• IDEES & RESSOURCES POUR REINVENTER LE CONGO

Des concertations nationales appâtées !

Des concertations nationales appâtées !

Des concertations nationales appâtées ! IN

Par Jean-Pierre Mbelu

Les concertations nationales telles qu’annoncées par Léon Kengo risquent d’être un appât, un piège tendu aux opposants-mangeurs pour freiner l’élan que la lutte d’émancipation de l’ordre impérialiste et néocolonial est en train de prendre  en RDC.
Elles risquent d’être une opération de blanchiment des criminels  opérant au sein des réseaux mafieux d’élite de prédation depuis les assassinats de Lumumba et de Laurent-Désiré Kabila jusqu’à ce jour. Pour cause. Ces concertations ont lieu au moment  où  les jeunes populations de l’Est, celles de la diaspora ainsi que celles de « Kin la frondeuse » se mettent davantage  debout  pour crier  haut et fort leur opposition à la politique hypocrite de Kinshasa et  de la communauté dite internationale.
En écoutant nos jeunes populations debout, nous nous rendons compte qu’une guerre raciste d’agression, de prédation et  de basse intensité a fini par dévoiler presque tous ses secrets.  Des réseaux mafieux d’élites  aux dimensions  nationales, africaines et internationales s’organisent  depuis les assassinats de Lumumba et de Laurent-Désiré Kabila pour piller, déstabiliser et déstructurer  la RDC en recourant  aux prétextes fallacieux, au mensonge et à la mort. Ces réseaux ont perdu les repères. Au nom de l’argent, ils ont, à force de tenir en éveil leurs bas instincts, perdu la boussole éthique[1].  Prisonniers du relativisme moral,  ils entretiennent  « la tolérance culturelle à la violence et au meurtre ». Souvent, ils opèrent en marge de la rhétorique officielle de leurs  Etats sur les droits de l’homme et la démocratie. Abrutis et/ou schizophrènes, ils cultivent  « le déni de la réalité » et de la vérité[2].
L’efficacité de ces réseaux dépend du piège de ce déni dans lesquels plusieurs citoyens du monde tombent. Sur le long terme, ils ne réussissent  à occulter de manière arrangeante leurs atrocités majeures que là où la désinformation et l’ignorance ont pris racine ; et où « la tolérance culturelle  à la violence et au meurtre »  a mangé les cœurs  et les esprits.
Néanmoins, sur le long terme, le travail des médias alternatifs et des intellectuels subversifs, empêcheurs de penser en rond, finit par  rendre le fonctionnement de ces réseaux compréhensible et partant  théoriquement inefficaces.  Ce premier pas franchi,  un deuxième reste à faire : partager ce travail avec les masses pour le populariser et les armer de façon qu’elles deviennent les démiurges de leur propre destinée. La  RDC est en train de franchir  ce deuxième pas, mains nues.
Les jeunes populations de l’Est de la RDC et  plusieurs Congolais(es)  de l’étranger ainsi que ceux de « Kin  la frondeuse » jouent un rôle majeur dans cette  lutte d’émancipation. A force de se frotter à la réalité, ils sont en train de maîtriser les tenants et les aboutissants de  la guerre raciste de basse intensité sévissant dans leur pays. Ils en connaissent de plus en plus les acteurs majeurs, les acteurs mineurs, les marionnettes  et les autres nègres de service opérant ensemble dans lesdits réseaux d’élite. De plus en plus, le mensonge ne passe plus.
Plusieurs compatriotes ont réussi à cerner certaines questions essentielles sur lesquelles ils n’acceptent plus de tergiverser. Citons-en quelques-unes : « Comment la RDC peut-elle devenir un Etat réellement autonome, jouissant de sa souveraineté économique, c’est-à-dire capable d’établir par lui-même les règles de la  production, de la distribution sociale et de la commercialisation de toutes ses ressources du sol et du sous-sol sans être soumis aux diktats des Institutions Financières Internationales, chiens de garde de la démocratie du marché néolibéral ?  Vu l’échec patent du capitalo-parlementarisme imposé de l’extérieur  dont les élections au suffrage universel sont presque toujours  des pièges à con, comment  la RDC peut-elle initier un système politique faisant participer activement ses filles et fils à  l’art de la gestion collective du vivre-ensemble  en intégrant le conflit dans une opposition maîtrisée ? Comment peut-elle  appliquer le principe d’une interdépendance responsable  dans le respect du droit  et des conventions internationales sans tomber dans la vassalité ? Comment  recréer l’alliance entre les forces armées républicaines et le pouvoir populaire  pour une auto-défense collective partagée ?, Comment peut-elle faire la vérité sur « la fausse guerre de libération » en mettent hors d’état d’agir les usurpateurs de l’identité congolaise, membres des réseaux d’élite de prédation opérant  dans les institutions congolaises jusqu’à ce jour et en amnistiant ses filles et fils égarés? »
Au sujet de l’auto-défense populaire partagée, il  faut rappeler que toutes les fois que l’ alliance entre les forces armées et le pouvoir populaire a quelque peu réussi, les filles et les filles de la RDC ont  su faire face aux criminels et prédateurs appartenant aux réseaux susmentionnés.  Citons deux exemples : au cours de  la deuxième guerre de 1998 et dernièrement quand, au Nord-Kivu, nos populations ont soutenu les FARDC commandées par Mamadou N’DALA.
Les concertations telles qu’annoncées par Léon Kengo risquent de passer à côté de la recherche permanente de réponses à ces questions essentielles (et à bien d’autres) pour satisfaire les exigeantes gloutonnes  des mangecrates  insatiables, vieux dinosaures mobutistes, nouveaux prédateurs kabilistes ou opportunistes commis au service des intérêts mesquins de Paul Kagame[3], de Yoweri Museveni et de leurs parrains.
Contourner la question de la véritable identité des « faux libérateurs  de 1997» ainsi que  celle de l’illégitimité du pouvoir issu des élections chaotiques de 2006 et de 2011, éviter de neutraliser les « chevaux de Troie » opérant au sein des institutions congolaises, ne pas répondre aux appels de nos populations de l’Est  en créant des alliances qui leur soient salvatrices, c’est passer à côté de la plaque en falsifiant notre histoire et sa réécriture ; c’est cautionner le travail de sape mener par  les « chevaux de Troie » des réseaux mafieux » qui ont pris les institutions congolaises en otage.
En écoutant certaines minorités organisées et agissantes, l’impression qui se dégage est la suivante : ces concertations vont probablement être une diversion et une farce de trop. Elles vont exploiter la prolongation de la guerre raciste de prédation (qui est aussi une guerre d’usure) pour effacer de la mémoire collective les coups d’Etat orchestrés par « les faux libérateurs  de 1997» et les crimes odieux qu’ils ont commis.
Si le Congo avait un gouvernement populaire, légal, légitime et responsable, il reviendrait sur les recettes ayant fait leurs preuves tout au long de son histoire (à l’instar de deux exemples que nous  venions de citer). Il  reverrait ses relations avec  tous  ces pays directement impliqués dans « la politique profonde » dont la guerre raciste d’agression et de prédation est l’une des  expressions. Il étudierait la possibilité de mettre fin, dans les meilleurs délais, à la mission de l’ONU. Il passerait  la meilleure partie de son temps à travailler à la popularisation du pouvoir avec les masses de nos jeunes et de nos paysans ; à la base. Les solutions immédiates comme « les concertations dites nationales »  participent de la manipulation des politicailleurs par les réseaux mafieux de  prédation. Si le Congo avait un pouvoir populaire, il instaurerait un dialogue permanent  et continu avec tous ses fils et toutes ses filles sur toutes les questions d’intérêt général. Malheureusement, il n’en est pas encore là.

