Source: Réveil FM
Le brillantissime Jean-Pierre Mbelu Babanya avec sa bravitude habituelle, l’auteur de: « A quand le Congo ? » a répondu à nos 10 Questions. Dévorateur de livres, il est le premier a avoir mis à la disposition de la diaspora congolaise, la recension dès sa sortie du livre « Noir Canada: Pillage, corruption et criminalité en Afrique est un livre écrit par Alain Deneault avec Delphine Abadie et William Sacher aux éditions Écosociété en 2008 ». Sans fausse modestie, il est l’un des meilleurs entre nous. Avec ses connaissances livresques, Jean-Pierre Mbelu est abbé, philosophe et analyste politique qui fait la fierté de l’intelligentsia congolaise. Résidant en Belgique, Jean-Pierre Mbelu est conscient que la République démocratique du Congo d’aujourd’hui est au service de l’impérialisme et du néocolonialisme. Le Congo est dans une situation exceptionnelle, c’est un pays sous occupation, qui a une classe politique indigne dans son immense majorité, qui a des fils et des filles qui ont vendu leur âme pour pouvoir toucher des sous et négocier et blanchir leurs parrains. Sur sa page Facebook Les Amis de Jean Pierre Mbelu, on peut lire cette citation de Charles Bukowski, écrivain et poète américain, a mis au jour un type de littérature provocatrice et sordide empli d’émotion et de sentiments. « Le problème avec ce monde est que les personnes intelligentes sont pleines de doutes tandis que les personnes stupides sont pleines de confiance ». Jean-Pierre Mbelu Babanya est un passionné du Congo, il est le plus sollicité de nos médias patriotiques. Dans nos foras, des laudateurs loufoques payés par le régime d’imposture brouillent le vrai débat sur la RDC. Cachés derrière des claviers, des fantomas qui se octroyés de noms congolais débitent des inepties et niaiseries pour brouiller des pistes de réflexions. Heureusement, il existe encore des congolais dont l’amour de la patrie n’est pas négociable, éclairer leurs compatriotes est une mission sacrée.
1. Réveil FM International: Les trafiquants politiques ne visent que les intérêts Ventriotes, ils ne cherchent qu’à aller à la mangeoire du régime. Les politicailleurs de l’opposition ne sont-ils pas autant responsable que les politicards de la Majorité Présidentielle ?
Jean-Pierre Mbelu Babanya: Votre question utilise des mots suggérant une bonne petite réponse. »Les trafiquants politiques », »les ventriotes »et »la mangeoire du régime » indiquent qu’au Congo-Kinshasa »la politique est morte » Je parle de la politique comme art de participer à l’édification de la cité par la parole et les actions individuelles et collectives réfléchies. Elle est remplacée par »l’affairisme ». L’argent et la kleptocratie l’ont phagocytée.
Politicailleurs, ventriotes et mangéristes au service d’Alias Joseph Kabila
A quelques exceptions près, tous politicards sont des agents du statu quo. Ils sont responsable du statu quo. J’en parle dans notre livre d’entretien avec mon ami Patrick Ifonge. Il est intitulé »A quand le Congo ? Réflexions & propositions pour une renaissance panafricaine » (CongoLobilelo, 2016). J’y reviendrai dans mon prochain livre (Ingeta. Dictionnaire pour une insurrection des consciences). Il y a une urgence au Congo-Kinshasa : recréer la classe politique et réinventer la politique.
Le « Ventre » de Kambinga, plateforme ventriote par excellence pour soutenir la dictature
2. Réveil FM International: Peut-on vraiment parler de la « Dynastie Kabila » en RDC, quand on sait qu’Alias Joseph Kabila Kanambe Kazembere Mtwale n’est pas le fils de Laurent-Désiré Kabila. Un taximan catapulté sur le trône du Congo et devient milliardaire après 16 ans de vols et pillages…
Jean-Pierre Mbelu Babanya: Votre question contient sa réponse. Il n’y a pas de »Dynastie Kabila ». Le »Cheval de Troie » de Paul Kagame est un mercenaire manipulable par les forces exogènes. Il n’est pas sur »un trône au Congo ». Il s’est enfermé dans une maison à Kingakati. Il a peur des Congolais(es). Il ne trône sur rien. Son »pouvoir-os » est sans consistance tout comme son »petit trafic ».
