Sous la coordination de Jean-Jacques Wondo
On dit souvent que le crime parfait n’existe pas. Mais en criminologie, le crime parfait c’est celui qui porte à croire que le véritable auteur des faits n’est jamais identifié ou pour lequel la vraie cause de mort n’est jamais retrouvée et que les mobiles de celle-ci ne sont jamais révélés.
L’histoire du Congo semble un éternel recommencement. Il y eut Ikuku, dit « serpent de rail », tombé à Kasanji à la suite de sa vaillante prestation lors de la guerre de Shaba ; le général Mulamba Nyunyi, mort mystérieusement quelques années après avoir été le héros de Bukavu en 1964 ; Kisase Ngandu, assassiné par les troupes de l’AFDL pour s’être opposé aux rwandais ; le « tigre » Donatien Mahele, abattu le 17 mai 1997 au camp Tshatshi par des éléments de la DSP, la garde présidentielle, Mbuza Mabe, l’homme de Bukavu qui défendit vaillamment cette ville en 2004 en repoussant vers le Rwanda les éléments de Mutebusi et Obedi Rwabasira. Il mourra mystérieusement après avoir été relevé de sa fonction au Nord-Kivu par le président Kabila, alors qu’aucun choix tactique ne justifiait une telle mesure. Aucune enquête n’a permis à ce jour d’élucider les circonstances réelles de leurs morts. C’est enfin au tour du jeune colonel Mamadou Ndala, surnommé le « défenseur de Goma » de connaître le même sort tragique que ses prédécesseurs ainés. Tout porte à croire qu’on ne connaîtra jamais la vrai vérité sur sa disparition tant le crime paraît parfait ?
Et pourtant ce qui lui est arrivé ce 2 janvier était prévisible. Je ne cessais d’alerter son entourage et ceux qui le côtoient et le prédisais d’ailleurs auprès de mes interlocuteurs, comme en témoigne ces deux témoignages ci-dessous et un autre plus bas :
« Aujourd’hui j’ai pensé à la conversation que j’avais vendredi passé (Ndlr: 27 décembre 2013) avec Jean-Jacques Wondo et une activiste de la société civile du Nord-Kivu. Ils avaient raison sur le sort de Ndala… Le (peuple) Congo(lais) a beaucoup d’ennemis... » (Nadia Nsayi, politologue, chargée de plaidoyer politique au sein des ONG belges membres de l’EURAC).
« JJ, tu as avais raison et je me suis souvenu de l’échange qu’on a eu il y a deux semaines en Belgique sur l’avenir du jeune officier Mamadou Ndala dont tu prédisais la mort!!! » (Un journaliste de Kinshasa).
Retour en arrière pour tenter de comprendre les raisons de sa mort et à qui profite le crime
Dans un extrait d’une analyse que j’ai publiée il y a quelques jours, où je mettais en lumière la guerre médiatique livrée entre deux généraux qui s’octroyait la pérennité de la défaite du M23, je sous-titrais ce qui suit : Et le jeune colonel Mamadou Ndala dans tout ça ?:
« Surnommé le défenseur de Goma par la population locale, Mamadou Ndala passe aux yeux de la population qui l’a vu réellement à l’œuvre sur les différents champs de bataille à Goma ou lors de l’entrée victorieuse des FARDC à Rumangabo et à Bunagana, aux côtés du général Lucien Bahuma, ce jeune officier issu du 42ème bataillon commando formé par les Sud-africains à Mura, est également aux yeux d’un grand nombre d’experts militaires qui ont suivi son évolution sur le terrain, comme le vrai réconciliateur des FARDC avec la population.”
Pendant que le président Kabila et son Chef EMG Etumba avaient déserté la zone des opérations, depuis le déclenchement des hostilités contre le M23 en 2012, préférant les honneurs de la cérémonie festive de la reconnaissance des grades organisées dans les salles huppées de la capitale à la centaine de généraux promus alors que les FARDC venaient d’essuyer la loi du M23 à Goma attisant la colère de la population du Nord-Kivu, c’est Mamadou Ndala, resté au front, qui a manœuvré sur le terrain le retournement de la situation par sa bravoure. Cela lui permit de reconquérir les cœurs affligés des gomatraciens abandonnés par la haute hiérarchie militaire. Ce sont d’ailleurs des éléments sous le commandement de Ndala qui, en mai 2013 lorsque la guerre reprit à Goma, évacuèrent précipitamment et sans ménagement Olive Lembe, l’épouse du président. Elle s’y séjournait pour clôturer le deuil de son beau-père mais dut abandonner tous les membres sa famille à leur triste sort pour sauver sa peau. C’est infâme.”
