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Etudier les victoires des FARDC (suite et fin)

Etudier les victoires des FARDC (suite et fin)

Etudier les victoires des FARDC (suite et fin) IN

Par Jean-Pierre Mbelu

Rester à l’écoute et à la lecture des discours des uns et des autres sur la guerre d’agression imposée à la RDCdepuis les années 90 permet d’aller, tant soit peu, au fond  de la question  des « victoires des FARDC ».  Lire les commentaires du général Olenga écouter la conférence de l’envoyé spécial US en Afrique centrale, suivre les gesticulations de notre  « Lambert national », suivre  Mary Robinson, aide à laisser les écailles tomber des yeux incrédules. Il n’est toujours pas possible à plusieurs d’entre nous de se livrer simultanément à ce dur exercice. L’humilité recommanderait  que  «les  plus faibles » acceptent d’être servis par « les plus forts ». Et que nous puissions débattre sans nous massacrer.

Etudier les victoires des FARDC sur la milice ougando-rwandaise est une façon de chercher à approfondir les questions et les stratégies   que traîne  la guerre d’agression et de prédation imposée à la RDC depuis les années 90. Nous le dirons jamais assez : « Douter de ces victoires  ne remet pas en question la vaillance des dignes filles  et fils de la RDC opérant dans les rangs des FARDC. » Cela d’autant plus que l’un d’eux, le général Olenga, dans un commentaire sur « ces victoires » remet sur la place publique et décrie les mécanismes de brassage et de mixage  avalisés par les accords signés  par « la kabilie » et ayant permis à l’ennemi d’infiltrer les FARDC.
Ce commentaire est si intéressant qu’il devrait être lu par plusieurs d’entre nous   afin que nous comprenions comment la théâtralisation de la guerre chez  nous a fini par dévoiler tous ses secrets.
Quand Olenga se confie à Colette Braeckman le 08 novembre 2013, il avoue avoir échappé à la mort. Il confie qu’une semaine avant cet échange, un lieutenant colonel du nom de Ndayambathe a failli l’assassiner, n’eût été la vigilance de sa secrétaire. Nous avons là un exemple de la théâtralisation de la guerre d’agression menée par les anglo-saxons par  Kagame, Kaguta Museveni et « Kabila Joseph » interposés : Kinshasa regorge des escadrons de la mort à même de tuer les dignes  filles et fils  de la RDC décidés à défendre au prix de leur sang la terre de leurs ancêtres. Mais, certains de ces fils et filles ne semblent pas être toujours conscients du danger qu’ils encourent en participant à ce théâtre que « le trio de la mort » leur sert.
Quand Olenga parle, dans ce commentaire,  de la préparation que les FARDC ont eu avec les Américains, les Belges et les Chinois avant d’attaquer le M23, il affirme que cela s’est fait avec le soutien du « raïs ». Mais il semble être loin de s’imaginer que le même « raïs » supporte sur le sol congolais « des lieutenants colonels » capables de lui ôter la vie avec un revolver ou simplement avec du poison. Mbuza Mabe, Samba Kaputo et plusieurs autres  fils de la RDC ne doivent pas être morts de mort naturelle.
Dans son « naïf «  commentaire, le général Olenga avoue qu’ une partie des FARDC a été formée par les Américains à Kisangani. Comment les Américains qui, à travers l’envoyé spécial des USA  dans la sous-région des Grands-Lacs, Russel Feingold , affirment sans ambages que le Rwanda est leur ami et allié, peuvent former les FARDC  contre la milice ougando-rwandaise du M23 ?  Et quand le général Olenga affirme que dans les  militaires rwandais ont combattu dans les rangs du M23 et qu’il y a eu un au front  lieutenant colonel  revenu du Darfour, il fait comme s’il ne savait pas que les rwandais partis au Darfour le sont avec l’accord US ! Et puis que font les Marines Américains à Kisangani ? Ne seraient-ils pas un détachement  de l’AFRICOM ? Et quel est l’objectif poursuivi par AFRICOM en Afrique ? Le contrôle des matières premières et la transformation de l’Afrique en simple réservoir de matières premières ! En d’autres termes, « les victoires des FARDC » pourraient permettre aux USA d’avancer sur la voie du contrôle stratégique des espaces congolais  riches en  ressources du sol et du sous-sol. Ils auraient d’autres alliés en dehors du Rwanda de Kagame et de l’Ouganda de Museveni. Et il ne serait pas exclu qu’un proche de Barack Obama, Warren Buffet, s’installe bientôt à l’Est de la RDC.
Entre les nations, nous  rétorquera-t-on, il n’y a pas d’amitié, il n’y a que des intérêts.  Eh bien, que ces intérêts soient défendus normalement à travers le commerce international dans le respect du droit international et non en organisant les génocides des peuples classifiés parmi « les déchets du monde » par des capitalistes sans scrupules travaillant avec les élites compradores sans foi ni loi des pays africains !  Et puis, soutenir cette hypothèse d’intérêts platement matérialistes sur fond de l’hypocrisie et de la guerre de tous contre tous en excluant les autres intérêts humains défendus par d’autres peuples comme les latino-américains relèverait d’un imaginaire violé par le discours dominant de l’hégémonie occidentale.