Arrivée au Congo, sans un clou ! 16 ans après, les Kanambe Kazembere Twale sont des milliardaires
3. Réveil FM International: Pourquoi Alias Joseph Kabila n’arrive pas à faire une déclaration que « J’ai fait mes deux mandats présidentiels. Je ne me représente pas aux prochaines élections et je veux une publication de calendrier électoral maintenant » Au fait Alias Joseph Kabila n’est-il son propre prisonnier, le prisonnier de son entourage et ses mafieux lobbyistes ?
Jean-Pierre Mbelu Babanya: Alias Joseph Kabila n’avait pas de mandat électif. Les mascarades électorales de 2006 et de 2011 ont été des pièges-à-cons. Elles ont confirmé mensongèrement un choix fait au préalable à Sun City. Des témoins congolais encore en vie savent qu’il a été imposé à Thabo Mbeki d’imposer alias Joseph Kabila aux Congolais(es). Plusieurs compatriotes ont écrit là-dessus avant qu’un député français ne vienne enfoncer le clou au Parlement européen. Voici la vidéo :
Dans ce contexte, parler de deux mandats de Kabila est un abus de langage. Plusieurs d’entre nous ont acquis l’habitude de ne pas rompre avec le discours officiel même quand les preuves matérielles existent. Parler de deux mandats, c’est se mentir. Alias Joseph Kabila a un seul mandat, celui du mercenariat.Il va l’exercer jusqu’au moment où ses »maîtres » n’auront plus besoin de lui ou quand les Congolais(es), devenu(e)s une masse critique décideront de le chasser de leur pays.
4. Réveil FM International: Le drame du Kasaï est symptomatique. Après l’assassinat du chef Kamwina Nsapu et tous les crimes y compris l’assassinat de deux experts de l’ONU. Alias Joseph Kabila à Kananga a demandé aux Kasaïens de se réconcilier entre eux, n’est-ce pas cynique ? Le comble est qu’avec la guerre oubliée du Kasaï, les Kasaïens d’en haut ne pipent mot ! A la tribune de l’ONU, Joka n’a pas hésité de qualifier Kamwina Nsapu et ses partisans de « Terroristes », faut-il le croire ?
Jean-Pierre Mbelu Babanya: Alias Joseph Kabila n’a que faire avec le sens des mots. En allant à Kananga, il a fait ce que les criminels font habituellement : rentrer sue le lieu de leur crime Il voulait savoir si les kanangais vont le reconnaître comme étant le responsable de »la milice des Bana Mura ». Il n’a rien compris à »la dérision » des kanangais. Les filles et les fils de mon peuple peuvent se moquer de toi en te saluant : »Chef muoyo awu » ! Ils tournent le dos et rigolent aux éclats. Il n’y a pas de »guerre oubliée du kasaï ». Elle est documentée et archivé. Les filles et les fils de mon peuple ont un adage qui dit ceci : »Diwudiadia tshiula, ke didi umena mpusu ». (Ce n’est pas le jour où tu manges le crapaud que tu n’attrapes pas la gale!) Où voyez-vous »les kasaïens d’en haut » ?
Le chef Kamwina Nsapu assassiné à Dibaya au Kasaï par le régime d’imposture
Les politicards du statu quo sont descendus aux enfers. La diaspora congolaise et kasaïenne, elle, n’a pas baissé les bras. Elle est au front et risque de surprendre un jour. A la tribune de l’ONU, Joka n’a pas hésité de qualifier Kamwina Nsapu et ses partisans de « Terroristes », faut-il le croire ?
En tant que membre du FPR/APR, JOKA est un criminel de guerre, un criminel économique et un criminel contre l’humanité. En bon mercenaire, il a, avec la complicité de plusieurs congolais(es), instauré un régime kléptocrate au Congo-Kinshasa. L’une des critiques acerbes adressée à ce régime par Kamwina Nsapu peut être écoutée sur Internet. Elle est une revendication de la justice redistributive, un appel à la fin de l’oppression et de la répression. Kanangais d’origine, j’avais pris soin d’écouter l’adresse de Kamwina Nsapu à ses sujets.
