Par Jean-Pierre Mbelu
Des Forces Politiques et Sociales pour l’Unités d’Actions au Congo-Kinshasa viennent de décréter le 26 novembre Journée Nationale du Souvenir. Elles viennent de poser ‘’un geste fort’’ pouvant être mis à leur crédit. Il était temps que les millions de morts du Congo-Kinshasa aient ‘’officiellement’’ une journée qui leur soit consacrée.
Dans un texte publié ce 25 novembre 2014 et intitulé ‘’Déclaration des Forces Politiques et Sociales sur la situation politique de l’heure en RDC’’, les massacres orchestrés par ‘’la Police politique’’ de Joseph Kabila le 26 novembre 2011 sont rappelés au souvenir des Congolais(es). Il en va de même de ceux consécutifs à la répression de la marche de l’Eglise catholique pour exiger ‘’la vérité des urnes’’ et des exécutions extrajudiciaires des jeunes appauvris, communément dénommés ‘’Kuluna’’. Ces Forces Politiques et Sociales pour l’Unité d’Actions remarquent que ‘’cette stratégie d’intimidation et de la mort continue jusqu’à ce jour’’. Pour lutter contre l’amnésie, elles estiment nécessaire de décréter ‘’la date du 26 novembre Journée Nationale du Souvenir’’. Elles ont prévu, ce 26 novembre 2014, des manifestations au STADIUM de la Commune de Kimbanseke.
Un geste fort!
A notre humble avis, ces compatriotes viennent de poser ‘’un geste fort’’ pouvant être mis à leur crédit. Il devenait incompréhensible que les millions des morts, victimes de la guerre de basse intensité et de prédation menée contre le Congo-Kinshasa depuis les années 1990, ne puissent pas avoir, au calendrier national, un jour qui leur est consacré. Un jour de manifestations et de méditation. Un jour de mémoire et de questionnement. Un questionnement pouvant rendre cette mémoire vivante et active. C’est-à-dire une mémoire qui guide des actions organisées efficacement pour conjurer la répétition de l’intimidation et de la mort afin de promouvoir la vie au pays de Patrice-Emery Lumumba.
Il fallait donc que se lève un groupe de Congolais(es) pour dire : ‘’ (…) En mémoire de ces victimes (…), nous décrétons la date du 26 novembre de chaque année Journée Nationale du Souvenir.’’ Cette date pourrait être associée à beaucoup d’autres. Celles des martyrs du 04 janvier 1959, celle du 16 février 1992, celle de l’assassinat de Mgr Munzihirwa, etc. Encore serait-il souhaitable que toutes ces ‘’Journées du Souvenir’’ soient célébrées sur toute l’étendue du pays pour conjurer l’amnésie collective et renforcer l’Unité d’Actions pour la promotion de la vie. Et l’Unité de toutes ces célébrations pourrait être facilité par des ‘’Universités sur le sens du martyre’’ au Congo-Kinshasa. Pourquoi ce pays a-t-il connu autant de morts depuis les années 1990 que ceux qu’il y a eu au cours de la colonisation ?
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Il devenait incompréhensible que les millions des morts, victimes de la guerre de basse intensité et de prédation menée contre le Congo-Kinshasa depuis les années 1990, ne puissent pas avoir, au calendrier national, un jour qui leur est consacré. Un jour de manifestations et de méditation.
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Quelle est l’identité des commanditaires de ces massacres, de ces assassinats et de ces exécutions extrajudiciaires ? Quelle est leur approche de l’altérité ? Que veulent-ils ? Quel est leur mode opératoire ? Quelles sont les institutions et les structures nationales et internationales dont ils se servent pour donner impunément la mort ? Quel est ‘’le nerf de leur guerre perpétuelle’’ ? Pourquoi les actions menées par les Forces Politiques et Sociales jusqu’à ce jour peinent-elles à sortir le pays du statu quo ? Quel est le système politico-économique sur fond duquel opère ‘’les forces de la mort’’ ? Quel est le Congo que ces Forces veulent pour demain ? Comment procèdent-elles pour son avènement ? Combien de fois évaluent-elles leur marche et leur démarche ? Quels sont les moyens dont elles disposent ? Qui disponibilise ces moyens ? Pour quelle fin ? , etc.
Mettre en place des universités sur le sens du martyre au Congo-Kinshasa
Il nous semble que décréter ‘’les Journées Nationales du Souvenir’’ ne peut se passer d’une étude approfondie de certaines de ces questions et d’un partage collectif des réponses pour des actions bien ciblées et efficaces. Des ‘’Universités sur le sens du martyre’’ au Congo-Kinshasa pourraient par exemple éviter aux Forces Politiques et Sociales pour l’Unité d’Actions de se laisser piéger par ‘’les pyromanes’’ qu’elles prendraient pour des ‘’pompiers’’ en créant des ‘’alliances contre-nature’’ comme il en est avec le programme ‘’Tomikotisa’’.
Ces Forces Politiques et Sociales pour l’Unité d’Actions ont une chance inouïe : la grande documentation disponible sur cette ‘’guerre perpétuelle’’. A notre avis, celle-ci est résumée (dans ses grandes lignes) par deux documentaires[1] et un article d’un ex-avocat du Tribunal Pénal International pour le Rwanda, Christopher Black[2].
Si elles veulent avancer dans l’Unité d’Actions et non dans ‘’la réaction’’, elles pourraient se constituer un bureau (ou des bureaux) d’étude, une sorte de think tank pour éclairer et évaluer leur marche ; sans complaisance. Et cela sur le court, moyen et long terme.