« Lorsque les habitants de Goma se sont révoltés contre la MONUSCO pour son indolence à agir contre le M23, c’est à Mamadou Ndala qu’on a fait recours pour éteindre l’incendie. Aucun des 182 généraux et leurs chefs ci-haut mentionnés n’eurent le courage, qu’a eu par exemple en son temps le général Mahele, pour affronter les mécontents. »
Dans une autre analyse, évoquant la capture des militaires congolais par le M23 pour porter un coup dur à l’unité de Mamadou Ndala, j’écrivais ceci :
« Et voici cette stratégie molle de complaisance de Kinshasa avec le groupe rebelle amener à nouveau le M23 reprendre sa rhétorique guerrière préférée et brandir la menace psychologique en déclarant avoir capturé au moins trois soldats de la force de réaction rapide, le fameux 322ème bataillon des paracommandos formés par les Belges lors des récents combats. Des soldats déployés en première ligne et capturés le lundi 26 août à Kanyarucinya selon les déclarations de Bertrand Bisimwa, le président du M23, à la suite de violents affrontements avec les FARDC. L’état-major du M23 aurait identifié ces prisonniers de guerre comme étant le Capitaine Nyembo Wawina, le capitaine Patrick [S2 (agent de renseignement militaire non autrement identifié) du 322è bataillon Commando], le Lieutenant Murhula Nshombo du 8ème régiment ainsi que le chauffeur du Colonel Padiri. Des militaires sacrifiés une fois de plus par la hiérarchie congolaise suite à la duplicité tactique l’ayant poussé dans la gueule du lion”
« Et le M23 ne s’est pas fait avare de commentaires face à cette pêche et a saisi cette opportunité pour augmenter la pression psychologique sur Kinshasa en faisant croire que les officiers FARDC capturés étaient sous les ordres du Lieutenant-colonel Mamadou Ndala, leur bête noire. Une stratégie visant à démontrer la vulnérabilité de cette unité d’élite et de démystifier psychologiquement la vaillance de ce fils du Congo qui est sur les traces de ses ainés Léonard Mulumba Nyunyi, Donatien Mahele ou encore Félix Nkumu Embanze dit Mbuza Mabe. » (http://desc-wondo.org/quand-le-m23-applique-la-strategie-du-choc-psychologique-pour-forcer-kinshasa-a-negocier-jj-wondo/)
Toujours à propos de Ndala, l’analyste congolais Boniface Musavuli a, quant à lui, écrit : « Finalement, s’il y a trop peu d’hommes, de femmes, d’entreprises et d’institutions qui ont intérêt à ce que la guerre du Congo s’arrête rapidement, il y a au moins un acteur qui pourrait tout changer : le peuple congolais. L’espoir pour une nation, c’est qu’elle se régénère et les générations d’une époque sont rarement les « copies » des générations précédentes. Les planificateurs des guerres du Congo ont longtemps misé sur les faiblesses d’un type de population : les « zaïrois » avec leurs politiciens malléables et corrompus, nés et élevés dans l’ambiance euphorique des années Mobutu. Ils n’ont pas vu venir la nouvelle génération. Ces ados et ces pré-ados sont les enfants des femmes violées et déshonorées, de pères massacrés. Ils sont nés en exil, dans des camps de déplacés, ont été chassés de leurs villages. Ils ont vu leurs chefs coutumiers et leurs notables se faire cracher dans la bouche et se faire fouetter sur le ventre. Des pratiques traumatisantes durant les années d’occupation rwando-ougandaise. Maintenant que ces enfants ont l’âge de prendre la relève de leurs parents (morts, vivants ou humiliés) quelque chose est en train de se passer au Congo. »
« Les exploits du désormais célèbre colonel Mamadou Ndala et la ténacité des résistants congolais dans les maquis ne sont pas le fruit du hasard. Le combattant congolais a rajeuni. Ces jeunes Congolais-là ont rendez-vous avec l’histoire et ils ont un message à faire entendre. Forgés dans la douleur et n’ayant plus rien à perdre, ils veulent se faire respecter et faire respecter leur pays. »
Comprendre la finalité du renseignement pour saisir la portée de la manipulation rwandaise
Renseigner, c’est enseigner (instruire, indiquer) quelque chose en réponse à une demande. Un renseignement est une information estimée pour sa pertinence à l’égard d’une question posée. C’est donc, par essence, l’exposé de faits répondant à un besoin. Ce besoin peut être celui de recueillir un maximum de données pertinentes pour mener à bien une action. Mais il est aussi et surtout aux fins de désinformation et de déformation de la vérité dans le cadre de la manipulation des masses.