Nous avons, aujourd’hui, une chance exceptionnelle. Les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC), bien qu’étant une machette à double tranchant, nous permettent de conserver et les textes et les paroles de plusieurs d’entre nous.
Dans une vidéo d’une cinquantaine de minutes, ce jeune chef explicite sa pensée. Il dit ce qui l’a conduit à constituer »un groupe de résistants ». Il souhaitait que »matuku a miadi, tunyinganyinga, miadi ne diela dia meji bisangane kujika ».
Il souhaitait que l’oppression, la répression, la trahison interne et le manque de justice distributive prennent fin.
Le manque de respect à l’endroit des hommes et femmes de son peuple ainsi que la confiscation des richesses kasaïennes et congolaises par une minorité de 1% de compatriotes (dont certains chefs coutumiers) et d’étrangers ont été les objectifs de sa lutte. Tout en déplorant les pertes en vie humaine, l’écoute de cette vidéo et d’un autre élément sonore prouvent à suffisance que la capacité de mobilisation de Kamwina Nsapu a fait peur aux vassaux du »conglomérat d’aventuriers » ayant pris le Congo-Kinshasa en otage à partir de Kinshasa. Quelles sont les questions qu’il soulève ? Il y a la vassalisation des chefs des terres coutumières par ce même »conglomérat ».
Il y a aussi les difficultés liées à l’accès au minimum vital : le sel (luepu), la lumière (kapia), l’eau (mayi), le manger (bia kudia). Et tout l’argent que produit le pays va au Rwanda, en Ouganda, en Tanzanie et au Burundi pendant que les filles et les fils du pays manque le minimum requis. Kamwina Nsapu remarque que depuis que le Congo-Kinshasa existe, les militaires, les policiers, les députés, les sénateurs et les autres politiciens n’ont pas pu répondre à ces questions basiques. D’où l’idée qu’il a eue de créer un »Mouvement politico-coutumier » à partir de la base pour »effacer tout le mal » de ses terres.
Après avoir écouté Kamwina Nsapu et vu ses adeptes résister sur terrain, je peux soutenir que la qualification de »terroristes » est une criminalisation de la résistance congolaise sous toutes ses formes par »un pyromane ». Depuis le 02 août 1998, tous les mouvements de résistance contre l’occupation ougando-rwandaise au Congo-Kinshasa ont été classifiées parmi les forces négatives pour justifier le soutien »international » aux occupants. La criminalisation de la résistance congolaise est une trait de la stratégie du chaos et du mensonge utilisée par les proxies de la guerre raciste de prédation et de basse intensité menée contre l’identité congolaise.
Mamadou Ndala, héros national contre les criminels du M23
Voici la tombe de Mamadou Ndala au cimetière de Kintambo à Kinshasa
De là à croire que je partage les excès (et une certaine naïveté) des adeptes de Kamwina Nsapu, il y a un pas qu’il faudrait se garder de franchir. Moi, je suis pour la théorisation préalable de toutes nos actions de résistance. De ce point de vue, je crois que la mort précoce de Kamwina Nsapu a provoqué des débordements incontrôlables et une certaine chasse aux sorcières ouvrant des brèches aux tueurs tutsis opérant au cœur des milices de la kabilie. Examinant la réaction de ces milices, un rapport du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme l’a jugée plus féroce.
Il qualifie »la Garde dite Républicaine » d’alias Joseph Kabila de »milice »(http://www.jeuneafrique.com/463828/politique/rdc-la-milice-bana-mura-plus-feroce-que-les-kamuina-nsapu-dans-le-kasai-selon-lonu/). Il parle de »la milice de Bana Mura ». Ce n’est pas »un lapsus linguae ».
La Garde Prétorienne d’Alias Joseph Kabila: « Bana Mura », des soudards, habitués à enfiler un pantalon Jeans en dessous de leurs treillis et donc enclins à décamper au premier coup de feu, en plus d’être d’invétérés pillards et des violeurs dont l’éthique et le respect des droits humains n’est pas le point le plus fort
Ces »Bana Mura », par leur mode opératoire, sont une milice au service du »Cheval de Troie » du Rwanda, le mercenaire alias Joseph Kabila. Une preuve est donnée aux plus naïfs d’entre nous qui, souvent, parlent de l’armée congolaise et des forces de sécurité. Il n’y en a pas au Congo-Kinshasa. Il y a une association de plusieurs milices au service de la destruction de l’identité congolaise et de l’extermination des Congolais(es), toutes les tribus et ethnies confondues. Alias Joseph Kabila ne peut mentir qu’à ceux qui ne se documentent pas sur son mercenariat. Il est l’un des pires terroristes que les Grands Lacs Africains auront connu.
