Par Jean-Pierre Mbelu
Plusieurs Présidents Africains vont écouter Barack Obama ce lundi 04 août 2014. Il ne leur sera pas possible de lui poser des questions sur les effets des ‘’bombes humanitaires’’ larguées sur la Libye, l’Irak et l’Afghanistan. Ils ne sauront pas lui demandaient comment, après toutes ces bombes, la démocratie et la liberté ne sont pas encore les choses les plus partagées dans ces pays. Après le discours de Barack, plusieurs d’entre eux, soucieux de tripatouiller les constitutions de leurs pays respectifs, croiront que ceux-ci feront exception à la théorie du ‘’chaos constructeur US’’. Pourtant, l’un de ces pays, le Congo dit démocratique, semble être mal barré. Sa société civile et son opposition au ‘’pouvoir en place’’ auront déjà été prises en charge par les agences et des instruments de sédition US. Aussi, la Ministre des Affaires Etrangères de l’un des pays proxys US aura-t-elle été déjà en visite ‘’de travail’’ en Israël, pendant que les Gazouis, niés dans leur dignité d’être humains, étaient assassinés par le Tsaha, avec l’aval des U.S. A. Le pire serait encore à venir en RDC…
Avant que Barack Obama ne puisse s’adresser à plusieurs Présidents africains ce lundi 04 août 2014, il aura déjà pris le temps de s’entretenir avec 500 jeunes Africains sur l’avenir de leur continent. Son épouse, Micelle Obama, s’est aussi entretenue avec ces jeunes en leur rappelant que le sang qui coule dans ses veines est africain. Un pur discours de bonnes intentions, comme dirait Noam Chomsky[1]. Avant ces deux entretiens, ces jeunes supposés être des ‘’leaders de l’Afrique de demain’’ ont passé quelques mois dans les Universités américaines. Tiens ! Ne nous rappellent-t-ils pas ‘’ ces Chicago boys’’, ces ambassadeurs de la pensée néolibérale formés par Milton Friedman[2] pour renverser les gouvernements progressistes en Amérique Latine et créer de ‘’la stabilité’’ ; c’est-à-dire favoriser ‘’la montée du capitalisme du désastre’’, la sécurisation des entreprises multinationales et des réseaux transnationaux de prédation ?
Les agences et les instruments de sédition made in US
Il est quand même curieux que les pays ayant réussi à trouver, comme à tâtons, ‘’leur propre voie’’ comme l’Erythrée, le Soudan et le Zimbabwe (protecteur de ses terres) n’aient pas été invités à ce sommet US. La RDC aurait, elle, eu ‘’le privilège’’, de voir certaines de ses filles et certains de ses fils invités à un pré-sommet par le NED (National Endowrment for Democraty), l’une de plusieurs ‘’nébuleuses de think tanks’’ engagée dans ‘’les coups d’Etat en douce’’[3] en Amérique latine et dans certaines autres régions du monde.
Pour rappel, le NED fut créé en 1983 à l’initiative de Ronald Reagan et avec l’appui du Congrès américain pour être avec l’Agence américaine pour le développement international (USAID), l’institut international républicain (IRI), l’Institut national démocrate (NDI), l’Institut des Etats-Unis pour la paix (USIP), l’Open Society Institute de George Sorros, etc., des agences et des instruments de sédition ‘’made US’’[4]. Bien avant que nos compatriotes de la ‘’majorité présidentielle’’ et de ‘’l’opposition’’ soient invités par le NED, le Président de la CENI, Apollinaire Malumalu, les y avait déjà précédés[5]. Pour dire les choses autrement, la politique congolaise actuelle est en grande partie gérée par ‘’les agences et les instruments de sédition made in US’’. C’est-à-dire qu’elle n’est pas, dans une large mesure, une affaire congolo-congolaise ; elle est américaine.
Dans ce contexte, il est compréhensible que Barack Obama adressant une note au Congrès américain ait soutenu que les intérêts de la politique étrangère US sont en danger en RDC. Quels sont ces intérêts ? Les ressources du sol et du sous-sol congolais. Comment sont-elles en danger ? Elles risquent de passer aux autres acteurs stratégiques comme l’Iran, la Chine, la Russie ou être mises au service des droits socio-économiques, politiques et culturels des Congolais.
Créer une guerre de basse intensité par des ‘’proxys’’ interposés et en avoir ‘’le Cheval de Troie’’ comme gardien de ces intérêts devrait aider à garder la RDC sous le giron US. Et maintenant que ‘’le capital symbolique’’ de ce ‘’Cheval de Troie’’ semble être mise sérieusement en mal, ‘’les agences et les instruments de sédition Us’’ essaient de tout faire pour coordonner leurs actions de façon que l’initiative des commanditaires de ‘’la guerre de basse intensité’’ soit dominante. Pourquoi ? Parce que, pour avoir fait la puissance militaire et le pouvoir économique US, la RDC est ‘’un intérêt permanant’’ pour le pays de l’Oncle Sam[6].