Revenons au théâtre tel qu’il est en train de se jouer ces jours-ci dans la sous-région des Grands-Lacs Africains. Quand l’envoyé spécial US rentre dans son pays, il tient une conférence au cours de laquelle il soutient que le week-end du 02 au 03 novembre, l’accord entre le M23 et le gouvernement (fantoche) congolais avait été déjà négocié et étudié dans les détails, il dément les  conférences de presse de Lambert  Mende qui, à Kinshasa, soutient, la main sur le cœur que le M23 s’étant auto-dissout, il ne signera aucun accord. Aux USA, Russel Feingold affirme, lui, qu’il devait retourner à Kampala pour participer à la cérémonie de la signature de l’accord. Et que même signé, cet accord n’allait pas résoudre les problèmes de fond : le retour et la protection des réfugiés rwandophones sur le sol congolais, la présence des FDLR en RDC, les questions foncières, etc. Et M. Feingold est convaincu qu’après la signature de l’accord, les questions fondamentales ne pourront trouver leurs réponses que si le Rwanda, l’Ouganda et la RDC se retrouvent  autour d’une même table avec les autres acteurs africains.
Et la semaine du 05 novembre 2013, une rencontre a eu lieu, dans ce sens, en Afrique du Sud.
A bien lire la conférence tenue par cet émissaire américain dans son pays le 06 novembre 2013,  la guerre d’agression et de prédation contre la RDC est de nouveau présentée comme une guerre ethnique.  Il ignore tous les rapports documentés sur cette guerre de basse intensité depuis 1994 jusqu’à ce jour.  Pour lui, les FDLR recyclés  au Rwanda, l’implication de Kagame dans le déclenchement du génocide rwando-congolais, la participation des multinationales et leurs conseils d’administration dans cette « stratégie du chaos organisé », etc. seraient des faits divers. Avec lui, Mary Robinson, est aussi convaincue que la signature de l’accord entre la kabilie et le M23 est une avancée certaine dans le processus de paix  en Afrique centrale. Comme si, préparer « les victoires des FARDC » avait un objectif précis : resservir  aux Congolais(es) une approche biaisée ou plutôt falsifiée de leur histoire de deux dernières décennies.
Cette approche risque d’être resservi tant que la balkanisation de la RDC ne sera pas devenue effective géographiquement. N’oublions surtout pas qu’au début de la guerre de basse intensité imposée Congo de Lumumba, il y a un projet de « la renaissance africaine » dont les leaders seraient (entre autres) Kagame et Museveni. Cette « renaissance » devait intégrer la création d’un grand Etat fédéral dont l’un des deux, Museveni, serait le chef. Un texte confidentiel en témoigne : « Dans son discours devant l’Assemblée générale de la Société de droit de l’Afrique de l’Est (The East Africa Law Society general assembly) du 04 avril 1997, le Président ougandais déclara : « Ma mission est d’assurer que l’Erythrée, l’Ethiopie, la Somalie, le Soudan, l’Ouganda, le Kenya, la Tanzanie, le Rwanda, le Burundi et le Zaïre deviennent des Etats fédérés sous une même nationCela n’est pas maintenant un choix, mais une obligation que l’Afrique de l’Est devienne une seule nation. Ou nous devenons une seule nation ou nous périssons. De même que Hitler fit pour unifier l’Allemagne, de même nous devrions le faire ici. Hitler était un chic type mais je pense qu’il est allé un peu trop loin en voulant conquérir le monde entier »  L’implication de la Tanzanie et de l’Afrique du Sud dans la brigade d’intervention de la Monusco aurait-elle fait douter Museveni ? L’exclusion du Burundi et de la Tanzanie du marché de l’Afrique de l’Est par le Rwanda et l’Ouganda aurait-elle fait douter la Tanzanie au point de la pousser à se replier sur le marcher de l’Afrique Australe ? La rencontre de la SADC du début de la semaine du 05 a-t-elle planifié ces différends ? Les jours, les mois et les  années à venir nous le dirons.
Disons que s’il y a une table ronde pouvant initier un début de solution à la guerre de basse intensité imposée à la RDC, c’est celle qui réunirait d’une part les Etats profonds anglo-saxons et occidentaux (avec leurs réseaux africano-asiatiques) d’une part et de l’autre, les dignes filles et fils  du pays de Lumumba afin que les intérêts des uns et des autres soient clairement définis et le mode idoine de leur assouvissement arrêté.  Or, qui dit Etats profonds, politique profonde, dit « pouvoir de l’ombre » ! Prêcher cette table ronde, peut donc être synonyme de prêcher dans le désert. Il appartient à un contre-pouvoir congolais digne de ce nom d’imaginer des issues congolo-africaine et transnationales   à cette politique profonde du pouvoir de l’ombre anglo-saxon et occidental. Le chemin est encore long…Le décryptage des enjeux doit demeurer permanent et doit être le plus possible partagé avec nos masses désinformées. L’attention à l’histoire réécrite à partir de la base doit être maintenue tous azimuts !


Mbelu Babanya Kabudi

 

INGETA.

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