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Le 17 mai 1997, la falsification de l’histoire du Congo et la nécessaire refondation des Congolais

Le 17 mai 1997, la falsification de l’histoire du Congo et la nécessaire refondation des Congolais

Le 17 mai 1997, la falsification de l’histoire du Congo et la nécessaire refondation des Congolais IN

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu apporte un éclairage politique et historique du 17 mai 1997 pour la RDC (et de l’entrée de l’AFDL à Kinshasa), décrypte la falsification de notre histoire par les médias dominants, explique pourquoi le gouvernement fantôche de Kinshasa est insensible aux violences perpetrées contre le peuple congolais. Et invite à travailler au renouvellement de l’homme congolais et de la femme congolaise.

Sur le sens de l’entrée de l’AFDL à Kinshasa le 17 mai 1997

L’entrée de l’AFDL au Congo n’a pas été une révolution. Elle était une suite logique de la guerre de basse intensité menée contre notre pays par les multinationales et leurs petites mains. Cette guerre a engagé les forces africaines, rwandaises, ougandaises, burundaises, et quelques traîtres congolais. Pendant tout un temps, un certain nombre d’entre nous a cru qu’il y avait une guerre de libération. Mais petit à petit, avec la documentation recueillie sur cette guerre, avec les différents rapports des experts de l’ONU, nous sommes arrivés à nous rendre compte qu’il s’agissait purement et simplement d’une guerre de prédation, d’une guerre de basse intensité, menée par proxys interposés. Aujourd’hui parler de « la révolution » de l’AFDL (comme l’a fait la Radio Okapi), c’est faire un usage abusif des mots. C’est tomber dans l’inversion sémantique et c’est une façon de participer à la falsification de l’histoire de notre pays.
On devrait procéder à un inventaire, non pas un inventaire fantaisiste mais un inventaire approfondi de ce qu’il y a eu, à partir surtout de l’année 1996 jusqu’à l’entrée de l’AFDL. Il y a eu une certaine façon de dribbler les congolais en leur faisant miroiter ceux qui pouvaient les pousser à adhérer aux thèses de l’AFDL. La prise de Kinshasa et de tout le Congo par l’armée ougando-burundo-rwandaise, dans laquelle on a retrouvé quelques congolais, a participé à la confection d’un événement profond.
Quand on constitue un événement profond, le discours officiel n’a rien à voir avec le déroulement officieux de cet événement. Ce sont les tireurs de ficelles tapis dans l’ombre qui jouent le jeu, mais qui théâtralisent la face officielle de ce jeu, en essayant d’y injecter des pantins du genre, Laurent-Désiré Kabila et autres Kagamé ou Museveni.

Sur la lecture du 17 mai 1997 par Radio Okapi et les médias dominants

Dans un pays où le pluralisme médiatique est proscrit, il y a une radio qui est sérieusement financée par les forces extérieures impliquées dans cette guerre de basse intensité menée contre les Congolais.
Ces forces visent, à travers leurs médias mensonges et dominants, le décervelage et la lobotomisation des congolais. Et ces médias orchestrent la propagande des cosmocrates, des multinationales et de l’élite dominante anglo-saxonne mais celle des nègres de service qui opèrent à partir de l’Afrique des Grands Lacs.
Comment tout d’un coup, Radio Okapi met entre parenthèses toute la documentation qu’il y a eu autour de cette guerre. Aujourd’hui, il y a moyen d’étudier la guerre de l’AFDL par les livres. Ces gens nous prennent pour des imbéciles.
Radio Okapi est le lieu de la propagande de l’histoire falsifiée, mais officielle de notre pays.
Voici pourquoi ces médias et ceux qui les entretiennent falsifient en permanence l’histoire des pays qu’ils tiennent à dominer: Ces pays, les cosmocrates, les multinationales et les milieux financiers, participent de la falsification de l’histoire parce qu’ils la reconduisent régulièrement.
L’histoire doit être falsifiée pour que sa réécriture par les dignes filles et fils du Congo ne puisse pas aider à l’émancipation politique et économique de notre pays.

