Le rapport annuel 2010 du service civil du renseignement belge est une “occasion pour les citoyens de mieux appréhender le travail et les missions d’un service de renseignement. Pour la Sûreté de l’Etat, il s’agit d’une belle opportunité d’affirmer sa volonté d’ouverture”. Dans ce rapport, il y a évidemment une partie consacrée à la RDC et aux Congolais de Belgique. Nous vous présentons ce que disent les services de renseignement belge à notre sujet.
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO (RDC)
Différents éléments ont marqué l’année congolaise de la VSSE: les festivités de l’Indépendance le 30 juin 2010 aussi bien à Kinshasa avec la visite du Roi Albert II qu’en Belgique, les préparations du procès Jean-Pierre BEMBA à la Cour pénale internationale (CPI), la préparation des élections prévues en 2011, la mort de Floribert CHEBEYA et d’Armand TUNGULU en RDC avec la pléiade de réactions que cela a entraîné en Belgique, …
1.1. DIASPORA
1.1.1. Radicalisme
La tension dans la diaspora congolaise
– majoritairement opposée au Président Joseph KABILA – est montée au fil des mois. La mort à Kinshasa de deux opposants congolais vivant la plupart du temps en Belgique a rendu la communauté congolaise de la diaspora extrêmement nerveuse (en Belgique donc mais également en France, au Royaume-Uni, …).
L’assassinat par la Police congolaise du militant des droits de l’homme Floribert CHEBEYA en avril 2010 a entraîné plusieurs manifestations d’opposants congolais plus importantes que d’habitude.
La mort d’Armand TUNGULU en octobre 2010 – après avoir été arrêté par la Garde présidentielle de Joseph KABILA pour avoir jeté des pierres sur sa voiture – a encore envenimé l’ambiance. En octobre, deux manifestations ont connu une mobilisation très importante (à un niveau congolais) et ont été particulièrement violentes.
La présence de nombreux Congolais de l’étranger a été remarquée à ces manifestations. Des Congolais de France, Suisse ou du Royaume-Uni ont en effet fait le déplacement et ont été parmi les plus radicaux. Les Anglais de la «DIASPORA CONGOLAISE UNITED KINGDOM» (DCUK) notamment ont été parmi les plus violents et poussaient les Congolais de Belgique à plus de radicalisme.
Cet encouragement à la violence de la part des ‘Britanniques’ ne s’est pas fait exclusivement lors des manifestations d’octobre 2010. Depuis lors, ceux-ci viennent régulièrement sur notre territoire et continuent à inciter au radicalisme. Des menaces pèsent dès lors en permanence sur tout Congolais considéré par ces radicaux comme proche du régime de Joseph KABILA.
Perspectives
Il convient de rester très attentif sur ce sujet dans les prochains mois. Une action contre un proche du régime en Belgique n’est pas impossible et pourrait avoir des conséquences pour nos relations diplomatiques avec la République démocratique du Congo.
1.1.2. Jean-Pierre BEMBA
Après de multiples reports dus aux diverses procédures engagées par les différentes parties, le procès de Jean-Pierre BEMBA a commencé à la Cour Pénale Internationale en novembre 2010. Le président du «MOUVEMENT DE LIBERATION DU CONGO» (MLC) semble continuer – comme depuis le début de sa détention – à vouloir respecter la procédure.
Le procès n’engendre pas de remous particuliers dans la diaspora. Un autocar a bien été loué à l’une ou l’autre reprise par les partisans de Jean-Pierre BEMBA pour se rendre au procès à La Haye, mais cela n’a guère engendré de problèmes. Notre service suit la position de la diaspora par rapport à ce procès et communique à ce propos avec son homologue néerlandais.
1.1.3. Cinquantenaire de l’Indépendance du Congo
La période autour du 30 juin (jour de la fête nationale congolaise) est traditionnellement une des périodes les plus ‘agitées’ de la diaspora congolaise qui y manifeste régulièrement son opposition au régime du Président Joseph KABILA. La VSSE est donc toujours très attentive aux évènements se déroulant autour de cette date et ce d’autant plus cette année vu les remous causés par la mort de Floribert CHEBEYA en avril 2010.
Les divers évènements (festivités, expositions, conférences et autres manifestations) se sont déroulés relativement dans le calme et sans problèmes particuliers. Remarquons juste, pour la première fois, des attaques verbales directes contre le Roi Albert II en raison de sa participation aux festivités à Kinshasa aux côtés de Joseph KABILA.
