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Le piège du 17 février 2012 (suite et fin)

Le piège du 17 février 2012 (suite et fin)

Le piège du 17 février 2012 (suite et fin) IN

Par Jean-Pierre Mbelu.

Aller siéger dans une Assemblée-nationale-caisse –de résonnance- mensongère, c’est trahir la vérité et la justice dans un pays pris dans l’engrenage du vol, du viol, de la fraude et de la tricherie. Il est illusoire de vouloir changer un pouvoir-os dans un pays sous tutelle en participant aux institutions qu’il crée. Il faut inventer, créer, imaginer d’autres organisations et d’autres institutions pour sortir des chemins battus de l’esclavage moderne et de la mort.

Certaines forces du changement ont déjà compris que la mascarade électorale du 28, 29 et 30 novembre 2011 est « une honte pour notre pays ». Elles ne sont pas prêtes à aller siéger dans une Assemblée nationale fondée sur la fraude, le mensonge et la tricherie. Mais les arguments pour les convaincre du contraire ne manquent pas. Il y a l’argument spécieux invitant à « éviter la politique de la chaise vide ». Cet argument serait sérieux s’il était avancé dans un pays souverain. Comment peut-on, dans un pays sous tutelle, parler de la politique de la chaise vide ? Cela veut dire que ceux qui vont bientôt convoquer les députés « nommés », « cooptés » et « mal élus » à « l’Assemblée nationale-caisse de résonnance » n’ont pas l’effectivité du pouvoir au Congo (RD). Ce sont « les petites mains » du capitalo-parlementarisme chancelant pour ne pas dire mourant qui dirigent notre pays. Contrairement aux apparences.

L’une des explications aidant à comprendre cet argument spécieux est que certains de nos « politiciens » n’ont pas encore compris que le Congo est un pays sous tutelle. Ils parlent de pouvoir là où il y a un pouvoir-os contrôlé par les chiens de garde des « cosmocrates ». Tant que nous nous laisserons berner par ce genre de « politiques », notre pays n’ira nulle part. Aussi, faudra-t-il vérifier si certains d’entre eux n’ont pas comme unique profession « la politique ». Avoir la politique comme « profession » peut constituer un handicap dans la lutte pour notre émancipation collective. L’accès facile à l’argent peut tout corrompre. Pour preuve, les députés de 2006 ont voté des lois qui n’ont aucunement contribué au mieux-vivre de nos populations. Evitant « la politique de la chaise vide », ils n’ont pas pu stopper la dérive autoritaire des marionnettes au pouvoir-os chez nous. Au jour d’aujourd’hui, évoquer « l’évitement de la politique de la chaise vide » pour fonder la participation à une « Assemblée-nationale-caisse-de- résonnance-mensongère » est une erreur politique grave. Encore faudrait-il que nous nous mettions d’accord sur ce que nous entendons par « l’idée de la politique ». A notre avis, elle est la participation des minorités massives à l’édification collective du destin commun. Celle-ci ne se fait pas sans marquer des frontières étanches entre l’élite compradore et les minorités massives pensantes et agissantes, soucieuses de la réinvention d’un autre Congo.
Les partisans de « la politique-profession » sont disposés à manger à tous les râteliers pour répondre aux besoins de leurs poches sans fond. Ils peuvent passer d’un camp à l’autre pour servir leur « dieu-ventre ». Les vertus ce courage, de persévérance dans la résistance et d’abnégation leur sont inconnues.

A l’étape actuelle de la lutte pour notre émancipation de la politique impérialiste et néocoloniale, il nous semble important d’ignorer l’argument spécieux de « la politique-os de la chaise vide ». Il ne relève pas d’une analyse approfondie de la situation de notre pays. Il est fantaisiste et justifie tout simplement l’accès à la mangeoire du réseau transnationale de prédation opérant dans notre pays.
Notons que lutter contre un pouvoir-os en s’inscrivant dans un schéma concocté par le même pouvoir est un non-sens. La fierté commanderait aux forces du changement d’aider « leurs élus » à créer leurs propres institutions et organisations. Ainsi feraient-elles jouer leur capacité d’imagination, de créativité et d’inventivité. Elles aideraient notre pays à sortir des chemins battus de la mort et de l’esclavage moderne. Et l’une de nos questions essentielles est là : trouver un système alternatif à celui qui a généré notre humiliation et notre chosification.

Lutter à l’intérieur du système capitalo-parlementariste favorable aux oligarchies de l’argent a révélé ses limites dans notre pays. Il faut tenter de le combattre autrement pour éviter que la force de sa pesanteur n’annihile les énergies mobilisées pour l’impuissanter.
De chez nous, il est peut-être difficile de comprendre que le pouvoir-os sortant participe de la même mort que celle du système capitaliste occidentale dont il est l’émanation. Pourtant, c’est de cela qu’il s’agit. Même s’il faut nous rendre à l’évidence que le capitalisme du désastre mourant a encore plusieurs tours dans ses manches. Il se replie sur les pays faibles comme le nôtre pour les piller et penser assurer ainsi sa survie. D’où ses alliances avec les élites compradores de notre pays et « les députés nommés ou cooptés » soucieux d’éviter « la politique de la chaise vide ».
Dieu merci. Les forces du vrai changement ont compris ce jeu. La marche des chrétiens du 16 février va être un signal fort donné par les partisans d’une lutte citoyenne appelait à inventer le temps de sa victoire. Elle va avoir valeur de symbole. Sa valeur ne sera pas liée aux masses qu’elle mobilisera. Non. Elle sera un signe supplémentaire d’un peuple décidé à demeurer debout. Contre vents et marées.
De toutes les façons, plusieurs autres minorités massives agissantes ont compris que ce qui se passe chez nous est une question de vie ou de mort. Elles disent : « Likambo ya mabele ezali likambo ya makila. » Elles ont décidé d’aller jusqu’au bout comme tous les autres peuples du monde soucieux vivre de la liberté, de l’égalité, de la solidarité et de la fraternité. Dieu merci ! Nos enfants ont pris le relais…

J.-P. Mbelu

INGETA.

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