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La RD Congo est une néo-colonie des élites anglo-saxonnes

La RD Congo est une néo-colonie des élites anglo-saxonnes

La RD Congo est une néo-colonie des élites anglo-saxonnes IN

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu décrypte les enjeux de la « souveraineté au Congo, met en garde contre l’illusion d’une justice venant de la CPI et de la communauté internationale, rappelle comment les Nations Unies aujourd’hui nous refont le coup des années 1960 et explique pourquoi il est de notre devoir de renverser les rapports de force en notre faveur.

Sur l’implication des USA au Congo

Dans le documentaire la vérité dévoilée, un pays, les USA, affirme la main sur le cœur que le Congo a fait sa puissance économique et son pouvoir politique et qu’il ne peut, en aucun cas, lâcher le Congo. Dès que l’on n’a pas cela en vue, on ne comprend pas les orientations politiques, géostratégiques et géopolitiques de ce pays, les USA. Le commanditaire de la guerre au Congo, ce sont les USA et non le Rwanda de Kagamé qui n’est qu’une marionnette.

Sur la question de nationalité au Congo

A la base du problème congolais : Une guerre a été conçue pour piller le Congo et le conduire à son implosion. Dans la façon dont cette guerre est menée, il y a la question de la nationalité qui n’a jamais été résolu. Ce flou subsiste pour qu’il y ait un va et vient entre le Congo et le Rwanda et que le Rwanda essaie de déverser le trop plein de sa population chez nous. Maintenir cette identité flottante (Ntaganda, Nkunda, Kabila, etc), permet de maintenir un flou du point de vue de l’identité des acteurs et des marionnettes impliqués dans cette guerre de basse intensité. Ce flou entretenu profit au Rwanda et aux autres pays limitrophes.

Sur l’illusion d’une justice internationale pour le Congo par la CPI

Du moment que nous soutenons que les guerres secrètes sont aussi les guerres de la politique et de la justice internationale, nous n’avons pas à attendre grand-chose de la CPI, qui est une création du conseil de sécurité des Nations Unies, conseil dominé par les élites anglo-saxonnes qui font la guerre au Congo.
IL semblerait que par moment, nous nous mettons à rêver, à croire que maintenant que Ntaganda est à la Haye, il va chercher à dénoncer tous ses complices. Non ! C’est un jeu dans lequel nous sommes attirés, pour qu’effectivement nous nous mettions à rêver et nous dire ‘enfin, la communauté internationale a compris que nous avons beaucoup pleuré et perdu beaucoup de nos compatriotes, maintenant les coupables vont être jugés.’
Or si nous tombons dans cette illusion, nous allons accepter que la guerre se poursuive parce qu’il s’agit d’un piège tendu par les commanditaires de cette guerre pour que nous puissions croire qu’ils ont des bonnes intentions à notre endroit.

Sur le fait que nous ne sommes pas considérés en tant qu’humains

Pour le capitalisme sauvage, nous ne sommes pas des humains. Nous sommes, pour eux, des sous-hommes. Cette sous-humanisation fait partie du processus raciste qui permet qu’on nous tue, sans aucun remord.
Notre imaginaire a tellement été violé que nous ne pensons pas à approfondir les mécanismes de sous-humanisation par lesquels passe le capitalisme sauvage pour détruire le pays, pour détruire les vies, pour avoir accès davantage aux matières premières stratégiques pour le profit, peu importe les coûts humains.

Sur la « souveraineté » du Congo

Le Congo n’est pas un pays souverain. Nous sommes une néo-colonie des élites anglo-saxonnes. Sur quelles questions sérieuses arrivons-nous à décider de nous-mêmes ? Nous ne décidons de rien. Et même quand le gouvernement usurpateur participe à certaines décisions, notre peuple n’en sait absolument rien. Notre lutte et la guerre se mènent à ce niveau là : Pouvons-nous nous émanciper des forces impérialistes et néocolonialistes ? Pouvons-nous nous émanciper des forces du marché et de la finance internationale ? Pouvons-nous devenir réellement souverain de façon à ce que nous puissions décider de l’orientation à donner à nos actions politiques, diplomatiques, sociales, économiques ?

