Inga III : l’étape transitoire vers le Grand Inga
La réalisation de la centrale hydroélectrique Inga III, selon le gouvernement de la RDC, nécessite une enveloppe globale de 8 milliards USD. Selon l’étude de préfaisabilité que nous nous sommes procurés, la centrale aura une puissance installée de 4320 MW, soit deux fois plus que la puissance des centrales Inga I et Inga II réunies.
La hauteur de la chute sera de 70 mètres, les conduites d’amenées d’eaux auront 13 mètres de diamètre et une longueur de 6700 mètres, avec 16 tunnels. Son débit sera de 6600 m3 par secondes.
Ainsi, Inga III permettra d’augmenter les exportations d’électricité jusqu’à 20 TWh, contre 2 TWh actuellement. Il pourrait générer des revenus annuels de plus d’1 milliard USD.
Jusque là, les potentiels investisseurs se font toujours attendre en dépit de quelques sollicitations aléatoires. La plupart d’entre eux viennent des pays émergents d’Asie, principalement de Chine et d’Inde, mais qui n’ont pas encore pris d’engagements fermes relatifs à la signature d’accords officiels avec le gouvernement de la RDC. Toutefois, au début de cette année, ce dernier a procédé à un appel à manifestation d’intérêt pour la construction de la centrale.
Le partage des connaissances et des expériences
Le Ministère congolais de l’énergie a organisé au mois de janvier dernier un atelier national préparatoire au lancement de l’étude de développement du site hydroélectrique d’Inga et des lignes d’interconnexions associées. Ces assises, auxquelles ont pris part les partenaires nationaux et étrangers avaient pour but le partage des connaissances et des expériences sur le développement de grandes infrastructures énergétiques en Afrique. Il s’en est suivi la création d’un groupe de travail, présentement actif à Kinshasa, en vue de réaliser de nouveaux aménagements de production d’électricité et transport vers les provinces et les pays de la sous-région. Le délégué du gouvernement à ces assises a exhorté les investisseurs, tant nationaux qu’étrangers, à participer à la transformation des ressources énergétiques de la RDC, particulièrement Inga III et le Grand Inga considérés comme un axe prioritaire du programme gouvernemental.
Vers un montage PPP
Dans ce but, la RDC s’est ouverte au partenariat public-privé en adhérant aux différentes organisations sous-régionales et régionales du secteur de l’énergie électrique, notamment le pool énergétique de l’Afrique australe (SAPP), le pool énergétique de l’Afrique centrale (PEAC), et le pool énergétique de l’Afrique de l’est (EAPP). Il sied de rappeler que les deux premières organisations sont opérationnelles dans le partage de l’énergie hydroélectrique produites sur le territoire congolais en particulier par les deux centrales existantes Inga I et Inga II.
Etudes à finaliser
On constate aujourd’hui davantage de visibilité sur le projet Inga III. D’une part, une étude de préfaisabilité a été réalisée en 2009 par l’entreprise canadienne SNC-Lavalin. Les récentes publications du Ministère congolais de l’énergie renseignent également qu’une étude de BNP Paribas, sur financement de la Banque mondiale, était en cours depuis 2010 sur la faisabilité financière du site Inga III. C’est dans ce cadre que le gouvernement plaide désormais pour la mobilisation de 35 millions USD destinés à finaliser toutes les études dans un délai de 18 mois. Les travaux de construction devraient ensuite s’étendre sur une période comprise entre 8 à 10 ans. Toutefois, d’autres sources affirment que l’étude de faisabilité du complexe d’Inga III pourrait démarrer cette année sur un financement de 15 millions USD de la Banque africaine de développement.
Inga III, pour la RDC ou pour l’Afrique australe ?
A travers la Société nationale d’électricité (SNEL), le gouvernement congolais a opté pour la politique d’électrification de localités des pays voisins.
La mise en exploitation du barrage d’Inga III devrait donc engendrer des retombées bénéfiques, essentiellement pour les populations locales et la communauté nationale. Les industries locales de transformation, manufacturières et agroalimentaires pourront également bénéficier des opportunités de relance qu’offre la mise en service d’Inga III.
Parmi elles, le consortium australo-britannique BHP Billiton veut construire dans la province du Bas Congo une usine d’aluminium qui aura besoin, dans sa seule première phase opérationnelle, de 2000 MW. Ce projet est toutefois contesté par de nombreuses ONG qui veulent assurer la priorité de la fourniture d’électricité aux populations et à l’économie locale.
De plus, loin de faciliter le bouclage du financement du projet Inga III, étape transitoire vers le grand Inga, l’entrée en scène de ce consortium minier semble plutôt l’avoir compliquée, puisque les pays riverains, auparavant disposés à participer au financement du projet se sont désolidarisés du programme, dès lors que le gouvernement congolais a montré sa détermination a privilégier les ménages et ses industries locales.
Ces pays pourraient être tentés de développer des centrale hydroélectriques alternatives sur des cours d’eaux tels que le Zambèze, qui traverse la Zambie et le Zimbabwe, le Kwanza en Angola (6000 MW) et le Kunene en Namibie (1600 MW).
Il n’empêche, assure-t-on à Kinshasa, que, par la suite, le projet du Grand Inga ne devrait pas manquer de financements puisque les déficits structurels en énergie de grands pays tels que l’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Egypte ou l’Angola garantissent tout l’intérêt du projet.