Par Cheikh Fita.
Samedi 23 juin 2012 de 10h00 à 20h00, la communauté congolaise du Nord de France a organisé une journée du Congo. C’était au Cinéma l’Univers sis 16 rue Georges Danton à Lille. Au programme, une exposition photos, une projection cinématographique, et avec comme clou, une conférence-débat autour du thème : « Regards sur l’histoire du Congo. » Des orateurs venus de quatre villes différentes d’Europe devaient développer chacun un des quatre sous-thèmes. La restauration assurée durant toute la journée était essentiellement composée de mets congolais.
Pourquoi cette journée ?
Selon un des organisateurs qui introduisait la conférence, il y a eu des élections en RD Congo. Au mépris des résultats, le Président sortant s’est cramponné au pouvoir via la fraude, le bourrage des urnes, la falsification des PV, la terreur grâce à la soldatesque …
Que devrait maintenant être le comportement du Congolais?
Le professeur Fweley Diangitukwa venu de Vevey en Suisse sera le premier intervenant et planchera sur les 50 ans après l’indépendance, avec d’abord un regard sur la colonisation avec ses affres : L’exploitation du Congo par le Roi Léopold II des belges, la poursuite de cette exploitation par la Belgique jusque 1960.
Les Congolais devraient désormais se débarrasser de toute naïveté et tirer les leçons de l’histoire.
Monsieur Rolain Mena de l’Apareco et venu de Paris planchera sur les relations entre le Congo et l’Occident.
Les négro-africains sont regardés de haut par l’occident… Comme des grands enfants. Jusqu’à ce jour, le Congo est sous la coupe des néocolonialistes. Pire, pour leurs intérêts, ils ont placé à la tête du pays des étrangers.
Troisième intervenant, docteur Stanislas Kalombo, président d’Aprodec asbl de Belgique. Son exposé porte sur les fraudes électorales.
Chiffres et tableaux à l’appui, il démontre l’œuvre machiavélique de fraude à très grande échelle du tandem Joseph Kabila-Ngoy Mulunda.
Le public sera presque révolté en se rendant compte à quel point le comportement de Joseph Kabila pour se maintenir au pouvoir était un véritable mépris du Congolais.
Mais des institutions internationales comme la Monusco, le PNUD, peuvent-elles être considérées comme innocentes dans ce hold-up électoral?
Pour l’orateur, non.
– Et maintenant, que faire ?
L’abbé Jean-Pierre Mbelu venu de Nivelles en Belgique clôturera la série des exposés avec cette grande responsabilité : donner une piste de sortie.
Au vu des institutions et autres forces occultes qui dirigent le monde,
Au vu des appétits prédateurs des grandes puissances,
Au vu de l’interpénétration de la politique et de la justice mondiale, il n’y a plus de places pour les faibles.
Les congolais doivent se débarrasser de la « personnalité » artificielle inculquée par la « culture » des dominants, se formater selon les valeurs de travail, de justice, d’égalité, se former et s’informer, rapidement travailler en réseau, mettre en place une banque de données des ressources humaines, préalable pour la création d’une banque véritablement congolaise, aucun combat de libération ne pouvant se concevoir sans moyens financiers. Ce serait un leurre d’espérer le soutien financier de ceux qui nous combattent (FMI, Banque mondiale, coopérations bilatérales et multilatérales.)
Durant le débat, le public insistera aussi sur une meilleure connaissance de nous-mêmes, une plongée dans nos cultures, surtout pour mieux guider les enfants et les jeunes menacés par l’explosion de l’Internet et ses réseaux sociaux, et sur la nécessité d’un changement profond des mentalités.
Le thème abordé ayant été si vaste, les attentes du public si grandes, un participant regrettera qu’il n’y ait pas eu suffisamment de temps pour échanger.
Il est certain, cette rencontre de Lille présage une nouvelle dynamique dans la communauté congolaise de l’étranger :
Une mise à contribution plus grande de l’intelligentsia, la plupart de ceux vivant au pays ayant vendu leur âme au diable pour une poignée de dollars ou pour un poste politique creux.
Le réarmement moral via la formation, l’information et la culture.
Depuis un demi-siècle, la direction de l’état étant toujours dans les mains des parachutés, des aventuriers et maintenant des incompétents et des étrangers, une nouvelle génération de Congolais émerge progressivement avec comme leitmotiv : mettre fin à l’aventurisme au sommet de l’état congolais. Le Congo mérite mieux.
Lille, le 23 juin 2012
Cheik Fita