L’heure de nous-mêmes a sonné

L’appel du Mouvement Likambo Ya Mabele pour la dignité, la souveraineté et la refondation. (Télécharger l’appel)

Nous sommes ici pour dire non

La République Démocratique du Congo, telle que nous la connaissons, est déjà partie. C’est la vérité à laquelle nous devons nous confronter pour nous engager dans la seule attitude à adopter, celle de l’insurrection des consciences et du combat pour la libération.

Ce nouveau temps de pourrissement exige des dignes filles et fils du Congo de l’intelligence, du patriotisme et du courage pour éviter de céder aux démons de la balkanisation et de l’implosion du pays, qui font partie des objectifs poursuivis par les initiateurs de cette guerre raciste de prédation et d’usure.

Après, plus de 25 ans d’extermination et de clochardisation des populations, d’abrutissement des citoyens, d’affaiblissement des institutions, et de pillage des ressources nationales, la guerre raciste de prédation et d’usure menée contre le Congo et les Congolais par les élites occidentales, à travers leurs proxys rwandais, ougandais et congolais interposés, a fait du pays de Lumumba un Etat raté, écrasé militairement, déstabilisé socialement et ingérable économiquement, qui a perdu la capacité de se reconstruire et de répondre aux attentes légitimes de ses citoyens.

La crise que nous vivons, depuis le début de l’année 2025, à Goma et dans les provinces du Kivu, illustre cette impuissance pensée et organisée de l’État congolais et s’inscrit dans ces moments d’intensification de cette guerre permanente, tels que nous l’avons connu, en 2012 par exemple. Ce rappel de l’histoire récente est une énième interpellation pour nos consciences et intelligences, individuelles et collectives.

Ce nouveau temps de pourrissement engendre les massacres, les disparitions, les déplacements de populations et le pillage de nos richesses. Il exige des dignes filles et fils du Congo de l’intelligence, du patriotisme et du courage pour éviter de céder aux démons de la balkanisation et de l’implosion du pays, qui font partie des objectifs poursuivis par les initiateurs de cette guerre raciste de prédation et d’usure.

Nous sommes ici et là pour dire non. Non, dans nos pensées, dans nos paroles et dans nos actes. Non, à cette guerre d’usure qui déstructure les esprits et les cœurs. Non à cette guerre qui détruit les enfants, la jeunesse et les familles. Non à cette guerre qui a pour but de casser notre peuple et nos solidarités, fragiliser la nation et transformer le pays en une simple réserve de matières premières.

Pour une insurrection des consciences 

La République Démocratique du Congo, telle que nous la connaissons, est déjà partie. Voilà pourquoi nous appelons à une insurrection des consciences congolaises et africaines contre l’ordre cannibale du monde, pour nous engager dans la reconquête de nos coeurs et esprits, dans la refondation d’un Etat congolais digne, responsable et souverain, et dans la rupture avec le système néocolonial et néolibéral actuel.

Il est urgent de pouvoir développer une autre approche de la politique, inventer un imaginaire alternatif, et tirer les conséquences du fait qu’on ne peut plus laisser le Congo dans les mains d’une clique d’amis, de larbins, de marionnettes, de dinosaures, de nouveaux prédateurs et de leurs thuriféraires et de leurs applaudisseurs.

Nos révoltes, colères et indignations doivent se transformer en actes politiques.

Nos cultures, nos savoirs, nos traditions, aussi diverses et riches qu’elles soient, ne seront d’aucune utilité si nous ne les développons pas dans le sens de la refondation d’un Congo qui nous donne un meilleur avenir individuellement et collectivement. Les richesses du sol et du sous-sol du Congo ne nous appartiennent pas, en tant que Congolais et n’appartiennent pas au Congo, tant que la terre Congo n’est pas récupérée et contrôlée par les Congolais. Tout comme il ne pourrait y avoir de pouvoir politique congolais sans la terre sur laquelle ce pouvoir pourra être exercé.

Tout le monde ne peut pas résister et faire face à cette guerre d’usure qui dure depuis 1996, et qui vise la fatigue de soi, le mépris de ceux qui nous ressemblent et la défaite de la raison. Nous ne devons pas critiquer et ne pouvons pas jeter la pierre à ceux qui sont fatigués.

Nous sommes conscients que nos populations, pour une grande partie, sont si clochardisées et paupérisées qu’elles passent tout leur temps à chercher à survivre, au point de ne pas être informées, au point de ne pas s’engager aux côtés des autres membres de la nation qui souffrent et sont tués.

Nous nous adressons à ceux qui veulent, peuvent et sont engagés à résister et à participer à ce combat. Il est urgent de pouvoir développer une autre approche de la politique, inventer un imaginaire alternatif, et tirer les conséquences du fait qu’on ne peut plus laisser le Congo dans les mains d’une clique d’amis, de larbins, de marionnettes, de dinosaures, de nouveaux prédateurs et de leurs thuriféraires et de leurs applaudisseurs.