1.1.4. Panafricanisme
La présence de différents petits mouvements panafricains a été constatée en Belgique. Un d’entre eux a particulièrement attiré notre attention en raison du nom de famille de son dirigeant: LUMUMBA.
En effet, lors des manifestations à Bruxelles suivant la mort de Floribert CHEBEYA, notre service a constaté l’arrivée d’un nouveau groupement – avec un discours très agressif -sur la scène de l’opposition congolaise. Il s’agit du «FRONT NATIONAL KONGOLAIS» (FNK) dirigé par le neveu de Patrice LUMUMBA, Richard LUMUMBA.
Ce mouvement anti-impérialiste et antiblanc se définit comme «nationaliste congolais panafricain». Il prône la «libération» de l’Afrique et s’oppose aux dirigeants africains actuels accusés d’être à la botte des Occidentaux. Cette libération doit se faire étape par étape, pays par pays.
Pour atteindre son objectif, Richard LUMUMBA tente de développer ses contacts avec des groupements d’opposition d’autres pays africains présents en Belgique. Il pourrait également avoir des liens vers des mouvements panafricains présents en France, Royaume-Uni et/ou Etats-Unis.
Richard LUMUMBA a participé à la plupart des manifestations congolaises de cette année et a même parfois co-organisé celles-ci en compagnie des opposants traditionnels. A l’heure actuelle cependant, il ne semble pas avoir réussi à mobiliser en Belgique autour de son message.
Néanmoins, au vu de son message qui peut être porteur auprès de certains jeunes, au vu de son nom de famille et au vu de la proximité du cinquantième anniversaire de la mort de son oncle (janvier 2011), le mouvement de Richard LUMUMBA mérite toujours une attention particulière.
1.2. EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
1.2.1. Préparation des élections
Des élections présidentielles, législatives et locales sont prévues en 2011 au Congo. La question de la tenue réelle de ces élections a fait l’objet de très nombreuses spéculations tout au long de cette année 2010. Différents candidats plus ou moins farfelus se sont manifestés et les possibilités d’alliance entre différents partis font l’objet de nombreux débats.
Les discussions principales de cette élection présidentielle (qui, dans les faits, est la seule qui intéresse) tournent autour de trois personnes:
-Etienne TSHISEKEDI. Le leader de l’«UNION POUR LA DEMOCRATIE ET LE PROGRES SOCIAL» (UDPS) s’est officiellement déclaré candidat à l’élection présidentielle, contrairement à l’élection précédente qu’il avait boycottée. Malgré son âge, une santé fragile ayant entraîné une longue absence de la scène politique congolaise et un parti divisé, Etienne TSHISEKEDI reste un poids lourd politique au Congo et sa candidature n’est dès lors pas à négliger.
. Jean-Pierre BEMBA. Bien qu’emprisonné, Jean-Pierre BEMBA reste un acteur essentiel de la prochaine campagne présidentielle. Son parti, le «MOUVEMENT DE LIBERATION DU CONGO» (MLC) est le principal parti d’opposition et son positionnement lors de la campagne électorale jouera un rôle important.
. Vital KAMERHE. L’ancien Président de l’Assemblée nationale congolaise est la grande inconnue de ces élections. Vital KAMERHE a créé son parti, l’«UNION POUR LA NATION CONGOLAISE» (UNC) et différentes rumeurs courent sur son compte: alliance avec MLC et UDPS ? Ou juste volonté de faire monter les enchères auprès de Joseph KABILA pour l’après-élection ?
Les préparatifs de ces élections sont suivis par notre service en raison de leur importance pour la stabilité du pays, de l’activité des candidats dans notre pays, des conséquences qu’elles pourraient avoir sur la diaspora et sur nos relations diplomatiques avec le Congo.
1.2.2. Cinquantenaire de l’Indépendance
Le 30 juin 2010, la République démocratique du Congo a fêté les 50 ans de son indépendance en grande pompe à Kinshasa. Une délégation belge conduite par le Roi Albert II et le Premier ministre Yves LETERME s’est rendue à Kinshasa à cette occasion. La Sûreté de l’Etat a, à cette occasion, collaboré avec d’autres services pour préparer cette visite royale.
Vous pouvez télécharger le rapport complet en cliquant ici.