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La RD Congo et le syndrome du larbinisme

La RD Congo et le syndrome du larbinisme

La RD Congo et le syndrome du larbinisme IN

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu souligne comment le processus de balkanisation du Congo est toujours d’actualité et suit son cours, notamment à travers les « loups de la kabilie » qui se mangent entre nous, et explique pourquoi il est primordial, pour les congolais, de se battre contre le syndrome du larbin qui affecte un trop grand nombre de nos patriotes.

Sur les 13 ans de Joseph Kabila à « la tête » de la RDC
Certains d’entre nous ont avalisé un coup d’Etat qui a été orchestré par les alliés majeurs et assumé par ceux que ces derniers ont appelé « leaders de la renaissance africaine » : Museveni et Kagamé. Dans un premier temps, le coup d’Etat a consisté à faire de Laurent-Désiré Kabila leur pantin pour l’exploitation des ressources du sol et du sous-sol congolais, en tuant énormément de rwandais et de congolais. Puis, après l’assassinant de Laurent-Désiré Kabila, ce coup a consisté à mettre, à imposer à la tête du pays, avec la complicité de ceux que nous dénommons alliés majeurs, ceux qui ont commandité la guerre de basse intensité qui sévit au Congo, Joseph Kabila. Cela a été une catastrophe.

Sur les difficultés rencontrées par les proches de Laurent-Désiré Kabila aujourd’hui avec « le pouvoir » de Kinshasa.
Il y a un drame qui s’aggrave aujourd’hui au cœur de l’Afrique. Les loups sont en train de se manger entre eux. Après avoir accueilli Joseph Kabila comme fils de Laurent-Désiré Kabila, après avoir été impliqué dans certaines de ses combines, Joseph Kabila a estimé qu’il pouvait rompre avec une partie de ceux qui l’avaient porté au pouvoir. Et nous devons faire attention.
Le danger est de faire de cette histoire, l’histoire de Joseph Kabila avec les Katangais. Kabila a juste quelques différents à régler avec certains membres de son réseau. Le réseau est plus étendu que la petite sphère des Katangais. Et puis, cela pourrait être aussi de la diversion et un moyen de contribuer à la balkanisation du pays. Ce projet de Balkanisation est toujours en marche. Ceux qui font ce jeu là cherchent à nous convaincre que le pouvoir fantôche de Kinshasa est géré aujourd’hui par les Katangais, en oubliant que le réseau transnational est plus étendu que nos tribus et nos ethnies.
Mais maintenant que certains loups ont été humiliés qu’elle va être la suite ? Si ce n’est pas le processus de balkanisation du pays qui se poursuit, il se pourrait que les loups humiliés se vengent. Si, c’est le processus de balkanisation, ils pourront être récupérés, à l’un ou l’autre moment de ce processus. Cela d’autant plus que ce n’est pas Joseph Kabila qui tire seul les ficelles. Il y a toujours les commanditaires de la guerre dans l’ombre. Ainsi les tergiversations de Kinshasa dans le cas du Général John Numbi seraient liées au fait que 1. Les tireurs de ficelle soufflent le chaud et le froid, et 2. John Numbi en sait trop et il pourrait mettre les secrets qu’il connaît sur la place publique.

Sur le business de la guerre à l’Est de la RDC
Revenons au rapport Kassem de 2002. Ce rapport éclaire comme l’eau de roche ce qui se passe chez nous, c’est-à-dire, une opération de prédation, de vol, entretenue parce que ce rapport Kassem a dénommé le réseau d’élite. Nous ne lisons pas. Nous oublions vite, après nous faisons comme s’il y avait des nouveautés dans ce qui se passe à l’Est de notre pays. Il n’y a rien de neuf sous le soleil congolais à l’Est du pays.
C’est une guerre d’agression et de prédation. C’est une guerre qui cherche à se débarrasser le plus possible des populations congolaises dans les zones riches en ressources, à y installer les clients des multinationales, hauts gradés de l’armée et hauts fonctionnaires des institutions des quatre pays impliqués dans cette guerre. La guerre de basse intensité est restée la même quant à ses objectifs.