 

Mbelu Babanya Kabudi

[1] Lire J. STIGLITZ,  Le prix de l’inégalité, tr. de l’américain par  Françoise et Paul Chemla, Paris, Les liens qui libèrent, 2012.
[2]Lire  P. DALE SCOTT, La machine de guerre américaine. La politique profonde, la CIA, la drogue, l’Afghanistan,…tr de l’américain par Maxime Chaix & Anthony Spaggiari, Paris, Demi-Lune,  2012.  Il est intéressant de lire Peter Dale Scott pour approfondir  la notion de « la tolérance culturelle à la violence et au meurtre » comme fruit de l’application permanente  et continue  de « la politique profonde » étasunienne  au travers des réseaux d’affaires interconnectés.  « La politique profonde » est dominée par l’ambition démesurée de dominée le monde  en entretenant « le désordre » comme  l’un des modes d’expression du capitalisme du désastre. Le litre de son livre traduit en français en 2011 est très éloquent à ce sujet : La route vers le nouveau désordre mondiale. 50 ans d’ambitions américaines.

[3] Pour approfondir le rôle joué par Paul Kagame dans les crimes liés à la prédation  en RDC, il serait intéressant de lire ou de  relire cet article :  E.S. HERMAN, D. PETERSON, Paul Kagame : « Our kind of Guy », dans www.voltairenet.org, du 02 novembre 2011. Les notes  auxquelles cet article renvoie permet de comprendre tant soit peut la tragédie des pays de l’Afrique centrale et la complicité des acteurs pléniers.

INGETA.

REINVENTONS

LE CONGO

Informer. Inspirer. Impacter.

Notre travail consiste à :
Développer un laboratoire d’idées sur le passé, présent et futur du Congo-Kinshasa.

Proposer un lieu unique de décryptage, de discussion et de diffusion des réalités et perspectives du Congo-Kinshasa.

Aiguiser l’esprit critique et vulgariser les informations sur les enjeux du Congo, à travers une variété de supports et de contenus (analyses, entretiens, vidéos, verbatims, campagnes, livres, journal).