Souvent, une petite analyse comme celle-ci conduit à des attaques virulentes allant de sa qualification d’anti-américanisme primaire à l’incompréhension du fonctionnement de ‘’la stratégie du chaos’’[7] US.
Le mode opératoire des USA
Dans ce contexte, le renvoi à la lecture des ouvrages et articles de ‘’contre-propagande’’ US ne fonctionne presque pas. Il en va de même du renvoi à l’histoire immédiate. Des questions du genre « voyez la Libye, voyez l’Irak et l’Afghanistan, voyez la Syrie et présentement Gaza. Comment voulez-vous qu’un pays ayant travaillé avec ses alliés à la destruction de tous ces pays et avec le Rwanda et l’Ouganda à la destruction du vôtre, puisse être porteur de solution pour vous » sont vite disqualifiées. Elles relèveraient du manque de ‘’pragmatisme’’, de l’incompréhension de la realpolitik. L’hégémonie culturelle occidentale néolibérale a tellement mangé les cœurs et les esprits que poser ces questions fait passer leurs auteurs pour des gens ridicules.
Cela étant, les chercheurs africains ne devraient pas se lasser dans leurs efforts pour maîtriser le mode opératoire US afin de le partager avec leurs masses populaires. En quoi consiste-t-il ? Armer des alliés circonstanciels pour déstabiliser les pays qui ont l’intention de trouver leur propre voie ; créer le ‘’chaos constructeur’’ d’un nouvel ordre dans ces pays et se présenter comme l’unique acteur majeur capable de ‘’stabiliser’’ les pays déstabilisés avec l’appui de l’ONU.
Souvent ce mode opératoire est imposé aux pays qui sont sur le point de trouver ou de persévérer sur ‘’leur propre voie’’. Pourquoi ? Les USA ont peur de l’application de ‘’la théorie de la pomme pourrie’’. Mettre une pomme pourrie dans un panier rempli de pommes saines finit par les pourrir toutes. Une Erythrée ayant engagé des programmes de santé, d’éducation et d’emploi favorables à ses populations et rejetant les programmes d’ajustement structurel du FMI a provoqué leur colère au point qu’ils ont armé l’Ethiopie et la Somalie contre ce petit pays. Un grand Congo promu par Mzee Kabila après deux années de fonctionnement sans l’apport du FMI les ont poussés à réarmer l’Ouganda et le Rwanda pour le déstabiliser. (Disons que Mzee s’était déjà tiré une balle dans le pied en créant des alliances avec ‘’le diable’’.) Bref, trouver ‘’sa voie’’ en dehors du diktat US coûte toujours très cher aux pays considérés comme récalcitrants.
Echapper aux effets nocifs de ‘’la stratégie du chaos’’
Néanmoins, il n’est pas toujours très sûr que dans le monde multipolaire naissant, les choses ne puissent pas changer. Le Sud-Soudan semble avoir compris cela. Malgré le fait que la balkanisation du Soudan ait été largement financée par les USA, le Président du Sud-Soudan a opté pour la coopération avec le pays qui lui apporte un plus de capitaux frais : la Chine. Cela lui a coûté une guerre sans qu’il en tire comme conséquence la renonciation de sa coopération avec la Chine.
Le grand Congo ne peut échapper aux effets nocifs de ‘’la stratégie du chaos’’ que si ses filles et ses fils étudient et maîtrisent le mode opératoire de l’Oncle Sam tout en restant attentifs à ce qui se passent autour d’eux et à travers le monde.
Prenons un exemple. Israël tue les Palestiniens. Ils nient leur humanité. Les USA n’ont pas froid aux yeux pour dire officiellement qu’ils mettent leurs munitions à sa disposition. Et pour les compatriotes distraits, nous rappelons que pendant qu’Israël bombardait le Gaza, la Ministre des Affaires Etrangères du Rwanda, Louise Mushikiwabo, est allée en visite de travail là-bas. Elle n’a pas désapprouvé un seul instant l’occupation israélienne de la Palestine, les massacres des femmes, des enfants et des personnes âgées. Seuls les naïfs d’entre nous seront étonnés si, après le sommet de Washington, la guerre et les massacres reprenaient en RDC.
Il est possible que vu l’état avancé de l’occupation des services de sécurité, de la police et de l’armée, les choses n’aillaient pas, pendant plusieurs années, dans le sens de l’émancipation politique de la RDC. Un semblant de démocratie pourrait être promu sur fond de cette agencification de tous ces services régaliens de l’Etat manqué congolais, après les massacres des masses congolaises au bout desquelles l’ONU neutralisées par les USA se présentera comme l’unique détentrice de solution à ‘’la crise congolaise’’. C’est-à-dire à ‘’la stratégie du chaos’’ Us entretenue par leurs ‘’proxys’’ ; c’est-à-dire l’Ouganda, le Rwanda et leurs ‘’Chevaux de Troie’’ opérant de l’intérieur des institutions congolaises. (A suivre)
Mbelu Babanya Kabudi