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L’accord d’Addis-Abeba ? Un bluffe et un blanchiment des criminels

L’accord d’Addis-Abeba ? Un bluffe et un blanchiment des criminels

L’accord d’Addis-Abeba ? Un bluffe et un blanchiment des criminels IN

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu expose les questions politiques fondamentales que l’accord d’Addis-Abeba soulève pour la RD Congo, souligne comment cet accord est une préparation au dispositif d’implosion de notre pays, et explique pourquoi les congolais doivent impérativement maîtriser le mode de fonctionnement des pays qui opèrent chez nous et lutter contre la culture de l’ignorance : «Les criminels ne vont pas scier eux-mêmes la branche sur laquelle ils sont assis».

Sur les déclarations de Kabila après l’accord d’Addis-Abeba

Nous n’avons aucun intérêt à accorder beaucoup d’importance à ce que dit ce monsieur. Je ne sais pas s’il nous faut plusieurs preuves pour comprendre que ce monsieur là est en train de réaliser sa macabre mission chez nous, avec un cynisme outrancier. Il appartient aux Congolais d’en tirer toutes les conséquences.

Sur les questions que soulève l’accord cadre d’Addis-Abeba

Cet accord cadre pose une question politique fondamentale : Sommes-nous un pays souverain ? Sommes-nous réellement un pays indépendant ? Ou est-ce que la signature de cet accord cadre confirme davantage que nous sommes un pays sous occupation et sous-tutelle.
Peut-on se réapproprier un texte sans en connaître l’auteur, sans en connaître l’histoire, sans en connaître l’esprit dans lequel ce texte a été écrit?

Sur l’impact de cet accord cadre

Tant que nous ne comprendrons pas que les pays qui prétendent nous aider sont là pour contribuer à l’implosion et à la balkanisation de notre pays, tant que nous nous fierons aux textes tels qu’ils nous sont présentés sans questionner leur esprit et leurs auteurs, le Congo n’avancera pas beaucoup. Et puis, nous ne pouvons pas compter sur ce gouvernement d’usurpateur pour l’avancement de notre pays. Ce qui s’est passé à Addis-Abeba devrait davantage pousser les minorités organisées et agissantes congolaises à pouvoir prendre leurs responsabilités.

Sur les dangers de cet accord pour le futur du Congo

En lisant cet accord cadre, il y a une grave falsification de notre histoire. Les pays impliqués dans la guerre de basse intensité qui nous est imposée ne sont pas nommément cités, ils deviennent aussi signataires de cet accord comme tous les autres pays non impliqués. Cet accord cadre tente d’innocenter les pays impliqués dans cette guerre chez nous. Il ne s’agit pas simplement de nos voisins africains, mais aussi de ces pays membres de la fameuse communauté dite internationale.
Cet accord cadre est un bluffe, un blanchiment des criminels impliqués dans la guerre de basse intensité au Congo. Et si nous ne faisons pas attention, cet accord cadre va réaliser ce que Johnnie Carson a dit récemment (que les américains allaient aider le Congo comme ils l’ont fait en ex-Yougoslavie, et au Soudan). Le discours de Johnnie Carson n’est qu’une préparation au dispositif d’implosion de notre pays. Herman Cohen avait lui déclaré qu’au département d’Etat américain, le Nord kivu appartenait au Rwanda.

Sur la nécessité de cultiver notre mémoire collective

A certains moments, nous faisons comme si ces discours n’avaient pas existé, nous faisons comme si tous ces discours n’avaient pas été clairs. Et nous faisons comme si de rien n’était. Nous oublions trop rapidement.
Un peuple sans mémoire ne peut pas être un peuple libre disait Danièle Mitterrand. Si nous ne cultivons pas sérieusement notre mémoire collective, nous ne pourrons pas être un peuple libre.
Un appel pressant doit être lancé aux minorités organisées et agissantes du Congo pour qu’elles prennent leurs responsabilités, qu’elles comprennent que ce qui se passe chez nous ce sont des crimes organisés. Les criminels ne vont pas scier eux-mêmes la branche sur laquelle ils sont assis.

Sur le « colportage » congolais

Nous avons un sérieux problème avec l’écrit. Nous aimons colporter. Nous colportons les discours que nous entendons, mais nous avons des problèmes sérieux à creuser les textes qui nous sont proposés dans le contexte historique de la politique de notre pays. Il y a des discours (Carson, Cohen), il y a plusieurs livres qui attestent des véritables enjeux en RD Congo.

Sur la nécessité de s’instruire constamment

Quand des actions politiques sont posées, il faut différencier les niveaux : il y a le niveau individuel, le niveau collectif et le niveau structurel. Du point de vue collectif et structurel, tout ce qui se passe au Congo n’est pas concocté au Congo. Il ne s’agit pas d’innocenter les congolais ni de vouloir s’autoflageller. Il y a aujourd’hui des actions qui se mènent en réseaux. Pour comprendre cela, il faut s’instruire, il y a des livres, il y a des conférences. Or aujourd’hui, plusieurs d’entre nous caressent la culture de l’ignorance et on voudrait révolutionner le pays avec cela.
Le Congo étant l’un des pays les plus stratégiques de l’Afrique, on ne le dirige pas de l’extérieur à partir des bla-bla qu’on entend dans la rue. Il y a des Think-Tanks, des experts qui travaillent dessus. Il est important de connaître le mode de fonctionnement des pays qui opèrent chez nous.

Sur les FDLR et la reprise des combats dans l’Est de la RDC

On fait semblant de fermer les frontières et on remet les FDLR sur le devant de la scène. Pourquoi ? pour qu’on dise, vous voyez, c’est le Congo qui héberge en son sein les rebelles rwandais. Et comme les congolais qui ont participé au débat de Kampala ont déjà innocenté le Rwanda et l’Ouganda en faisant du M23 une question congolo-congolaise, le M23 va s’entre-déchirer chez nous. Ainsi le « bon » M23 va être récupéré et va intégrer nos institutions pour une énième infiltration du Rwanda chez nous. Il ne faut jamais oublier que cette guerre de basse intensité est une stratégie montée de toute pièce par le Rwanda, l’Ouganda et leurs parrains pour pouvoir accès aux matières premières du Congo à moindre frais. Et la MONUSCO participe de ce jeu cynique de l’implosion du Congo.

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