En cette matière, les services rwandais, dont la plupart de leurs officiers supérieurs et militaires (Kagame, Kabarebe, Kayumba, Karegeya…) formés à l’école américaine, sont passés maîtres en la matière. C’est à cela que servent entre autres les services d’intelligence : déformer la réalité d’une situation en l’habillant d’une parure attrayante pour séduire la naïveté de l’opinion publique et les amener insidieusement, par la technique de la diversion et de la manipulation intelligente, là où il voulait effectivement qu’ils arrivent : faire croire, au travers de ces images que Ndala est réellement victime d’une attaque des rebelles ADF-Nalu. Et pourtant, des sources FARDC viennent de nous confirmer que la zone d’attaque où le colonel Ndala a été pris pour cible n’était pas investie par les ADF-Nalu.
En effet, la même technique de désinformation fut appliquée à la perfection en 2000 et coûta la vie au commandant Anselme Masasu Nindaga, un des quatre leaders de l’AFDL. Ce dernier a découvert des actes de trahison des officiers chargés de la défense de Pweto, verrou stratégique de défense de l’axe allant vers Lubumbashi, en plus d’être une ville symbolique à valeur affective incommensurable pour Laurent-Désiré Kabila. Le commandant Masasu s’apprêtait à établir un rapport très accablant mettant en cause certains hauts gradés de l’entourage du président LD Kabila. C’est à ce moment que l’intelligence rwandaise entra en action en élaborant un vrai faux document avec l’entête des services de renseignement rwandais à l’intention de LD Kabila. Ce document mentionnait une collusion entre Masasu et l’armée rwandaise, pour amener LD Kabila à créditer la thèse de complot de Masasu avec l’ennemi rwandais. LD Kabila mordit à l’hameçon et la suite fut fatale pour le jeune Masasu dont la mort ouvrit également la voie quelques mois plus tard à l’assassinat de Mzee Kabila. Depuis ce jour, les services rwandais sont devenus maîtres du dispositif sécuritaire congolais. Ma dernière analyse et les dernières promotions dans l’armée et la PNC, ainsi que les postes dans les différents services de sécurité en RDC en constituent des indices. Ce que le M23 et alliés ont perdu sur le terrain militaire à l’est, ils le récupèrent dans le dispositif structurel et hiérarchique au sein des services de sécurité en RDC.
Depuis que nous nous sommes mis à décrypter le modus operandi du pouvoir rwandais et ses alliés en RDC, nous sommes de plus en plus attirés par le fonctionnement de leurs services de renseignement. Dans la guerre, l’exploitation du renseignement reste un facteur capital et préalable au succès militaire. En effet, dans le renseignement (= traitement et exploitation de l’information), il y a la désinformation et la déformation de l’information pour amener les naïfs à croire à la thèse de l’attaque. Dans ce domaine, les rwandais et leurs agents en RDC sont devenus maîtres en la matière.
La piste du coup fourré est notre thèse explicative de la mort du Colonel Ndala
Lorsque l’on analyse l’image vidéo relative à la mort de Ndala qui circule sur le net et la manière professionnelle de sa présentation, cela ressemblerait à un reportage bien calibré et préparé à l’avance, surtout qu’il s’agit des images des troupes en opération. La piste du crime parfait semble la thèse criminologique qui tarauderait les esprits analytiques des experts de la DESC dont nous vous livrons ici, la lecture de l’analyse technique qu’ils ont menée.
