Par Jean-Pierre Mbelu
La soif de voir le Congo-Kinshasa devenir un pays ‘’normal’’ poussent plusieurs Congolais(es) à admirer ou envier ce qui se passe chez autrui. Souvent, sans une bonne analyse des enjeux politiques et stratégiques face auxquels leur pays est placé. Certains parmi eux choisissent même d’ignorer l’histoire et de ne pas se livrer à une analyse sérieuse de l’actualité d’un pays mis par la communauté occidentale sous la tutelle de l’ONU.
La résistance congolaise continue à faire mouche. Selon nos sources au pays et dans la communauté occidentale, les trois ‘’K’’ en sont conscients et s’apprêtent à passer à la vitesse supérieure. Ils tiennent à mettre davantage le Congo-Kinshasa à feu et à sang. Cela avec le concours des ‘’acteurs pléniers’’ estimant que la terre ne saura pas d’ici-là supporter les milliards d’habitants qui sont en train de la peupler. Les démonstrations des assassinats et massacres de Beni sont l’expression du début de ce que plusieurs des villages, villes, cités et provinces congolais vont de plus en plus subir. La résistance opérant à partir du pays est ciblée. Les agents des trois ‘’K’’ sont en train d’organiser un ‘’mercenariat’’ devant aboutir à mettre le Congo-Kinshasa à genou avant qu’il ne demande à ses pyromanes de redevenir ses pompiers.
Le modèle congolais a précédé “le burkinabè”
L’exemple burkinabé pourra-t-il servir de recours au Congo-Kinshasa ? Ce n’est pas très sûr. Pour cause. Le modèle congolais a précédé ‘’le burkinabé’’. Le 16 février 1992, les chrétiens étaient dans la rue. Plusieurs d’entre eux ont payé de leur vie avant que Mobutu, malade, ne soit disqualifié par ceux qui en avaient fait ‘’leur nègre de service’’ avant et après l’assassinat de Lumumba le 17 janvier 1961. Il est curieux que ceux qui parlent de fin de la dictature de Blaise Compaoré n’arrivent pas à dire à une haute et audible voix qui en avait fait dictateur après qu’il ait trahi et assassiné son ami, ‘’le tout grand Sankara’’.
Plusieurs compatriotes congolais épris du modèle ‘’burkinabé’’ font comme s’ils ne savaient pas que plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest appartenant à la zone CFA sont sous le giron français. Et que rien ne peut arriver à l’un ou l’autre président ces pays sans le consentement implicite et explicite de la France. L’instrumentalisation de la population par les partis politiques d’une opposition coachée par ‘’les partenaires extérieurs’’ ne signifie pas nécessairement que ‘’le printemps noir’’ a eu lieu au pays des ‘’hommes intègres’’. Non. Il est possible que les choses se clarifient d’un moment à l’autre. D’ailleurs, certains Burkinabé parlent déjà d’une révolution sans ambition fondée sur une escroquerie dénommée ‘’démocratie’’[1].
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L’exemple burkinabé pourra-t-il servir de recours au Congo-Kinshasa ? Ce n’est pas très sûr. Pour cause. Le modèle congolais a précédé ‘’le burkinabé’’. Le 16 février 1992, les chrétiens étaient dans la rue. Plusieurs d’entre eux ont payé de leur vie.
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Les acteurs pléniers de cette mise en scène politique pourraient être connus. En politique africaine, ‘’l’essentiel est invisible pour les yeux’’. En principe, un fait politique facilement médiatisé par ‘’les journalistes dominants’’ sur le continent africain devrait être pris avec des pincettes.
Croire facilement que le modèle ‘’burkinabé’’ pourrait être rééditée au Congo-Kinshasa pourrait relever de la naïveté. Cela pour certaines raisons évidentes. Les enjeux stratégiques congolais sont colossaux. Le Congo-Kinshasa n’est pas gouverné par l’un des ‘’K’’. Non. ‘’Ye, aza mwan’ a bitinda’’. Il est, avec les deux autres ‘’K’’ sur les chantiers où ‘’les faiseurs des rois’’ ne veulent pas se manifester au grand jour par peur de leur opinion publique. Il est ‘’la petite main’’ de ceux qui, pendant la Guerre de Vietnam, soutenaient que ‘’tuer était leur affaire’’. En effet, ‘’pendant la Guerre de Vietnam, au dessus de l’entrée d’une base américaine on pouvait lire : « Killing is Our Business, and Business is Good. » (« Tuer c’est notre affaire, et les affaires marchent fort »).
Ce système de la mort n’est pas infaillible
Et en effet, les affaires marchaient vraiment très fort au Vietnam (de même qu’au Cambodge, au Laos ou en Corée), où on comptait par millions le nombre de civils tués. » Longtemps après tous ces pays, un documentaire de la BBC[2] est venu révéler, après plusieurs autres documents que l’objectif majeur de la guerre commencée par les deux ‘’K’’ en Ouganda et au Rwanda était le Congo-Kinshasa. Depuis bientôt deux décennies, ‘’les affaires marchent fort’’ dans ce pays où les Etats profonds occidentaux menés par ‘’le surgeon US’’ tiennent à contrôler et à faire main basse sur les matières premières stratégiques en offrant au FPR, par son implosion et sa balkanisation, la possibilité d’avoir ‘’un Etat Fédéral’’ dans les Kivus. Croire que les partis politiques coachés par les supplétifs de la CIA vont conduire nos populations à s’autodéterminer relève des idées chimériques.
Gagner la lutte de la commune émancipation politique des Congolais(es) au niveau de l’identification des acteurs pléniers et de leur mode opératoire nous semble être un préalable indispensable à tout changement en profondeur au Congo-Kinshasa. Sans ce préalable, ce pays aura toujours à sa tête un ‘’nègre de service’’ de ceux qui ont fait de tuer leur business. Ils sont adeptes du malthusianisme. Ils se moquent des droits de l’homme et de la démocratie. Pour eux, ce sont des ‘’objectifs vagues et irréels’’, des ‘’slogans idéalistes’’.
Néanmoins, ce système de la mort n’est pas infaillible. Il a plusieurs failles que certains peuples souverains exploitent pour s’en éloigner et travailler à l’avènement d’un monde polycentré. Le dernier discours de Poutine au club Valdaï[3] contient des idées pouvant aider à le comprendre davantage pour mieux le combattre. A notre humble avis, toute révolution menée sans une bonne maîtrise et un bon partage des pensées et des idéologies dominantes au cœur du système qui la porte ressemble à un feu de paille. La clairvoyance de Boniface Musavuli[4] sur cette question se passe de tout commentaire. Le Congo-Kinshasa, au niveau de ses véritables élites intellectuelles et politiques, a encore du boulot à abattre avant que les trois ‘’Ka’’ ne le re-enfoncent dans un grand bain de sang.
Mbelu Babanya Kabudi