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L’Angola pille-t-il les ressources pétrolières congolaises?

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Source: Gaboneco.com.

Alors que de nombreux observateurs accusent le Rwanda de piller les richesses minières du sous-sol à l’Est du Congo, un article du journal Le Potentiel réactive un débat d’une toute autre ampleur sur le pompage par l’Angola du pétrole situé dans une zone maritime revendiquée à l’Ouest par Kinshasa : « L’Angola doit au moins 10 milliards USD à la RDC » affirme la Une du quotidien de Kinshasa sur la base d’un calcul certes simpliste mais assez parlant pour susciter une réponse immédiate du directeur de cabinet du Premier ministre angolais qui dénonce des « estimations à caractère fantaisiste qui ne contribueraient qu’à plomber les dispositions actuelles de nos deux Etats ».

Il est vrai qu’à l’observation de la carte géographique, on comprend mal comment la RDC ne serait pas légitimement propriétaire d’une part significative des blocs situés au large de ses côtes et notamment le fameux bloc 15 dit le « joyau de la production angolaise », riche de réserves estimées à 4 milliards de barils.

La polémique est ancienne. Déjà en 2005, l’analyste Pierre Mbemba déclarait dans une interview au Potentiel : « D’après la Commission Intérimaire du Courant de Guinée (CICG), on nous reconnaît la zone d’exploitation exclusive d’une superficie de 68 400 km2 mais nous n’en faisons absolument rien. Les blocs 14 et 15 se trouvent dans cette zone que nos frères angolais sont en train d’exploiter à notre dépend. »

Le débat avait ensuite pris de l’ampleur à la suite de la publication de câbles Wikileaks. En Juillet 2007, selon une dépêche d’ambassade à Kinshasa, une commission mixte Angola-Congo aurait convenu du partage à 50/50 des recettes provenant de la production de nouveaux puits de pétrole à découvrir dans un champ offshore dit « Zone d’intérêt commun (ZIC) » qui s’étend sur une bande de 10 km sur 375 km.
Cet arrangement ne concernait pas les puits actuels qui comprennent le bloc 15 et éventuellement les blocs 14, 0 et 1. Il s’agissait également de partager l’exploitation d’une autoroute reliant Luanda et Cabinda, et d’un oléoduc. Mais finalement cet accord ne sera pas signé et les relations entre les deux pays prendront une tournure conflictuelle, notamment à travers des expulsions réciproques de ressortissants et le boycott par le président Dos Santos du sommet 2007 de la SADC organisé à Kinshasa.

Depuis ce temps le conflit couve. La RDC a déclaré ne pas avoir reçu sa part des recettes d’exploitation de gisements dont elle revendique la propriété territoriale, et a mis en place une commission composée de 35 experts, dirigée par un proche du président Kabila, le professeur Kabuya Lumuna. Les Etats Unis invités à entreprendre une médiation sont restés jusqu’à ce jour très réservés. De forts soupçons de corruption de haut dirigeants congolais qui auraient œuvré en faveur des intérêts angolais viennent compliquer davantage le dossier.

Selon les documents Wikileaks, l’Angola aurait articulé une offre de 600 millions USD d’arriérés pour l’utilisation de l’espace maritime congolais. Mais la RDC, prenant conscience de ses droits et du bénéfice économique gigantesque dont elle est privée, aurait décidé de recourir à l’arbitrage international.

Dans son droit de réponse au quotidien Le Potentiel, le directeur de cabinet du PM angolais reconnaît la divergence et déclare attendre « la confrontation de nos données techniques respectives » qui permettraient, selon lui, de parvenir à un nouvel accord de délimitation d’une Zone d’intérêt commun, reprenant ainsi à son compte la vieille ficelle des négociateurs : « Ce qui est à moi est à moi, et ce qui est à toi, je peux envisager de le partager… »

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