Nous avons dans un premier temps recueilli deux observations de deux spécialistes des médias :
Fabien Ambingson Kusuanika : “Je ne sais pas si c’est un montage monsieur Jean-Jacques Wondo. Mais c’est vrai que je me suis posé beaucoup de questions sur l’attitude des militaires. Ils regardaient le véhicule se consumer, alors que la réaction normale même pour nous civils auraient été de secourir la personne en danger. Dites moi un peu, les militaires au front n’ont des extincteurs dans leurs véhicules? Pourquoi aucun militaire n’y a vraiment pensé? L’autre question qui me taraude : comment les tireurs ont-ils pu cibler exactement le véhicule de Mamadou? Comment savaient-ils qu’il était dedans? D’accord avec vous que l’attitude des soldats est étrange à part quelques uns qui étaient réellement choqués...”
Henri Kamande Nzuzi : “Je suis sceptique au sujet des images car elles ne sont pas datées. Une source m’informe que le corps de Mamadou serait criblé de balles et qu’il aurait été abattu de dos…La thèse de l’assassinat n’est pas à exclure.”
Par ailleurs, tenant compte du relief du lieu de l’embuscade, nous basant sur les allégations selon lesquelles le véhicule a été touché par un obus de roquette, la position du tireur allait se trouver sur le flanc droit côté passager ou sur la butte, et la trajectoire de l’obus aurait dû être oblique. Vu la puissance et la trajectoire, l’impact aurait été visible sur le sol d’autant que la camionnette n’était pas blindée. Ce qui n’est pas le cas. La cabine du véhicule, l’endroit où devrait se trouver les passagers (Colonel Ndala, la passagère, et le chauffeur), semble être intacte. Ce qui exclue la thèse d’un tir d’obus. »
Une autre incohérence est que le véhicule est resté en ligne droite, comme s’il se dirigeait pour s’arrêter ou se garer suite à une interpellation (ou un geste de stop) d’une personne faisant partie des connaissances du colonel ou d’un des passagers.
Normalement, s’il s’agissait d’une embuscade, le chauffeur aurait eu le réflexe d‘accélérer afin d’échapper au piège de l’embuscade, étant donné que la route est droite et que le véhicule n’a pas l’air de subir des dégâts importants.
En plus, compte tenu de la configuration de la route et de l’insécurité qui règne dans la zone, le véhicule devrait rouler à vive allure. À grande vitesse, il faudrait être un excellent tireur pour atteindre une cible en mouvement.
Selon les théories militaires classiques de la tactique de l’embuscade, l’heure d’attaque [vers midi donc forte visibilité alors qu’une bonne embuscade se mène dans les conditions éphémérides d’obscurité (nuit), de faible visibilité (brouillard)] et l’emplacement choisi ne sont pas adaptés pour mener une embuscade de façon optimale. De plus, la route est en ligne droite permettant une évacuation rapide (alors qu’une embuscade est propice sur un virage ou une route sinueuse favorisant le ralentissement de la cible, ce qui n’est pas le cas)… Autre critère défavorable à une embuscade que nous avons constaté, la route est large et en bon état, aucun obstacle naturel, un véhicule isolé, la configuration du lieu et les données liées aux éphémérides (météo, visibilité,…) ne permettent pas un effet surprise qui est la condition sine qua non pour la réussite d’une telle opération d’embuscade.
La thèse de la présence des éléments de la GR semble confirmée car sur les images, certains militaires portaient des gilets pare-balles. Or, nous savons que seuls les éléments de la GR sont dotés de cet équipement. Les gilets et les casques ne font pas partie des dotations des autres unités FARDC. Cela est d’ailleurs vérifiable dans les photos de l’intervention de la GR à la RTNC le 30 décembre : ils portaient tous des gilets pare-balles.
