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John Kerry en République Démocratique du Congo pour rire !

John Kerry en République Démocratique du Congo pour rire !

John Kerry en République Démocratique du Congo pour rire ! IN

Par Jean-Pierre Mbelu

D’où est parti John Kerry avant d’aller négocier avec la Russie sur l’Ukraine à Genève ? Comment a-t-il négocié la paix pour la Syrie ? Il semble qu’il est passé par l’Amérique Latine et après lui, le Venezuela de Maduro a sombré dans la violence ! Le pétrole vénézuélien est nécessaire à la domination US du monde. Et le coltan congolais ? Pourquoi, après avoir travaillé avec l’OTAN à la destruction de la Libye, le pays de John Kerry serait-il disposé à avoir, sur l’échiquier africain, un Congo souverain après la guerre de basse intensité qu’il est en train de lui livrer avec ses alliés ? John Kerry se rend au Congo en villégiature. Il y va pour rire. Les USA n’acceptent pas l’avènement d’un monde multipolaire et ils ont besoin des complices pour la survie de leur hégémonie. Les Etats faillis sont dans leur collimateur.

Avec un imaginaire violé par une idéologie hégémoniste vantant des USA ‘démocratiques’, quelques compatriotes estiment que le passage de John Kerry en RDC pourrait faire avancer la cause de la démocratie dans ce pays. Cette approche du Secrétaire d’Etat américain semble relever et d’une grave méconnaissance de notre histoire collective et de celle l’histoire US.

Les USA sont fondés sur la négation de l’autre

Rafraîchissons les mémoires. Les USA sont fondés sur la négation de l’autre, du différent. Pour qu’ils se constituent en pays, ils ont détruit l’Indien et exploité l’Africain. Quand nous écrivons ‘ils’, nous faisons allusion aux minorités dominantes US, à cet ‘Etat profond US’ soucieux, depuis la nuit des temps, de la défense des intérêts des ploutocrates et des entreprises multinationales. Depuis les années 1948, cet ‘Etat profond’ lutte contre la démocratie, la participation citoyenne à l’édification de la cité et les droits de l’homme qu’il considère comme étant des objectifs illusoires. Avec la publication de ‘La crise de la démocratie’ en 1975, la Trilatérale, portée par l’Etat profond US, ces minorités dominantes voulaient en finir avec la démocratie pour éviter que les gens simples puissent s’occuper des questions politiques.

Que poursuivent effectivement les minorités dominantes US ? Elles tiennent à la constitution d’un réseau transnational de minorités dominantes afin que les richesses du sol et du sous-sol du monde lui appartiennent et que les 85% de majorités dominées se partagent les miettes. Ceci ne relève pas de la simple diabolisation de l’Etat profond US mais des faits[1] dont il rend lui-même compte à travers certains médias dominants ou des documents déclassifiés du département d’Etat US. La fascination que pourrait exercer un philosophe politique de la trempe de Chomsky est, entre autres, liée à sa capacité d’aller fouiner dans ces documents afin que ce qu’il écrit soit fondé sur les faits[2]. Disons avec Peter Dale Scott que depuis les cinquante dernières années[3], cet Etat profond US impliquant les politiques démocrates et républicains, les multinationales et leurs conseils d’administration, les think tanks et les networks, trace ‘’une route vers le nouveau désordre mondial’’ se moquant de la démocratie, des droits de l’homme, de l’émancipation et de la souveraineté des peuples. La transnationalisation de ces minorités dominantes a conduit, dans plusieurs pays, au passage de la gestion des décisions impliquant les citoyens de l’espace public aux groupes privés. Pour conserver ce pouvoir des minorités dominantes, l’Etat profond US et ses alliés transnationaux sont prêts à travailler avec les djihadistes, les néo-nazis, les fascistes et les terroristes de tous bords tout en affirmant rhétoriquement qu’ils continuent à défendre la démocratie et les droits de l’homme à travers le monde. Ceci fait partie de leur politique du double discours ; de leur ‘doctrine des bonnes intentions’.