Sur le bilan de Laurent-Désiré Kabila à la tête du Congo

Le cas de Laurent-Désiré Kabila est ambigu. Il a commencé par jouer le rôle de pantin. Peut-être qu’il avait une stratégie propre à lui, peut-être qu’il pensait qu’il pouvait dans un premier temps adhérer aux thèses du réseau transnational de prédation avec les nègres de service, Museveni et Kagame, et une fois arrivé au pays, il changerait son fusil d’épaule. C’est quand il a commencé à vouloir réellement devenir le souverain du peuple qu’il a été assassiné.
Voilà pourquoi son cas est ambigu : Il a joué un rôle négatif, mais quand il a commencé à vouloir jouer un rôle positif pour le Congo, il a été tué.

Sur les révélations du colonel Makensi sur l’infiltration de l’armée congolaise

Ces révélations reviennent sur des secrets de polichinelle mais le témoignage de Makensi a l’avantage de pouvoir être suffisamment détaillé. On se rend compte du cynisme avec lequel la guerre du M23 a été menée. Et puis les révélations du colonel Makensi ont aussi cet avantage de pouvoir nommer les infiltrés de l’armée avec leurs numéros de matricule.
Si nous avions été dans un pays sérieux, l’opposition et les parlementaires utiliseraient ce témoignage pour demander des comptes au gouvernement. En RDC, on ne poursuit aucun falsificateur de l’histoire, aucun meurtrier sérieux, aucun assassin sérieux en justice. Nous avons, chez nous, un conglomérat d’aventuriers, qui sème la mort depuis les années 1990 et on voudrait trouver une issue facile à ces gens.
Ces révélations doivent être conservées. Un jour, si les choses changent, elles serviront.

Sur les expulsés congolais de Brazzaville

Kinshasa n’improvise rien. Le gouvernement fantôche de Kinshasa considère nos populations comme étant non utilisables et bonnes pour la mort. Les révélations de Makensi montrent comment ce qui est en train de se passer s’inscrit dans toute une logique qui pourrait aboutir à l’application de la politique de la terre brûlée à Kinshasa. Et selon différentes sources, presque chaque jour à Kinshasa, il y a couvre-feu, il y a des tracasseries régulières de la police envers nos populations… Nous devrions être très vigilants. Il y a de l’électricité dans l’air à Kinshasa.
Le sol est en train de se dérober sous les pieds du gouvernement fantôche de Kinshasa. Petit à petit, il ne sait plus à quel saint se vouer et il fait feu de tout bois. Nous ne serons pas surpris si demain Kinshasa s’embrase. Ainsi les élections ne pourraient pas avoir lieu.
Après tous ces massacres, après tous ces assassinats, après une application de la politique de l’amnistie à la tête du client, après le financement du M23 par le gouvernement fantôche de Kinshasa, voilà que demain, on voudrait nous dire : « nous mettons sur pied un gouvernement de cohésion nationale ». Il n’y a de cohésion nulle part.

Sur le renouvellement de la classe politique congolaise

L’Afrique est en train d’être sérieusement déstabilisée. Et cette déstabilisation part de son cœur, le Congo. Nous devons, lorsque nous traitons de ce qui se passe au Congo, avec un regard large. Comment va le monde aujourd’hui ? Quand on lit les médias alternatifs (Le grand Soir, Voltaire, Investig’action), on se rend compte que le danger d’une guerre mondiale est en train de peser sur nos têtes comme une épée de Damoclès.
Nous avons un problème de leadership au Congo. Il n’y a pas de direction au Congo. Il n’y a pas de capitaine dans le bateau. Il n’y a rien.
Le Congo est un terrain vague. C’est un pays sous occupation et sous tutelle qui est en train d’être démoli.
Comment voulez-vous que des gens qui se contentent de leurs titres de ministres et de leurs titres de parlementaires puissent avoir des projets à court, moyen et long terme pour le Congo ?
Ils font de la navigation à vue, parce qu’ils ne sont pas allés en politique pour servir le peuple et le pays. Ce sont des petites évidences qui devraient nous convaincre que nous acharner sur ceux qui nous estimons être nos politiciens aujourd’hui ne sert pas à grand-chose. Nous devons beaucoup plus travailler au renouvellement de la classe politique congolaise, et beaucoup plus profondément au renouvellement de l’homme congolais et de la femme congolaise.


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