Pour l’Ir. Guy Ngongo, diplômé de l’ERM et spécialiste en balistique : « Personnellement, je trouve cela bizarre qu’il n’y ait aucun dégât apparent autour du véhicule. A partir de quelle distance est-ce que le tir de roquette a eu lieu? Je suis en plus surpris par la précision???? pour que seul le véhicule du Colonel soit touché? Ma première analyse me pousse à dire avec modestie que ce tir aurait été effectué à courte distance. Y’a-t-il eu infiltration par une petite unité qui aurait par la suite pris la fuite juste après la réussite de leur coup? Combien de tirs de roquettes y’a-t-il eu au total ? Un seul??? Bizarre pour être sûr d’atteindre son objectif avec une telle précision surtout si le tir vient de loin. »
L’hypothèse de l’Ir. Ngongo des gens qui aurait tiré à courte distance puis pris la fuite rencontre à la fois l’analyse du Dr Ir Ndambi et la déclaration du témoin ayant aperçu deux personnes prenant la fuite et parlant Kinyarwanda et lingala. Ce qui écarte la thèse de l’attaque des ADF-Nalu et oriente vers une piste rwando- congolaise qui mettrait en cause les éléments du CNDP, M23 ou de la GR.
Selon les experts de DESC, après analyse et confrontations, le scénario de cette attaque se serait déroulé comme suit: une personne que le Colonel Ndala connait aurait fait signe (de détresse ou de stop?) pour que le véhicule s’immobilise, les personnes ont surgi l’ont identifié et en ce moment là qu’ils l’ont abattu ensuite ils ont mis le feu au véhicule. D’ailleurs, on remarque que la camionnette brûle à partir d’en bas. Comme indiqué ci dessus, une roquette est destinée à faire exploser une cible, notamment, des chars ou des véhicules blindés. On voit, manifestement, que Le véhicule a été aspergé des matières inflammables, afin de masquer, les traces des balles sur le corps.
Les experts de la DESC sont disposés à mener une expertise criminologique, balistique, explosive, tactique opérationnelle… approfondie pour aider le Peuple Congolais à connaître toute la vérité sur les circonstances et les mobiles de la mort du Colonel Ndala.
Pour nous, tout porte à croire qu’il s’agit bien d’une marque de fabrique rwandaise derrière la mort de Ndala via leurs éléments évoluant encore dans les FARDC. Cette correspondance reçue d’une source de premier plan au Nord-Kivu, tend à conforter cette thèse.
« Mon Frère Jean-Jacques vous l’aviez prédit [Ndlr : la mort de Ndala]. On s’imagine d’ou serait venu sa mort. Un civil qui était de passage lors de l’événement dit avoir croisé dans sa fuite les assassins, vêtus en treillis militaires, parlant kinyarwanda et lingala. Or tout le monde décriait la présence des commandants ex-Cndp (rwandais) en charge des régiments a Beni. Ils y on été laissé en fonction en dépit de la défection de leur complice, chef du 1er Secteur, le Colonel Richard Bisamaza.
Ceux qui sont ici ont été mis en contribution. Lorsqu’on parle d’Adf-Nalu, on s’en moque ici.Mamadou avait déjà patrouillé la zone jusqu’à une 50aine de km de Beni, ces hommes étaient déjà déployés mais la Ville de Beni, ce sont les troupes ex-Cndp qui contrôlent. On peut utiliser ces Commandants qui étaient gênés déjà de sa présence pour démarquer et défier l’ennemi. Vos condoléances, M. Wondo, parviendront à qui de droit. »
Une source militaire des renseignements congolais nous a également fait état de l’envoi depuis la hiérarchie militaire à Kinshasa, d’un peloton de la garde républicaine, soit 35 hommes, pour renforcer l’unité du commandant Ndala dans sa traque aux ADF-Nalu. Nous savons très bien que la GR échappe au contrôle du chef d’EMG des FARDC et cela a été prouvé dans un rapport de séminaire interne des FARDC sur les causes de la chute de Goma en 2012. Or le témoin susmentionné parle des personnes s’exprimant en lingala. En plus, nous avons reconnu, par leur tenue, la présence des éléments de la GR parmi les soldats présents sur les lieux. Cela confortearit les allégations de l’envoi par Kinshasa des troupes de la GR pour appuyer Ndala.