Il appartient aux plus éveillés d’entre nous de pouvoir provoquer les conditions sociales, politiques, économiques et culturelles de l’émancipation politique de nos populations. Chacun doit pouvoir se battre avec les moyens dont il dispose. L’essentiel est que nous nous sentions collectivement concernés par cette lutte pour l’émancipation de notre peuple. Et qu’elle soit coordonnée.

Créons des collectifs citoyens 

La République Démocratique du Congo, telle que nous la connaissons, est déjà partie. Mais la guerre raciste de prédation et d’usure ne nous a pas détruits. Parce que ce ne sont pas les guerres qui détruisent les peuples. Ce qui peut nous détruire, en tant que peuple, en tant que nation, ce sont les pertes et l’abandon de notre dignité et de nos droits fondamentaux.

Si nous procédons de la sorte et que nous débattons des questions liées à l’avenir de notre pays, nos collectifs citoyens peuvent devenir des lieux de production de l’intelligence collective, d’apprentissage et de pouvoir.

Rester dignes et debout, avec les traumatismes causés par cette guerre raciste de prédation et d’usure ne pourrait se satisfaire des seules solutions d’arrêts des hostilités et de la justice.
Le Congo a urgemment besoin d’une thérapie collective. Et nous estimons que la création et le développement de collectifs citoyens fait partie de cette thérapie.

Nous avons besoin d’un grand mouvement citoyen capable de coordonner les luttes congolaises par-delà les couleurs ethniques et partisanes qu’elles peuvent revêtir. Mais pour cela, nous devons réformer nos esprits et nos cœurs et nous redonner confiance.

Mobiliser les collectifs citoyens à la base du pays et dans les diasporas permettra de recréer des liens de confiance, familiaux, fédérateurs et assurer la cohésion nationale et sociale. Cela permettra également d’apprendre à changer les rapports des forces par le nombre et de faire un usage solidaire des terres kongolaises pour une auto-prise en charge et pour éviter la désorientation, le déracinement, la déculturation.

Créons des collectifs. Nos villageois, partout où ils sont, créent leurs collectifs citoyens. Nos compatriotes partout où ils sont à travers le pays, créent leurs collectifs citoyens. Les congolais de Belgique créent des collectifs de citoyens congolais de la Belgique. Les congolais de France créent des collectifs de citoyens des congolais de France. Les congolais du Canada font de même. Ainsi de suite. Et tous ces collectifs s’interconnectent sans que l’on puisse d’abord dire «moi, je suis de tel parti politique, moi je suis de telle ethnie, moi je suis ceci ou cela». Non. Nous partons d’une base commune, tous citoyens et citoyennes.

Partout où nous nous retrouvons, nous constituons un pays en miniature. Ceux qui se retrouvent quelque part, et qui constituent une sorte de pays en miniature, ont leur petit lieu de concertation et de dialogue. Ensemble, travaillons à répondre à la question suivante : Qu’est-ce que nous pouvons faire ensemble pour que notre pays devienne plus beau qu’avant ?

Là, en tant que citoyens, nous allons recourir à l’expertise de certains d’entre nous. Les idées, les suggestions de ces experts citoyens seront débattues pour que cela ne soit pas le fruit de quelques experts téléguidés de l’extérieur qui viennent imposer au peuple ce qu’il doit penser. Si nous procédons de la sorte et que nous débattons des questions liées à l’avenir de notre pays, nos collectifs citoyens peuvent devenir des lieux de production de l’intelligence collective, d’apprentissage et de pouvoir. Ceux qui savent moins apprennent de ceux qui savent plus, ceux qui savent plus apprennent de questions de ceux qui savent moins, et comme cela, nous recréons une base nécessaire à la refondation du pays.

Le choix de la souveraineté…

Si nous encourageons les mobilisations populaires dans les rues du monde entier, nous invitons à la constitution des cellules et des lieux de réflexions pour l’action, que représentent les collectifs citoyens.

Mutualisons les efforts collectifs, menons des actions communes et réfléchies, conscientisons les populations au Congo et en dehors, afin qu’elles fassent le choix de la souveraineté, de la résilience et du patriotisme.

Mutualisons les efforts collectifs, menons des actions communes et réfléchies, conscientisons les populations au Congo et en dehors, afin qu’elles fassent le choix de la souveraineté, de la résilience et du patriotisme. Et qu’elles soient prêtes à défendre le Congo eu égard à la gravité de l’heure dans un pays en guerre et dont l’intégrité territoriale est menacée.

Avec le soutien de nous sœurs et frères panafricains, nous devons « montrer au monde ce que peut faire l’homme noir quand il travaille dans la liberté, et faire du Congo le centre du rayonnement de l’Afrique tout entière. »

Le temps joue contre le Congo. Nous sommes prêts.

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