Le hold-up électoral de « Joseph Kabila » du 28 novembre 2011 a eu une répercussion judiciaire en Belgique, le jeudi 14 février 2012. En fin de matinée, Zetes Industrie, maison mère de ZETES S.A. , l’actionnaire Didier Nkingu et APRODEC asbl ont comparu au tribunal de commerce de Bruxelles. Objet du différend, une série de questions écrites restées sans réponse de Didier Nkingu lors de l’assemblée générale de Zetes Industrie le 30 mai 2012. Par Cheik Fita.
En tant qu’actionnaire de ZETES Industrie, Didier Nkingu avait cherché à connaître les détails du marché prétendument gagné par ZETES S.A. dans la livraison à la RD Congo de 9.500 kits électoraux et dans l’impression des cartes d’électeurs. Dans ce procès, APRODEC asbl a fait une intervention volontaire, s’intéressant aux processus électoraux en RD Congo(celui de 2006 etcelui de 2011), et les « résultats » publiés ayant été obtenus grâce aux ordinateurs et logiciels fournis par ZETES S.A. Pour APRODEC asbl, les résultats publiés par la commission électorale congolaise avec le concours de Zetes S.A. ont causé de graves préjudices à la RD Congo, d’où son intérêt.
Les avocats de ZETES Industries ont commencé leur plaidoirie en tentant de montrer l’irrecevabilité de la plainte. Ils ont ensuite accusé l’actionnaire Nkingu de vouloir instrumentaliser l’assemblée générale de la société pour diront-ils « les visées politiques » de monsieur Nkingu. Un des avocats ajoutera, parlant de notre présence, « Ils ont même fait venir un journaliste ! » Est-ce parce que nous étions noirs comme ceux qui attaquaient Zetes Industries ? Dans la salle, il y avait pourtant un autre journaliste pas noir celui-là, correspondant d’un journal financier de France !En passant, ces avocats ont égratigné les congolais selon quoi, pour tous leurs problèmes, ils envoient des copies au monde entier.
L’arrêt sera rendu dans le mois.
Lors de l’interview audio faite à l’issue de l’audience (voir vidéo plus bas), monsieur Didier Nkingu réaffirmera le sens de sa démarche :
En tant qu’actionnaire, il avait le droit à l’information sur la marche de ZETES International. Ces droits ont été bafoués le 30 mai 2012 lors de l’Assemblée générale, et jusqu’à ce jour, il n’est toujours pas en possession ni de la copie du communiqué sur sa question écrite, lors de l’assemblée générale, ni du PV de la séance. Pour ses droits bafoués, il réclame justice et réparation. L’avocat de ZETES Industrie avait décliné notre demande d’interview.
Depuis 2005, Zetes s.a. a été un grand partenaire de la CEI d’abord, commission électorale indépendante, dirigée jusque 2007 par l’abbé Malu Malu, de la CENI ensuite, commission électorale indépendante de la RD Congo. La CENI avait organisé des élections très chaotiques le 28 novembre 2011 qui s’étaient soldées par un véritable hold-up électoral entraînant au passage des morts avant, pendant et après les élections.
Quelque soit l’issue de ce procès, c’est indéniablement un coup de projecteur sur ce qu’auront été les relations entre la société belge ZETES s.a et le système kabiliste de la RD Congo, système réputé pour sa corruption et son non-respect des lois.
La société belge ZETES Industrie est ainsi confrontée à un exercice périlleux de transparence. Certains des dirigeants de cette société ont-ils magouillé avec des responsables congolais ? Y a-t-il eu usage de faux ? Quand au système de « Joseph Kabila », il risque de recevoir un coup de gourdin qu’il n’attendait pas.
Cheik FITA
Bruxelles, le 15 février 2013