De plus, alors que dans une analyse nous parlions de “consolider les succès militaires dans une stratégie de guerre totale pour enterrer définitivement la foire à Kampala“ en insistant sur ce qui suit : « les récents succès militaires des troupes loyalistes congolaises ne doivent pas nous faire perdre de vue que le plus important est de consolider ces acquis sur les plans politiques et militaires… Rutshuru, Kiwanja, Rumangabo… ce sont des batailles gagnées qui doivent être applaudies, mais il faut que les populations accompagnent les FARDC à la victoire totale en mettant entre autres la pression sur les autorités comme elles l’ont fait depuis qu’elles se sont rendu compte des coups-fourrés des ordres de repli injustifiés qui ont amené à la chute de Goma. » Or des sources FARDC, on nous a signalé qu’après la déroute du M23, au lieu de renforcer le dispositif sécuritaire au Nord-Kivu, plusieurs commandants d’unité ont été rapatriés à Kitona…pour formation. Une stratégie visant à dégarnir la 8ème région militaire alors que le calme n’y était pas complètement revenu. Certains officiers contactés à cet effet, nous faisaient part de leur incompréhension car craignant une détérioration de la situation sécuritaire. Ils avaient vu justes
Un autre témoignage avance, en faisant allusion aux déclarations du Ministres des communications et médias et de la MONUSCO : « Si pour M. Mende et un officier de la Monusco, une embuscade des ADF-Nalu, qui pactisent avec des groupes armés locaux, n’est pas à exclure, le caporal Safari, témoin de la scène n’en n’est pas si sûr: J’ai vu deux des assaillants, et ils portaient l’ancienne tenue verte des FARDC. Je ne crois pas que ce soit les ADF-Nalu”. Près de la jeep, des commandos accusent des frères d’armes de “régiment” [Ndlr : La plupart des régiments déployés au Nord-Kivu étaient composés majoritairement des soldats Tutsi du CNDP après le processus d’intégration rapide et régimentation en 2011 : lire les armées au Congo-Kinshasa]d’avoir tué leur chef. “Ils sont jaloux à cause de notre succès dans le Rutshuru! Ils vont nous sentir!”, a lancé l’un d’eux, dont l’avis est partagé par certains. ”
Une autre thèse avancée par les officiels selon laquelle la zone d’attaque était peu sûre, ne tient pas non plus debout vu le nombre de journalistes et autres civils présents sur le lieu. De plus, un témoin civil qui arrivait sur les lieux au moment de l’attaque a témoigné qu’il avait rendez-vous avec le colonel Ndala pour leur montrer les femmes engagées dans son unité pour les filmer dans le cadre d’un reportage. Or Ndala, officier formé suivant les standards occidentaux, ne pouvait nullement prendre le risque de faire venir des civils dans une zone de combat non sécurisée sans aucune mesure de sûreté. Un autre indice qui écarterait la présence des ADF-Nalu dans ce secteur.
Enfin, une des victimes présentait des signes de rigidité cadavérique post-mortem qui surviennent selon les experts en médecine légale trois à quatre heures après le décès.
Au moment où après son passage à Kampala et sa tête-à-tête avec Museveni, le président Kabila relance politiquement le M23 vaincu militairement, en mettant les bouchées doubles pourqu’une énième loi d’amnistie soit votée en faveur de ses combattants, la tragique disparition du colonel Ndala, met la république et ses représentants au Parlement face à leur conscience patriotique. Le Peuple du Congo meurtri et endeuillé vous rendra selon votre dû. Non seulement le ver est dans le fruit FARDC, de grâce, ne faites pas revenir les loups dans la bergerie d’où ils sont chassés en votant une loi d’amnistie qui hypothequerait encore l’avenir des filles et fils du Congo.
Enfin, les analystes de la DESC redoutent d’autres drames similaires dans les mois qui suivent. Les généraux Bahuma et Olenga, autres acteurs décisifs de la déroute du M23 seraient dans la ligne de mire des escadrons de la mort qui tiennent à affaiblir les forces armées congolaises.
Jean-Jacques Wondo Omanyundu/DESC
Analyste des questions politiques et sécuritaires de la RD Congo
Lire toutes ses analyses sur desc-wondo.org
[1]Une équipe de cinq experts (en criminologie, explosifs, balistique, techniciens d’état-major pour l’analyse de la manœuvre utilisée) du DESC a visionné pendant plus de quatre heures les différentes images et photos de l’attaque du véhicule du Col Ndala et a confronté les thèses des uns et des autres pour aboutir au scénario ci-haut décrit.