Si les américains étaient sincères, ils commenceraient par traduire Bill Clinton, Kagame, Kabila et Museveni en justice…

John Kerry arrive en Afrique après l’Ukraine. Là, ce sont des fascistes que l’OTAN a placés au pouvoir fantoche. Il va arriver en RDC, un pays que le sien, par des proxys interposés, détruit systématiquement depuis qu’il a découvert son uranium et qu’il lui est devenu ‘un intérêt permanent’. Il arrive en RDC, un pays lourdement endetté à cause de l’application des programmes d’ajustement structurels du FMI et de la Banque mondiale, après que l’OTAN ait détruit la Libye et tué Kadhafi, un homme limité certes, mais qui voulait, avec d’autres africains volontaristes, constituer le FMA[4] (le fonds monétaire africain). Il se rend en Afrique après que son pays et ses alliés aient détruit un pays dont le niveau de vie n’avait rien à envier à celui de plusieurs pays occidentaux. John Kerry se rend en Afrique après que son pays ait contribué à diviser le Soudan pour faire main basse sur son pétrole. Il va en Afrique pendant que l’armée que son pays a apprêté pour contrôler la richesse de ce continent, Africom, risque de s’installer dans les Kivus . Pour quoi faire ? Pour s’emparer des richesses de l’Ituri, des Kivus et du Katanga. Ceci n’est pas de l’anti-américanisme primaire. Une alliance public-privé a été signée entre le pouvoir fantoche de Kinshasa et une ministre américaine au mois d’octobre 2011, comme en témoigne Raf Custers dans son livre intitulé ‘Chasseurs de matières premières’.

Les USA luttent contre la fin d’un monde unipolaire. Ils sont en crise. Ils sentent leur fin approcher. Mais ils n’y croient pas. Ils veulent encore donner l’impression qu’ils demeurent un empire et un gendarme du monde. Ils ont besoin des Etats faillis qui les applaudissent et qui peuvent contribuer à leur renaissance comme empire. Ils comptent sur des peuples mal informés, sous informés, déformés ou pris en otage par les médiamensonges et les nègres de service dominants. La RDC en est un. Elle est l’un des rares pays où les partis politiques peuvent, au vu et au su de tout le monde, signer des accords avec les Instituts US de la société civile, gérés en sous main par la CIA. Elle est l’un des rares pays où une bonne partie de l’élite politique et sociale a vite oublié que le trio de la mort (Kagame-Museveni-Kabila) est une fabrication US. Triste !
Non ! John Kerry n’a rien à apporter au Congo. Si les Congolais(es) ne luttent pas pour mettre fin à l’imposture dans leur propre pays, personne ne le fera à leur place. Surtout pas les USA.

Si ces derniers étaient sincères, ils commenceraient par traduire Bill Clinton, Kagame, Kabila et Museveni en justice afin qu’ils rendent comptent des millions des morts Congolais. Tant qu’ils ne s’impliqueront pas dans une justice transitionnelle dans la sous-région des Grands Lacs, ils ne devront pas être pris au sérieux. Les applaudir, c’est, consciemment ou inconsciemment, soutenir leur guerre permanente contre l’émancipation politique et la souveraineté du Congo. Malheureusement, ils ont des complices congolaises, ennemies de l’histoire réelle du pays de Lumumba. Si John Kerry réussit à convaincre Kabila de ne pas se représenter aux élections de 2016, cela sera signe que le plan B US est en marche. Comment faire ? Les Congolais(es) doivent avoir leurs propres plans A, B, C, D, etc. qui ne doivent pas être détaillés sur Internet.

 

Mbelu Babanya Kabudi

[1] Lire N. CHOMSKY, Futurs proches. Liberté, indépendance et impérialisme au XXIe siècle, Paris, Lux, 2010.
[2] Lire N. CHOMSKY, La doctrine des bonnes intentions, Paris, Fayard, 2005.
[3] P. D. SCOTT, La route vers le nouveau désordre mondial. 50 ans d’ambition secrètes des Etats-Unis, Paris, Demi-Lune, 2011.
[4] Lire M. COLLON, Libye, OTAN et médiamensonges. Manuel de contre-propagande, Bruxelles, Investig’Action, 2011.

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