J’ai la chance de suivre l’actualité congolaise au quotidien et de participer, avec les miens, à la réécriture de notre histoire collective et à la remise en question du »discours officiel ». Donc, là, je procède à la déconstruction du »discours officielle » du »Cheval de Troie » du Rwanda.
Edouard Mokolo Wa Pombo, Dinosaure Mobutiste et chef impénitent des barbouzes, il est le cerveau qui travaille pour sauver le régime d’Alias Joseph Kabila
5. Réveil FM International: La transition sans Kabila est-elle une vue de l’esprit ? Quelles sont les préalables pour sa réalisation ? Tout le monde s’accorde que les acteurs de la Transition ne pourront jamais être candidats aux élections qu’ils vont préparer…
Jean-Pierre Mbelu Babanya: Tout le monde, c’est qui ? Une transition après quoi ? Vous savez, je m’inscris en faux contre cette lecture de notre histoire collective qui consisterait à croire que le pays a connu des élections en 2006 et en 2011. Et que le mandat du »Cheval de Troie du Rwanda » ayant touché à sa fin depuis 2016, il est souhaitable qu’une transition soit organisée, etc. Non. Je ne lis pas notre histoire sur ce registre-là.
Je suis convaincu que depuis l’assassinat de Lumumba, le Congo-Kinshasa connaît »un coup d’Etat permanent » et que des Congolais(es) ayant de la voyance doivent coaliser pour un mettre fin en travaillant avec des masses populaires afin de créer des contre-pouvoirs aux »nouveaux cercles de pouvoirs » ayant entretenu ledit »coup d’Etat ».
Alias Joseph Kanambe Kazembere Mtwale est déterminé à faire un troisième mandat !
La question n’est pas d’abord électorale. Non. Elle est celle de la refondation de l’Etat et de l’accession de notre pays à sa souveraineté politique, économique, culturelle, sociale, spirituelle et environnementale. Au lieu de parler de »transition », je préfère parler de »rupture » avec l’ordre néocoloniale imposée au pays depuis l’assassinat de Lumumba. Cette démarche de rupture est plus exigeante.
Au sujet de ce qui se passe dans notre pays, nous n’utilisons pas toujours les mêmes mots. Comment voulez-vous que je parle de »transition » là où »la politique est morte », là où il y a affairisme, crime, prédation, etc. Je suis du côté de ceux qui prônent »la révolution-rupture ». Rupture avec l’ordre néocolonial et néolibéral.
6. Réveil FM International: Ne risquons-nous pas de nous retrouver le 31 décembre 2017 avec un Alias Joseph Kabila et ses apparatchiks plus forts que jamais? Au Togo, on voit un peuple qui se lève. En RDC, où sont les leaders capables de réveiller et lever le peuple ? Tous les opposants sont-ils vraiment à la mangeoire joséphiste ?
Jean-Pierre Mbelu Babanya: Alias Joseph Kabila et ses apparatchiks sont des vassaux de l’ordre néocolonial. Ils ne sont pas aussi forts que plusieurs d’entre nous le croient. Ils ont perdu le sens de la fierté et de la dignité. Ils ont perdu le fierté d’être soi. Ils savent que »Rome ne paie pas toujours ses traîtres ». Le 31 décembre 2017 n’est pas une date fatidique pour »les résistants congolais ». Eux savent que ce n’est pas uniquement contre Alias Joseph Kabila et à sas apparatchiks qu’ils se battent. Ils savent que ces »acteurs apparents » jouissent encore du soutien des »acteurs pléniers » tapis dans l’ombre. Ils savent qu’une bonne éducation et formation citoyenne pourraient, à moyen et à long terme conduire les masses populaires à se réapproprier notre histoire collective. Il y a une exigence à laquelle les minorités organisées en conscience , co-structurantes et organiques doivent répondre sur le temps long : créer, inventer au Congo-Kinshasa une masse critique. Une fois née, celle-ci sera capable de porter sa lutte sur le moyen et long terme. Elle pourra aller au-delà du 31 décembre 2017 dans cette lutte pour la souveraineté congolaise. Le Congo-Kinshasa n’a pas besoin d’opposants à un ordre mercenaire officialisé par »les maîtres du monde ». Il a besoin des résistants, des révolutionnaires et des masses populaires convertis en »démiurges » de leur propre destinée. Cette opération de conversion ou de re-conversion prend du temps. Elle nous exige que nous ne puissions pas confondre la vitesse avec la précipitation.
