Dans ce rapport, le SARW (Southern Africa Resource Watch) se concentre sur la vie des mineurs et de leurs familles –montrant comment de milliers de personnes vivent dans une extrême pauvreté dans des régions de la RDC, pourtant les plus riches en ressources minières. Au même moment, les élites politiques, militaires, commerciales et traditionnelles corrompues siphonnent la plupart des fonds qui devraient alimenter la croissance socio-économique et le développement. Avec des onces de réserves d’or estimées à 30 millions dans la partie Est de la RDC, les communautés minières devraient prospérer ; mais malheureusement elles sont déchirées par la pauvreté, les abus, l’alcoolisme et la violence, qui détruisent les structures des communautés et des familles, laissant plusieurs personnes dans un état de quasi-famine perpétuel.
Dans cet environnement, les plus vulnérables – les femmes et les enfants en particulier – souffrent de la violence, de
l’exploitation, de négligences et d’abus au quotidien. A partir des interviews faites avec de centaines des femmes, des filles et des garçons que les chercheurs de SARW ont réalisés pendant dix mois sur terrain, il se dégage des faits émergents:
* La plupart des femmes, y compris les mères mariées, doivent se battre seules pour survivre. Beaucoup d’entre elles sont obligées de se débrouiller dès leur jeune âge et souvent finissent par se marier et par tomber enceinte bien avant d’atteindre l’âge de la majorité. Un grand nombre de ces femmes est victime d’abus sexuels, physiques et mentaux. Beaucoup sont abandonnées par leurs maris ou forcées d’accepter des relations polygames. Peu de filles terminent leurs études ;
* Quand les garçons atteignent l’âge de 10 – 12, ils sont souvent censés de se prendre en charge, surtout que leurs parents sont souvent très pauvres pour continuer à s’occuper d’eux. Ceci les force à travailler sur les sites des mines d’or plutôt que de rester à l’école. Plusieurs garçons aident les exploitants à laver les minerais d’Or, les plus forts trouvent du travail comme transporteurs ou même comme creuseurs, pendant que certains grappillent les poussières d’Or dans les résidus, ou sur les sites des mines abandonnées ou inactives.
* La gouvernance traditionnelle et les mécanismes de médiation se sont écroulés. Les Bwami forment maintenant une autre élite qui s’en prend à la communauté minière. Les femmes et les filles ne cherchent pas de l’aide ou toute réparation parce qu’elles savent qu’elles ne recevront aucune assistance mais, deviendront tout simplement victimes de demandes avilissantes – c’est pour la même raison qu’elles demandent rarement réparation à travers le système judiciaire formel quand elles sont lésées. Si les femmes cherchent des interventions non familiales, c’est souvent à travers les conseils des hommes sages dont le rôle semble encore fonctionnel dans la plupart des communautés.Les chercheurs de SARW ont aussi découvert des niveaux importants de tension et des frictions entre les travailleurs des mines d’Or et leurs femmes. Le désaccord principal se justifie par la question de savoir si l’exploitation minière de l’or est un moyen de survie durable pour le ménage. La plupart des hommes creuseurs ne se posent pas cette question, ils préfèrent jouir des chablis financiers qu’ils reçoivent à des rares occasions quand ils parviennent à trouver un peu d’or. Cependant, la grande majorité des femmes donnent des raisons sociales, économiques, sanitaires et sécuritaires.
[highlight bg=”#f24017″ color=”#000000″]Télécharger l’intégralité du rapport[/highlight]
Les recommandations de SARW:
La certitude que de centaines des mineurs artisanaux seront bientôt forcés de trouver une alternative de
survie, est doublée du fait que l’exploitation minière de l’or ne rapporte pas d’argent ou ne fait pas avancer
le développement socio-économique. La plupart des familles luttent quotidiennement pour survivre. Il y a une
urgence pour le gouvernement congolais et la communauté internationale à trouver une nouvelle approche pour encadrer les communautés impliquées dans l’exploitation minière. La prise en charge des communautés minières a jusque-là été un échec total et a besoin de changer urgemment afin de se focaliser sur des solutions plus fiables, durables et pragmatiques de gagne-pain. Pendant la transition consistant à quitter les activités minières artisanales, qui est un défi multi générationnel, le gouvernement congolais et la communauté internationale doivent immédiatement prendre ces mesures:
* Fournir une gamme variée de prise en charge pour, rapidement, permettre aux femmes de transformer leurs activités d’agriculture de subsistance en opérations commerciales plus viables – à travers l’appui financier. Ceci pour mettre à disposition des équipements importants comme les tracteurs, les silos et les systèmes d’irrigation; l’assistance à l’établissement des coopératives ; la provision des outils et des semences ; et la formation en marketing et en techniques agricoles plus efficaces;
* Développer des systèmes de microcrédit qui peuvent aider à libérer les femmes de la dictature des maris et des leaders traditionnels, et leur donner le capital initial dont elles ont besoin pour transformer leurs activités agricoles ou leurs affaires en opérations qui rapportent assez de revenus pour subvenir aux besoins primaires de leurs familles – de la nourriture, à la santé jusqu’à l’éducation.
* Identifier les opportunités les plus prometteuses qui sont liées à la production agricole, y compris les initiatives nouvelles ou sous exploitées qui apportent une valeur-ajoutée aux produits de base et qui pourraient fournir une vie plus sure et durable aux familles des mineurs ; et
* S’assurer que les acteurs politiques congolais soient rendus conscients de leurs responsabilités de protéger les membres de la société les plus vulnérables et de leur refus à assumer leurs obligations – peut être en demandant à tous les leaders locaux aux pouvoirs publics de publier un rapport détaillé sur la situation dans chaque localité.
[document file=”http://www.ingeta.com/wp-content/uploads/2013/09/congogold_02_french.pdf” width=”600″ height=”400″]