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Le problème actuel de la RD Congo est un problème de néocolonisation

Le problème actuel de la RD Congo est un problème de néocolonisation

Le problème actuel de la RD Congo est un problème de néocolonisation IN

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu analyse le « jeu » démocratique en RDC depuis l’avènement de Joseph Kabila, souligne comment les élections telles qu’elles sont organisées aujourd’hui, au Congo et ailleurs, sont faites pour leurrer les opinions nationales et internationales naïves, décrypte le rôle des massacres dans la guerre de basse intensité que subit le Congo et explique pourquoi une autre race de congolais est en train de naître.

Sur Kabila et le jeu démocratique en RDC

Sur la révision de certains articles de la constitution
Les décisions prises par ce conseil de gouvernement n’ont pas indiqué expressément les articles de la constitution qui devront être révisés. Ce qui est drôle est que plusieurs compatriotes estiment que ce gouvernement va finir par comprendre un jour le jeu démocratique. C’est une illusion à laquelle les compatriotes devraient renoncer.
Quand Joseph Kabila est monté au trône congolais comme président de la République en 2001, il n’est pas passé par le processus électoral. Quand en 2006, il est «élu », il y a eu une mascarade électorale, il est imposé par la communauté occidentale qui cherchait à récupérer l’argent qu’elle avait placé dans cette élection bidon. En 2011, il n’est pas élu par les congolais. Il s’impose à la tête du pays comme nègre de service de la communauté occidentale en procédant par tricherie, trucage et massacres de congolais.
C’est vous dire que depuis le début ce processus vicié et vicieux, il n’y a pas eu un seul instant où les congolais ont participé à des élections libres, démocratiques et transparentes. Pourquoi cela ? Parce que ce n’était pas la visée de ceux qui ont orchestré la guerre chez nous. Ce que ces derniers visaient était de pouvoir faire main basse sur les ressources du sol et du sous-sol congolais.
Beaucoup de compatriotes croient à tort que le gouvernement fantôche de Kinshasa va se réveiller un matin et travailler à l’avènement de la démocratie et de l’état de droit au Congo.

Sur les processus électoraux dans le monde et au Congo

Nous devrions de plus en plus nous convaincre que les élections, telles qu’elles sont organisées aujourd’hui, sont des pièges à cons. Même dans les pays que nous estimons très avancés démocratiquement, ce ne sont pas les hommes politiques qui dirigent. Les hommes politiques servent de garçons de courses. Ces pays depuis les années 1990 sont dirigés par les grandes entreprises multinationales. Ces dernières essaient de prendre des décisions engageant l’avenir de leurs pays. Or nous savons que ces multinationales n’ont pas de compte à rendre à un parlement quelconque. Ainsi des grandes décisions qui touchent les pays sont prises par des entreprises qui ne sont pas élues démocratiquement pour engager les populations.
A fortiori au Congo. Comment voulez-vous qu’un pays où une guerre est organisée pour piller ses richesses puisse se réveiller un matin, avec les nègres de services qui aident à pouvoir orchestrer ce pillage, et décider d’organiser des élections en y suivant les règles.
Il y a toutefois un faux argument que Mende évoque : celui des moyens. Il ne cesse de nous dire que le Congo a une croissance de plus de 8%. Comment voulez-vous qu’un pays qui connaît une si grande croissance ne puisse pas être capable d’organiser des élections convenables, pendant que des petits pays qui n’ont pas autant d’argent que le Congo réussissent quand même à faire quelque chose. En faisant allusion aux moyens, ces messieurs nous prouvent qu’ils mentent depuis tout un temps. Ils mettent l’accent sur une croissance liée tout simplement aux exportations de matières premières et cachent le fait que ces exportations n’aident pas le pays à récolter les réelles dividendes.

Sur l’hypothèse de la modification de certains articles de la constitution congolaise

Rappelons nous qu’en 2011, on se plaignait déjà en disant ceci : On ne change pas les règles du jeu au cours du jeu. Ensuite, ils ont organisé des consultations pour pouvoir faire la cohésion nationale, où est passée cette cohésion nationale. Pourquoi sont-ils devenus incapables d’appeler les compatriotes autour d’une table, pour qu’au nom de cette cohésion, ils décident ensemble sur la ligne à tenir pour que ces élections là se passent dans des conditions normales. Encore une fois, en prenant des décisions non concertées, ils prouvent qu’ils n’avaient rien à voir avec la cohésion nationale.
Le peuple congolais est l’un des peuples les plus politisés du monde. Aujourd’hui, les associations de la société civile congolaise n’accepteront pas facilement qu’il y ait des modifications des règles du jeu au cours du jeu. Mais cela pourrait être aussi un piège tendu par ceux qui conseillent et les partis politiques de l’opposition, et les associations de la société civile, et la majorité au pouvoir fantôche de Kinshasa. Ce piège viserait une confrontation permanente entre les congolais et les nègres de service de la communauté occidentale qui permette à la communauté occidentale de tirer son épingle du jeu en recourant à sa règle chérie, diviser pour régner. Diviser le plus possible pour exploiter le chaos, un chaos qui entraîne une destruction créatrice pour cette communauté occidentale.