Sur la nouvelle brigade d’intervention de la MONUSCO et le rôle de l’ONU

Ce qui est en train de se faire aujourd’hui, s’est déjà passé dans les années 1960. Parce que les pays africains, qui ont dit participer à l’action de l’ONU, ne l’ont pas fait en marge du contrôle de l’ONU.
Ce qui va se passer maintenant chez nous risque d’être la même chose que ce qui s’est passé en 1960. La guerre pour la balkanisation et l’implosion du Congo va continuer de plus belle. Avec la complicité de l’ONU. N’oubliez pas l’ONU est un instrument entre les mains de l’élite dominante anglo-saxonne dans les guerres qu’elle mène à travers le monde. Mais il y a plus. Ce qui est en train de se passer chez nous, est une façon de nous bluffer pour que les intérêts de l’élite dominante anglo-saxonne puissent l’emporter sur les nôtres, et que ces entreprises financières privées, qui financent les objectifs de l’ONU, soient davantage servies.

Sur la présence de l’ONU au Congo

Lors de la sécession du Katanga en 1960, Lumumba avait cherché l’appui de l’ONU pour y mettre fin. Cet appui ne lui a pas été donné. Quand l’ONU est chez nous en 1960/1961, Lumumba, qui avait été élu légitiment et qui avait constitué un gouvernement légitime au Congo, n’a pas été soutenu. Les Lumumbistes qui ont survécu à son assassinat le 17 janvier 1961, n’ont pas pu régné au Congo. C’est avec l’accord des élites dominantes anglo-saxonnes que Mobutu a pu réaliser son coup d’Etat et régner sur nous pendant 32 ans. Ce qui se passe aujourd’hui est que l’ONU est en train de protéger un pouvoir usurpateur. Parce qu’il est au service du néolibéralisme.

Sur la réunion des BRICS en Afrique du Sud

Ce qui s’est passé en Afrique du Sud semble être une très bonne nouvelle. Les BRICS sont une opportunité à saisir pourvu que nous retenions les principes sur lesquels les BRICS voudraient se fonder et que nous soyons capables de discuter avec eux d’égal à égal. Mais j’ai l’impression qu’on est distraits. Nous restons esclaves des impérialistes et néocolonialistes. A peine, parlons nous des BRICS, ceux qui nous critiquent en disant que la Chine va aller prendre toutes nos matières premières oublient que la Chine est en train d’acheter l’Europe : Le Portugal, l’Espagne, l’Italie. Ils font semblant de nous faire croire que la Chine n’est qu’en Afrique. La Chine est partout dans le monde. Et si la Chine n’avait pas acheté la dette intérieure des USA, ce pays n’existerait plus.
Quand nous allons négocier avec la Chine, partons des principes qui nous fassent respecter. Mais si nous n’avons jamais imaginé une orientation propre à nous, pour un Congo que nous voulons pour nous, pour nos enfants, etc., alors la Chine va nous imposer ses diktats.

Sur l’avenir de l’Afrique

Ne nous laissons pas berner par ces chants de sirène qui voudraient nous faire croire aujourd’hui que ces sirènes s’occupent beaucoup plus de nous qu’elles l’ont fait hier. Nous avons beaucoup souffert sous le joug de l’impérialisme et du néocolonialisme. Il est temps que nous puissions faire d’autres expériences. Et il y a des pays africains qui sont en train de le comprendre petit à petit. Et que nous le voulions ou pas, l’avenir du monde est en Afrique. C’est donc à nous africains qu’il appartient de nous imposer demain pour renverser les rapports de force en notre faveur. Si nous ne le faisons nous n’aurons qu’à nous en prendre à nous-mêmes.

INGETA.

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