7. Réveil FM International: Avec tous les crimes qui se sont commis sur notre sol, les congolais espèrent qu’il faudra réhabiliter la Commission Vérité, Réconciliation et Réparation , qu’en pensez-vous ?
Jean-Pierre Mbelu Babanya: Cette question fait partie de mes analyses éthico-politiques. Je suis d’avis que la guerre menée contre notre pays et »le coup d’Etat permanent » qui lui est fait obéissent à »la stratégie du chaos et du mensonge » Au cours de notre histoire collective, le mensonge a souvent pris l’ascenseur et la vérité, l’escalier (pour paraphraser Koffi Olomide). Au cours de cette histoire, certains documents déclassifiés et témoins vivants ont fini par apporter leur part de vérité sur la place publique. Je suis de ceux qui estiment que le reconstruction du Congo-Kinshasa devrait prendre appui sur »une éthique reconstructive » dans sa double dimension d’éthique de responsabilité assumant notre passé commun et d’éthique de réconciliation orientée vers l’avenir. Les élites compradores congolaises ont pactisé avec »la stratégie du chaos et du mensonge ». Elles devraient répondre de leurs forfaits afin que le pays se reconstruise sur des bases saines ; sur des bases justes. L’impunité est une offense à l’endroit de l’identité congolaise. Elle doit être combattue. Les personnes et les familles meurtries, victimes des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et des crimes économiques ont besoin de pouvoir les mettre en récit, de les partager pour en être guéries. Une réparation, même symbolique, peut les aider à retrouver le goût de la vie.
Se réconcilier et dire »plus jamais ça » peut aider à rebâtir notre pays dans la paix et la dignité. J’en appelle donc, après la libération de notre pays des forces exogènes, de procéder, entre autres, à la mise sur pied d’une Commission Justice, Vérité et Réconciliation. Oui. La libération du pays des forces négatives d’occupation devrait être un préalable indispensable à tout autre démarche éthico-politique.
La Cenco roulée dans la farine par Alias Joseph Kabila
8. Alias Joseph Kabila Kanambe Kazembere et sa bande ont réussi à rouler tout le monde dans la farine y compris la CENCO. On sent que la colère commence à monter mais on ne voit encore rien. La cocotte minute-RDC ne risque-t-elle pas d’exploser un jour ?
Jean-Pierre Mbelu Babanya: Non. Le mensonge ne dure jamais beaucoup plus longtemps qu’on est parfois tenté de le croire.Alias Joseph Kabila et sa bande se sont roulés eux-mêmes dans la farine. Obéissants à »la stratégie du chaos et du mensonge », ils ont été incapables de tenir à certaines de leurs promesses faites sur la place publique. Quelques exemples. »Le Président de la République m’a dit qu’en 2016, il y aura un passage civilisé de pouvoir entre un Président sortant et un Président entrant. » »J’ai donné ma parole d’officier ». »La constitution est sacrée » ; etc.
En politique comme dans la vie courante, il y a l’élément »confiance » dont il faut tenir compte. Elle naît et s’entretient là où il y a respect de la parole donnée et des engagements pris.Ne pas respecter la parole donnée, mentir honteusement diminue son »capital symbolique ». Cela se paie un jour ou l’autre. Dans le cas d’Alias Joseph Kabila et sa bande, je peux soutenir qu’un croyant rouler tout le monde dans la farine, ils confirment leur option du départ : recourir au chaos et au mensonge pour occuper le Congo-Kinshasa, voler ses richesses, tuer ses fils et filles, chercher à le conduire à son implosion, etc.
