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Le Congo-Kinshasa après Washington et la possible application du principe ‘’vassaux salauds’’

Le Congo-Kinshasa après Washington et la possible application du principe ‘’vassaux salauds’’

Le Congo-Kinshasa après Washington et la possible application du principe ‘’vassaux salauds’’ IN

Par Jean-Pierre Mbelu
Après le sommet de Washington, que va devenir le Congo-Kinshasa ? Que risque-t-il de devenir ? Nous essayons, dans les lignes qui suivent, d’apporter notre petite pierre en essayant de scruter l’histoire et les principes appliqués dans la politique extérieure par les Yankee.
Certains acteurs politiques et sociaux congolais se sont rendus dernièrement à Washington et ont dû participer à une ‘’table ronde’’ organisée par le NED sur une question de souveraineté nationale : la révision constitutionnelle. A entendre plusieurs d’entre eux s’exprimer, il arrive que l’on ait froid au dos. Le Congo-Kinshasa est l’un de ses rares pays du Sud a à voir des acteurs politiques et sociaux s’exprimant à haute et audible voix sur l’implication des agences et instruments de sédition ‘’made in USA’’ dans l’organisation des débats sur son devenir collectif. Le Cuba, la Bolivie, l’Equateur, le Venezuela et certains autres pays du Sud ‘’avertis’’ devraient être étonnés de cette ‘’naïveté’’ et/ou ‘’complicité ; eux qui ont eu à déjouer à plusieurs reprises ‘’les coups d’Etat doux’’ montés par ces supplétifs de la CIA.
L’audace des acteurs politiques et sociaux qui en parlent avec beaucoup d’aisance peut être interprétée comme un mauvais signal pour le Congo-Kinshasa. Pour cause. La majorité et l’opposition (du statu quo) étant coptées par ces agences, le pays de Lumumba risque de faire l’expérience de l’application du principe ‘’vassaux salauds’’. Le faux débat sur la révision constitutionnelle peut être un élément de neutralisation de ces deux forces du statu quo.

Les supplétifs de la CIA les inciteraient à une confrontation stérile pour qu’ils s’épuisent mutuellement. Ils appliqueraient le principe cher à l’un de leurs stratèges, Henri Kissinger : ‘’Laissez-les s’entretuer’’ ou ‘’il faut que deux salauds s’épuisent mutuellement’’.
Ce principe a été appliqué par les Yankee pendant la deuxième guerre mondiale. Ils soutenaient à la fois l’Allemagne et ses ennemis avant de rejoindre le camp des gagnants pour éviter le triomphe du ‘’péril rouge’’.

Eu égard à ce principe, ceux qui, au lieu de régler eux-mêmes leurs questions internes, se laissent guider par ‘’les forces extérieures’’ ne sont pas pris au sérieux. Ce sont des ‘’salauds’’. Ils ne valent rien devant ‘’les Yankee’’ malgré leur rhétorique sur le soutien à ‘’la démocratie’’ et ‘’la liberté’’ dans lesquelles ils ne croient pas. Ils les considèrent comme étant des ‘’objectifs vague et irréels’’, des ‘’slogans irréels’’ au service de leur inversion sémantique. Eux ont choisi, depuis la conquête de l’Amérique, d’agir ‘’selon les concepts de pure puissance’’.

Il ne sera pas étonnant de constater que tout en demandant au ‘’raïs’’ et à la ‘’kabilie’’ de ne pas toucher à l’article 220 de ‘’la constitution de Liège’’, ils puissent leur envoyer, en sous main, des ‘’conseillers’’ leur disant le contraire pour voir ce dont les forces sociales et politiques de l’autre camp sont capables. Au besoin, ils pourront conduire tous ces camps à une confrontation créant ‘’le chaos ‘’ au pays pour éviter que la Chine ne tire partie du marché congolais. Contrairement à ce que croient les partisans de la stabilité pour les affaires, les Yankee sont des joueurs de billards ; ils ont plusieurs tours dans leurs manches. Là où leurs concurrents peuvent ravir les grosses parts de marché, la stabilité devient le cadet de leur souci : ils sèment la pagaille. La Libye, la Syrie, l’Irak, l’Ukraine, le Gaza, etc. sont des exemples plus qu’éloquents[1].

Le deuxième principe qui pourrait être appliqué est celui du refus de ‘’collusion entre les vassaux’’. Il est cher à l’auteur du ‘’Le grand échiquier’’, Brzenzski’’, ‘’un conseiller permanent des Présidents américain’’ et un proche de la famille du pétrolier Rockefeller. Il inspire ses think tanks dont ‘’la Trilatérale’’ et le ‘’Bilderberg’’.

A ses yeux, il faut tout faire pour éviter que ‘’les vassaux’’ coalisent. (Ils risquent de devenir forts.) Il faut ‘’les maintenir dans l’Etat de dépendance que justifie leur sécurité ; cultiver la docilité des sujets protégés ; empêcher les barbares de former des alliances offensives. »
Officiellement, ces ‘’vassaux’’, ces ‘’sujets’’ et ces ‘’barbares’’ sont nommés ‘’partenaires’’ pour la propagande manipulatrice entretenant leur ‘’dépendance’’. Et les minorités sont beaucoup plus vassalisables à cause de leur fragilité (liée à leur petit nombre).

Dans ce contexte, certains chantages faits au ‘’raïs’’ et sa ‘’kabilie’’ pourraient être un appel de pied fait à leur ‘’docilité’’ et à ‘’leur dépendance’’ et une manœuvre pour créer la haine, l’implosion et la balkanisation du pays au profit des Yankee qui estiment que le Congo est ‘’un intérêt permanent’’ pour eux. Il pourrait profiter du chaos orchestré pour que le Congo-Kinshasa devienne leur protectorat[2] et ne participe pas à l’émergence d’un panafricanisme des peuples pour une Afrique forte sur l’échiquier mondial demain.

Comment trouver une alternative à ce double principe ? Plusieurs acteurs sociaux et politiques congolais réfléchissent souvent sur le court et le moyen terme là où les think tanks occidentaux (et orientaux) engagent des réflexions sur le très long terme. Les questions de la géopolitique africaine et mondiale[3] ne semblent pas les préoccuper en marge des échéances électorales. Il serait temps de changer le fusil d’épaule. En faisant quoi ?

En faisant (entre autres) usage de beaucoup d’intelligence et de sagesse dans de grands mouvements unifiants et résistants sur le court, moyen et long terme. Des mouvements rejoignant les masses populaires et guidés par un leadership collectif visionnaire et patriote.

 

Mbelu Babanya Kabudi


[1] http://www.voltairenet.org/article185018.html Cet article dit ce que plusieurs de ces pays ont en commun.
[2] R. CUSTERS, Chasseurs de matières premières, Bruxelles, Investig(Action, 2013. Le chapitre 10 est très clair sur cette question.
[3] http://french.ruvr.ru/radio_broadcast/5646896/275117031/   L’approche que Luc Michel fait de la place de l’Afrique dans la géopolitique mondiale mérite d’être écoutée et étudiée.

 

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