Sur le cas Malu-Malu et le processus électoral au Congo
Malu Malu est un monsieur désavoué par le corps auquel il appartient (la conférence épiscopale nationale du Congo). Il a fait voter le Congo avec un corps électoral inconnu, il a travaillé à la présidence-os du Congo. Il est allé à plusieurs reprises à Kampala comme membre du gouvernement congolais, en tant qu’expert. Comment voulez-vous qu’un tel monsieur puisse organiser des élections idoines ?
Au Congo, il n’y a pas d’élections, il y a vente ou achat de voix et de consciences. Tant que nous n’aurons pas fermé la parenthèse qui s’est ouverte depuis 1996, il n’y aura pas d’élections au Congo.
Pendant qu’on nous dit que le Congo connaît une forte croissance économique, on va aller mendier de l’argent en Belgique (à l’Union Européenne) pour organiser les élections?

Sur le bilan de 2013 du gouvernement Matata et le syndrome du larbinisme
Avec Matata, nous sommes tombés dans le larbinisme. Et nous avons plusieurs larbins aujourd’hui au Congo. Le syndrome du larbin est un comportement pathologique visant à prendre systématiquement la défense des classes des plus favorisés au détriment de celles auxquelles on appartient. Ce syndrome diminue les capacités d’analyses du larbin et se traduit par un blocage psychologique l’incitant à agir préférentiellement contre ses propres intérêts et au profit de ceux qui l’exploitent.
Matata agit contre les intérêts du peuple congolais au profit du réseau de prédation qui exploite ce peuple. Aujourd’hui, au Congo, nous comptons beaucoup de larbins. C’est contre cette pathologie là que nous devons nous battre. La véritable guerre est là. Le larbinisme a gagné les cœurs et les esprits de plusieurs congolais.
On les entend dans nos quartiers crier « Raïs !! Raïs !! » mais ils n’ont rien ni même où dormir. Ils n’ont pas un salaire, ils ne peuvent pas envoyer leurs enfants à l’école. Mais comme ils sont malades et souffrent du larbinisme, ils vont crier raïs. C’est un peu ce que font les Matata Ponyo et les membres du gouvernement fantôche. Il ne sera pas facile de soigner tous ces malades.

Sur les populations à l’Est du Congo
Nous devrions être de certains de nos compatriotes dans l’Est du Congo. Si nous n’avions pas l’Est, peut-être que le Congo n’existerait plus. Ce sont ces gens de l’Est qui connaissent d’où vient le danger. Ce sont encore les jeunes de l’Est qui se sont levés pour exiger un procès public autour de la mort de Mamadou Ndala. Ce n’est donc pas pour rien, qu’il y a des gens qui y sont aussi corrompus pour qu’ils fassent le travail des prédateurs. Mais le larbinisme n’est en aucun cas spécifique aux gens de l’Est du Congo.

Sur le nouveau rapport d’Human Right Watch et la question des archives
Qu’est-ce que ce rapport apporte ? Une nouvelle documentation pour nos archives. Ces rapports pourront parler un jour et on pourrait même demander à ceux qui les rédigent, comment en rédigeant ces rapports, ils ont pu coopérer avec ceux qui étaient tombés dans la barbarie et l’ensauvagement et tuaient les Congolais?
Aujourd’hui tout le monde lutte contre l’antisémitisme, mais pendant qu’on tuait les juifs, certains ont coopéré. IBM a coopéré. Ford a coopéré. Il y aura un jour une théorie anti-congolais, comme il y a l’antisémitisme aujourd’hui. Aucun peuple n’a été autant maltraité, méprisé, tué comme les Congolais. Tous ceux qui participent aux massacres des congolais devront pouvoir répondre de leurs crimes, même à titre posthume. Voilà pourquoi nous devons opérer au-delà du court-termisme.
Le Congo, c’est le cœur de l’Afrique. L’Afrique est le cœur du Monde. Aujourd’hui, ils nous disent l’Afrique, c’est l’avenir du monde. Mais l’avenir du monde, pour eux, pas pour nous. On nous tuera, on nous maltraitera, mais un jour, l’un d’entre nous dira comme cet indien : « Vous ne faites que me tuer, je reviendrai et je serai des millions ». L’Afrique a tout apporté au Monde, l’Afrique a nourri le monde. Et il va survivre à la barbarie de ces ingrats qui ont instrumentalité un certain nombre d’entre nous pour pouvoir faire disparaître l’Afrique de la carte du monde. Et le Congo finira par gagner cette guerre.

 

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