Oui, la colère monte. Elle va finir par exploser. La répression et l’oppression ont des limites que »les minorités organisées en conscience finissent par ne pas accepter. Et si, à ce moment-là, elles réussissent à coaliser avec les masses paysannes, les jeunes et les femmes politisés, elles peuvent infliger une sérieuse défaite aux mercenaires.
Le pasteur Joseph Mukungubila
28 mai 2015. Des prévenus lors du procès des adeptes du pasteur Mukungubila par le tribunal militaire de garnison de la Gombe siégeant à la prison militaire de Ndolo à Kinshasa
9. La vidéo du carnage des adeptes à Lubumbashi du Pasteur Joseph Mukungubila circule dans les réseaux sociaux. C’était le lundi 30 décembre 2013, massacre avec une cruauté obscène…Les cadavres, les presque morts, même les instruments de musique rien n’a été épargné. Le régime a profané l’Eglise…
Jean-Pierre Mbelu Babanya: Sur la guerre menée contre notre pays, il y a un livre de Pierre Péan intitulé »Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique ». Le carnage des adeptes du Pasteur Joseph Mukungubila est »un morceau » de cette guerre perpétuelle. Les de Kamwina Nsapu, de Joseph Mukungubila ou de tout autre fils du pays qui se lèvent contre les forces d’occupation subissent le même sort : le carnage impuni. Vous comprenez pourquoi, je suis de ceux qui pensent que toute action à mener chez nous doit être théorisée. Les acteurs doivent savoir, entre autres, ce qui nous est arrivé depuis les années 1960, contre qui nous luttons et réfléchir sur l’efficacité de nos méthodes, tactiques et stratégies de lutte. Ils doivent apprendre à identifier l’ennemi, ses alliés, ses vassaux et/ou ses nègres de service.
« A quand le Congo ? » de Jean-Pierre Mbelu
10. Le régime dictatorial, sanguinaire et criminel de Kinshasa avec ses casseroles retentissantes sur les violations massives des droits de l’homme, postule à présider le conseil des droits de l’homme…Ce n’est plus du cynisme, ni du toupet mais de la sorcellerie ?
Jean-Pierre Mbelu Babanya: Je vais peut-être vous surprendre. Qui orchestre »les guerres secrètes » à travers le monde ? Qui a tué Kadhafi ? Qui a livré Laurent Gbagbo à la CPI sans mandat d’arrêt ? Que faisait les forces de l’ONUCI en Côte d’Ivoire ? Qui a détruit l’Irak en recourant au mensonge sur sa possession des armes de destruction massive ? Qui soutient »le terrorisme » en Syrie ?
Il n’y aurait peut-être pas de violations massives des droits de l’homme au Congo-Kinshasa si la guerre livrée contre ce pays n’était pas »un morceau » des »guerres secrètes des grandes puissances en Afrique ». Il n’y aurait peut-être pas autant de violation des droits de l’homme au Congo-Kinshasa si les droits collectifs étaient respectés par »les grandes puissances ». Il s’agit, entre autres, du droit à l’autodétermination, de l’égalité souveraine et non-ingérence dans les affaires internes d’un Etat tiers. L’idéologisation du droit-de-l’hominisme par »les grandes puissances » participe de »la stratégie du chaos et du mensonge ».
Elles brandissent le non-respect des droits de l’homme dans les pays dont elles veulent s’emparer des énergies (pétrole et gaz) et les matières premières stratégiques (or, coltant, cobalt, etc.) Que »le régime de Kinshasa » préside le conseil des droits de l’homme, il n’y a rien de sorcier ; d’autres régimes sanguinaires et criminels l’ont déjà fait et le font encore. Mais, notre imaginaire violé les classifie parmi »les Etats civilisés » et respectueux des droits de l’homme.C’est cela qui est tragique et sorcier. Que plusieurs d’entre nous ne puisent pas se démarquer du »discours officiel » classifiant les pays en questionnant les faits. Ceci est tragique et sorcier. Les curieux peuvent aller lire »L’Occident terroriste. D’ Hiroshima à la guerre de drone » de Noam Chomsky et André Vltchek ou »Crime sans châtiment » de Jean-Loup Izambert. Notre imaginaire violé ne sait pas qu’ailleurs, au cœur de »grandes puissances », un Edgar Morin pense que »Le temps est venu de changer de civilisation » (Paris, L’aube, 2017).