïsme des acteurs politiques Congolais et le bien être d’un peuple assujetti á la misère, á la pauvreté, le peuple congolais ne sait plus á quel saint se tourner.
L’inactivité, le silence de la communauté internationale trahie une position de complice, au plus grand dam du peuple congolais. Les doutes d’un avenir radieux frémissent la résistance.
La crise post-électorale en République démocratique du Congo est porteuse d’une précarité, d’une incertitude, d’une descente en enfer dont les analystes politiques ignorent le genre, la nature, le dénouement.
Par Guylain Gustave Moke