Sur les problèmes à résoudre dans l’urgence

Les élections sont faites pour leurrer les opinions nationales et internationales naïves. Et les populations éveillées n’acceptent plus la voie que leur tracent les hommes politiques dont les multinationales se servent comme petites mains. Nous avons cela aussi au Congo. Mais nous avons pire. La guerre de basse intensité, qui bat son plein au Congo, ne prendra pas fin avec les élections bidon. Nous avons en permanence un problème de légitimité qui date des années 1960 qui n’a pas trouvé sa solution. Nous avons un problème de direction, nous n’avons pas résolu le problème du leadership responsable et unificateur. Ce sont ces problèmes là qui doivent être résolus, dans l’urgence.
L’argument de la politique de la chaise vide n’a pas de sens au Congo. Il n’y a pas de chaises pour les congolais au Congo, tout le monde est assis à même le sol. Les chaises qu’il y a au Congo ne sont pas occupées par les congolais. Les congolais ne font pas la politique congolaise.
Le problème congolais actuel est un problème de néocolonisation. C’est un problème du triomphe du néolibéralisme avec ces règles de libéralisation, déréglementation et privatisation. Ce qui fait que les néolibéraux avec leurs multinationales gèrent le Congo par l’intermédiaire de nègres de service interposés. De temps en temps, les nègres de service roulent dans des grosses voitures pour impressionner, mais ce ne sont pas eux qui gèrent nos terres. La Banque Mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI) gèrent l’argent du Congo, via les nègres de services. Les services de sécurité de la RDC sont infiltrés par les nègres de service de la communauté occidentale. Le Congo actuel et un terrain vague sans Etat.
Voilà pourquoi la tâche urgente est la suivante : que les associations de la société civile et les mouvements populaires s’unifient de plus en plus et arrivent à créer une masse critique qui puisse demain se mettre debout et renverser les rapports de force, non pas pour une alternance politique, mais pour une alternative systémique.

Sur la répression au Congo

Les acteurs majeurs laissent leurs nègres de service s’agiter. La répression signifie jouer le rôle du négrier et du colon d’hier, qui oppriment, qui tuent, qui massacrent. Il y a dans les gestes que posent les membres du pouvoir fantôche de Kinshasa, la négation du moi africain, du moi congolais.
Ils se nient eux-mêmes à travers les actes de barbarie et de répression qu’ils posent à l’endroit de nos populations. Ce sont des gens dont l’imaginaire a été violé. Ils assument aujourd’hui le rôle de capitas médaillés en essayant d’intimider, massacrer et criminaliser les populations congolaises.
Nous avons à faire à des négriers des temps modernes. Pour la plupart, ce sont des élites compradores, qui jouent ce rôle parce qu’ils se partagent les miettes qui tombent des tables des multinationales qui pillent le pays.

Sur la mise en place des institutions au Congo

Il n’y a pas d’opposition républicaine en RD Congo. Comment une cour constitutionnelle prévue depuis 2006 ne voit le jour que maintenant, c’est-à-dire 8 ans après ? Créer des structures qui fassent fonctionner le Congo comme un Etat digne ne rentre pas dans la préoccupation des négriers des temps modernes du conglomérat d’aventuriers venu chez nous vers 1996. Ils n’ont même pas envie tout simplement qu’il y ait un pluralisme politique en RDC et qu’il y ait des institutions juridiques et judiciaires qui aident le pays à se remettre sur les rails. Parce que faire cela, c’est couper la branche sur laquelle ils sont assis. Il y a beaucoup de criminels de guerre, de criminels contre l’humanité, de criminels économiques parmi eux.
A l’heure actuelle, il y a les nouveaux prédateurs et les vieux dinosaures, et ils coopèrent très bien.

Sur les massacres au Nord Kivu dans la nuit du 6 juin 2014

Nous avons aujourd’hui des compatriotes qui sont debout et qui ne reculent plus même quand la mort frappe au cœur de certains de nos familles et de nos quartiers. Nous avons de plus en plus de jeunes compatriotes qui se mettent debout parce qu’ils veulent lutter contre la mort et la banalisation de la mort.
A force d’être confronté à des massacres à répétition, à force d’être pris dans les tenailles de cette guerre de basse d’intensité qui dure depuis 2 décennies, il y a une autre race de congolais qui est en train de naître. Cette race finira par créer une résistance qui fasse mal aux maîtres du monde qui orchestrent ces massacres.
Il y a dans ces massacres des actes criminels, des actes d’intimidation qui doivent créer la peur au sein de nos populations, qui doivent démobiliser nos jeunes populations, qui doivent créer la panique. Il y a là une façon de mener une guerre dans la guerre. La guerre de basse intensité dévoile là sa dimension psychologique. N’oubliez pas que ceux qui nous font la guerre nous ont dit ceci il n’y a pas si longtemps : Ils vont nous aider comme ils l’ont fait au Soudan et en ex-Yougoslavie.
Ces massacres font bien partie du projet d’extermination des congolais et d’implosion du Congo.

Sur Ntangada, Human Rights watch et les véritables responsables de la guerre au Congo

Le jour où l’on va mettre la main sur les véritables responsables de la guerre de basse intensité menée dans notre pays, le monde va connaître une très grande révolution. Les véritables responsables sont des bureaux à Londres, à Washington, à Paris, à Bruxelles. Ils sont dans les conseils d’administration des multinationales qui pillent le Congo. Ils sont, pour certains, avec l’ONU.
Ce ne sont pas ces responsables là que Human Rights Watch recherche. Parce que, qui finance Human Rights Watch ? Ce sont les mêmes responsables.
Karegeya avant de mourir a dit ceci : Ce n’est pas Bosco Ntangada qu’on devrait arrêter, c’est Kagamé. Or Kagamé a été armé par les élites anglo-saxonnes et jusqu’à ce jour, les militaires ougandais et rwandais sont formés par les américains.
Quand nous affirmons cela, nous ne nions pas que les nègres de service aient aussi leur part de responsabilité.
Essayons d’étudier les autres guerres que les commanditaires ont déjà menées, nous verrons, qu’ils sont capables comme ils l’ont fait avec l’ex-URSS, ils sont capables de vous mener une guerre pendant plus de 50 ans dans un amoralisme éhonté.


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